Rencontres de l'U2P

Indépendants : l'heure du renouveau a sonné

Le 26/10/2017
par Samira Hamiche
Les 25 et 26 octobre, l'Union des entreprises de proximité (U2P) a réuni ses membres pour débattre des questions qui agitent les indépendants. Invité à clôturer ces rencontres, Edouard Philippe a tendu la main aux entreprises de proximité, avec lesquelles il entend instaurer durablement "une relation de confiance".
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Rencontres U2P 2017Paris, Palais Brongniart, 26 octobre 2017. Invité par l'U2P, Edouard Philippe a rappelé l'engagement du gouvernement en faveur des entreprises de proximité.

Le syndicalisme patronal doit-il se moderniser ? Quelle protection sociale pour demain ? Comment tirer profit du numérique pour développer son entreprise ? C'est autour de ces trois axes qu'ont débattu des acteurs et observateurs du monde de l'entreprise, dans le cadre des Rencontres de l'U2P (Union des entreprises de proximité), organisées les 25 et 26 octobre à Paris, au Palais Brongniart.

Pour clôturer ces journées d'échanges, l'U2P a convié le Premier ministre, Edouard Philippe, à répondre aux préoccupations du secteur. La veille, c'est le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, qui est venu défendre le Plan entreprises présenté le 23 octobre et redire son soutien aux artisans et aux professionnels libéraux.

L'U2P salue "la méthode"

A quelques ajustements près, l'U2P s'estime satisfaite des mesures engagées par le gouvernement depuis juin dernier. "Nos entreprises ont trop souvent été oubliées des politiques publiques, plus souvent tournées vers les grands groupes", a ainsi posé Alain Griset. 

Le président de l'organisation dit avoir "noté un changement d'attitude" de la part de Matignon, saluant la "méthode" employée pour construire les réformes de la rentrée. L'U2P considère ainsi que ses demandes relatives à la réforme du Code du Travail "ont été prises en compte" et "permettront d'embaucher".

L'organisation reste toutefois en veille sur certains sujets tels que la réforme de l'apprentissage, la suppression du RSI, la micro-entreprise (que l'U2P souhaite rebaptiser "régime simplifié"), le comportement jugé "vexatoire" des administrations ou encore l'extension de l'assurance-chômage aux indépendants. Sur ce dernier point, l'U2P craint un "effet d'aubaine", qui viendrait gonfler les rangs de Pôle emploi. "Nous rejetons l'idée de la création d'un statut de travailleur indépendant... dépendant", a ainsi ironisé Alain Griset.

"Nous ne demandons pas un régime de faveur, mais un environnement fiscal et social adapté à nos entreprises", a conclu le président de l'U2P.

Matignon s'implique

De son côté, Edouard Philippe a exprimé son engagement auprès des indépendants, en commençant par saluer le nom de l'organisation-hôte. "Union des entreprises de proximité : ce sont des termes particuièrement bien choisis ; vos entreprises créent du lien social, une notion absolument essentielle", a jugé le chef du gouvernement. 

"Notre objectif, c'est de vous inciter à embaucher", a posé Edouard Philippe. "C'est la première fois qu'une réforme du droit du travail fait une place aussi particulière aux petites entreprises", a-t-il fait remarquer, tout en nuançant la portée de cette réforme sur "le problème lancinant du chômage élevé".

Redorer le blason de l'apprentissage

Selon le Premier ministre, certains "chantiers" sont "plus importants que celui du droit du travail", qui ne suffira pas à générer de l'emploi. "Il faut attaquer le problème de tous les côtés... pour recruter, il faut que le droit soit simple, que le carnet de commandes soit plein et il faut trouver les bonnes personnes, qui soient bien qualifiées ou qui sachent apprendre", a-t-il ainsi lancé.

En tête de gondole de ces dossiers figure l'apprentissage. Dans l'optique de le revaloriser, Edouard Philippe a ainsi intégré le ministère de l'Education nationale à la future réforme. Une première... "Il n'y a pas de solution sans travail en commun", a-t-il argumenté.

Au passage, le chef du gouvernement a salué l'action de communication du FNPCA, "un outil utile", qui devrait bientôt être financé "par un dispositif privé".

Droit à l'erreur et dialogue plus étroit

Sur les autres points de vigilance retenus par l'U2P, Edouard Philippe s'est voulu rassurant. Le Premier ministre a assuré que la suppression du RSI au 1er janvier 2018 serait "neutre" et sans surcoût pour les indépendants.

Autre terrain prioritaire : la simplification administrative. Un projet de loi sur le "droit à l'erreur" sera ainsi présenté en Conseil des ministres avant la fin de l'année, "pour instaurer une relation de confiance entre les administrations et les usagers" et "permettre d'échapper à une sanction administrative" en cas de première méprise.

Sur le plan du numérique, le gouvernement tend aussi clairement la main aux petites entreprises. Edouard Philippe a confirmé le lancement d’une mission en faveur de la numérisation des TPE PME. Confiée à l’ancien Président de l’ordre des experts-comptables Philippe Arraou, sous le haut patronage du Secrétaire d’Etat au Numérique Mounir Mahjoubi, cette mission visera "à mobiliser tous les partenaires, qu’ils soient publics ou privés (...) pour accompagner et financer les premiers pas numériques et la transformation digitale des TPE PME".

Enfin, Edouard Philippe a incité l'U2P à l'"inviter à intervalles réguliers". "Je veux que le changement de logique se fasse dans le temps", a conclu le Premier ministre. A bon(s) entendeur(s)...

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