Croissance

Les TPE font de la résistance

Le 06/05/2019
par Samira Hamiche
La Fédération des Centres de gestion agréés (FCGA) et Banque populaire ont présenté les chiffres de L’Observatoire de la petite entreprise, qui indiquent une relative stabilité du marché de proximité en 2018.
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Ensemble de fromages et saucissons secs à la coupeEn 2018, charcutiers, fromagers et primeurs ont réussi à maintenir le cap.

La Fédération des Centres de gestion agréés (FCGA) et Banque populaire ont dévoilé le 30 avril les chiffres de L’Observatoire de la petite entreprise. Menée chaque année, cette étude passe au crible des données empiriques (liasses fiscales représentatives du chiffre d'affaires réel) issues des 17.000 entreprises adhérentes au réseau des Centres de gestion agréés (CGA) : artisans, commerçants, prestataires de services et professions libérales (quasi intégralement des entreprises individuelles).

Stabilité globale

En 2018, près d'1 commerce de proximité sur 2 (49 %) a vu son chiffre d'affaires augmenter. L'indice général de croissance s'établit à - 0,8 % par rapport à l'exercice précédent (en 2017, il était de - 1 % par rapport à 2016). Un contexte de stabilité, freiné par les mauvaises performances du bâtiment (lire plus bas).

Malgré cette tendance négative, les entreprises de proximité "semblent progressivement reconstituer leurs chiffres d'affaires et résistent bien au ralentissement de la croissance nationale", commente Yves Marmont, président de la FCGA. Selon l'expert-comptable, "le mouvement de reprise entamé en 2017 se confirme, même si l'activité évolue à un rythme encore lent". Les TPE françaises ont de nouveau "prouvé leur capacité d'adaptation et de rebond", note Yves Marmont.

L'alimentaire en bonne santé

Une fois de plus, ce sont les commerces alimentaires qui tirent leur épingle du jeu et montrent une nette progression. "Il s'agit du secteur qui a le mieux résisté à la crise et même, en a tiré profit", analyse Nasser Negrouche, rédacteur en chef de L'Observatoire de la Petite entreprise. "Les consommateurs reviennent aux commerces de quartier, adoptent des modes de consommation raisonnés et adaptés à leur budget : pas de gigantisme, souci de la juste proportion, de la qualité et de la traçabilité... Autant de comportements générés par la crise de 2008", ajoute le spécialiste.

La charcuterie est la branche ayant le plus progressé (+ 2,3 %), "grâce notamment aux efforts de la profession pour fournir des produits plus sains et à une meilleure communication", remarque Yves Marmont. Les émissions culinaires contribuent également au succès de la filière, en valorisant le raffinement des préparations.

Mais le tableau n'est pas tout rose... Du fait de la redoutable concurrence des grandes surfaces dans ces domaines, deux branches de l'alimentaire montrent des faiblesses : la boulangerie-pâtisserie (- 0,1 %) et la poissonnerie (-1,7 %). 

Le bâtiment à la peine

A contrario de l'alimentaire, l'artisanat du bâtiment a connu une dégradation régulière l'an dernier. Le volet entretien-rénovation a particulièrement souffert de la tendance "do it yourself" (DIY), les particuliers assurant eux-mêmes les petits travaux. La FCGA estime qu'il s'agit d'un des secteurs "les plus touchés par la concurrence des auto-entrepreneurs". Cette mauvaise performance du bâtiment explique la baisse de l’indice global : en effet, les artisans du bâtiment représentent environ 1/3 des entreprises adhérentes aux CGA.

L'équipement de la personne (habillement, horlogerie-bijouterie) a également accentué ses pertes. Entre autres causes, explique Nasser Negrouche, "l'offre du marché de l'occasion, de seconde main, qui se structure depuis quelques années comme un véritable marché" et séduit de nombreuses franges de consommateurs soucieux de ne pas se ruiner tout en préservant l'environnement.

Qui est "in", qui est "out" ?

En 2018, cinq secteurs ont enregistré une croissance de leur chiffre d'affaires. Ce sont les transports (taxis, ambulances) qui caracolent en tête du classement, avec un CA en hausse de 2,5 %. Suivent :

  • les métiers de la santé (optique, pharmacie) : +1,6 %
  • le commerce de détail alimentaire : + 0,6 %
  • les cafés, hôtels et restaurants : + 0,5 % 
  • la vente et la réparation automobile : + 0,5 %.

En parallèle, trois secteurs ont sensiblement amélioré leur performance en 2018 : la beauté-esthétique, la vente culture / loisirs (grâce à la diversification et à l'offre en ligne) et l'équipement de la maison.

Quatre secteurs enregistrent des baisses notables de CA :

  • l'équipement de la personne (détaillants en chaussures, vêtements pour enfants, horlogerie-bijouterie, prêt-à-porter, maroquinerie) : - 4,9 %
  • l'artisanat du bâtiment : - 1,7 %
  • les services : + 0,3 % 
  • les entreprises de parcs et jardins : + 1,7%

Palmarès 2018 par métier

L'étude FCGA-Banque Populaire établit également un hit-parade des professions.

Top 3 des métiers en forte progression :

  • les taxis : + 4,3 % (contre + 0,7 % en 2017)
  • la charcuterie artisanale : + 2,3 % (-0,5% en 2017)
  • les détaillants de fruits et légumes : + 2,1 % (- 3 % en 2017)

Top 3 des métiers dans le rouge : 

  • les boutiques de prêt-à-porter : - 5,6 % (- 2,2 % en 2017)
  • les détaillants de chaussures : - 5,2 % (-1,3 % en 2017)
  • les commerces de cycles et scooters : - 4,8 % (+ 4,5 % en 2017)

Quid du mouvement des Gilets jaunes ?

L'impact réel du mouvement sur le commerce de proximité est "très difficile à quantifier", estime Yves Marmont. Néanmoins, quelques signes de faiblesse ont pu apparaître au premier trimestre dans certaines régions, comme le montre une récente étude Altares (qui pondère toutefois ses résultats par rapport à 2018). "Les difficultés du secteur du bâtiment pèsent beaucoup sur les chiffres, ce qui les rend complexes à interpréter à court terme", analyse le président de la FCGA. L'organisme prévoit une croissance très modeste pour les commerces de proximité en 2019 : - 0,3 % selon ses projections, dans un contexte d'incertitude on ne peut plus notable...

>> Consulter l'étude en ligne sur le site de la FCGA.

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