Apprentissage

Covid-19 : quel impact sur les CFA ?

Le 20/07/2020
par Samira Hamiche
Moins d'apprentis, des sections et des formations menacées de fermeture, une trésorerie affaiblie... Selon une enquête de la Fnadir, les Centres de formation d'apprentis risquent d'être impactés à retardement, soit fin 2020 - début 2021.
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apprenti en menuiserie

La Fnadir (Fédération Nationale des Associations Régionales de Directeurs de Centres de Formation d'Apprenti) s'est récemment associée au cabinet ORCOM pour évaluer l'impact du COVID 19 sur la situation financière prévisionnelle 2020 des centres de formation d'apprentis (CFA).

Réalisée à partir d'un questionnaire adressé aux CFA adhérents à la Fnadir le 18 mai dernier (61 répondants), l'enquête vise précisément à quantifier les conséquences de la crise sanitaire, afin d'apporter au ministère du Travail des pistes concrètes pour un plan de relance de l'apprentissage. Les dirigeants de CFA "ont une attente forte" vis-à-vis de ce plan, souligne la présidente de la Fnadir, Roselyne Hubert.

Crise de confiance et ressources fragilisées

L'enquête apporte un premier éclairage sur les effets de la réforme de l'apprentissage (loi "Avenir Pro"). En 2019, les effectifs des CFA participant à l'enquête ont augmenté de 4% par rapport à 2018. L'an dernier, le coût moyen par apprenti s'est établi à 7.823 euros. Tous secteurs confondus, les CFA ont joué le jeu en faisant évoluer leur offre de formation (+10% de nouvelles formations). Fin 2019, 45% des CFA étaient excédentaires, 22% déficitaires et 33% à l'équilibre. 

Néanmoins, comme l'analyse Roselyne Hubert, les impacts de la crise sanitaire "se feront surtout sentir fin 2020 et 2021". À date, l'étude Fnadir / Orcom estime entre -10 et -30% la baisse des pré-inscriptions. En projection, l'effectif d'apprentis pourrait ainsi chuter de 12% fin 2020.

À cette crise de confiance s'ajoutent les pertes de ressources occasionnées par la Covid-19 : -10% environ, amplifiées par une augmentation des coûts de +2% selon de premières estimations. Si à ce jour la trésorerie des CFA est relativement épargnée grâce au paiement des contrats en stock par les OPCO, une dégradation de -32% est redoutée pour fin 2020.

De façon générale, la dynamique des CFA a été remise en question pour 50% à 60% des établissements : risque de fermetures de sections, abandons d’ouvertures de formations, restructurations de CFA, ou encore reports de projets d’investissement.

Simplifier et alléger 

Au regard de cette étude, la Fnadir a soumis au ministère du Travail une série de propositions. Parmi elles figurent deux principales mesures : la création d'un amortisseur financier et la simplification des démarches administratives. Consécutivement à la réforme de l'apprentissage, les CFA ont en effet dû encaisser une augmentation de charges estimée à 15 millions d'euros.

"Les marges de manœuvre des CFA sont limitées au regard de la situation des reports de taxe d'apprentissage constatés", note Estelle Collet, associée expert-comptable et commissaire aux comptes ORCOM. "Cette situation financière est insuffisante pour servir d'amortisseur si les effectifs apprentis sont en dessous de la rentrée 2019", poursuit-elle. "Il est important que les versements des OPCO soient plus fluides et harmonisés (...) afin de répondre aux demandes des CFA. Je recommande aux CFA d'actualiser leurs prévisions budgétaires et de trésorerie afin d'appréhender au plus tôt les éventuelles difficultés à venir et de solliciter toutes les pistes de financement complémentaire", commente-t-elle par ailleurs.

>> L'étude dans son intégralité

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