Transmission

Albane Ceyrat : l'art de tisser des vocations

Le 25/04/2024
par Julie Clessienne
La tisserande Albane Ceyrat a la fibre. Fibre artistique d’abord, transmise par des aïeux sensibles à la beauté des arts et du geste. Fibre de la transmission aussi. Aux prémices de sa vie d’entrepreneuse, à 27 ans seulement, elle éveille les collégiens à la pratique artisanale.
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École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, académie royale des beaux-arts de Bruxelles, Royal College of Art de Londres... Un parcours sans accroc pour Albane Ceyrat.

Passionnée par l’artisanat avec un grand A, initiée en premier lieu à la sérigraphie, l’étudiante d’alors s’oriente rapidement vers le tissage « avide de comprendre la technique, les étapes nécessaires pour confectionner la matière ».

Une première expérience au sein de l’équipe textile chez Alexander McQueen conforte sa vocation. Son contrat terminé, retour en France, chez elle, dans l’Essonne. Albane lance son propre studio de design et de tissage axé décoration d’intérieur et métiers d’art avec l’ambition de collaborer, à terme, avec des décorateurs et des architectes.

Un grand saut en solitaire qui lui donne vite l’envie d’aller vers les autres. « Je suivais avec intérêt les activités de l’association "De l’or dans les mains" sur les réseaux sociaux. Ils recherchaient des intervenants : j’ai rejoint l’équipe en novembre dernier. »

Un élan qui comble son envie de transmettre, de sortir de son atelier, de rencontrer d’autres artisans, aussi.

Ouvrir des perspectives

Une fois par mois en moyenne, Albane embarque son métier à tisser. Direction le collège de Sèvres, tout proche, pour inoculer l’amour du geste et de la matière à des élèves de 4ᵉ, sur une matinée ou une journée entière.

« Le fonctionnement est souple. Je peux anticiper, car je suis mobilisée en amont. Hormis la première séance qu’il a fallu plus préparer, je suis désormais bien rodée. »

L’atelier, en lien avec le programme scolaire, est coconstruit par l’établissement, l’association et les artisans intervenants, carnet pédagogique à l’appui.

« Le fait d’appliquer, de manipuler, de voir... vient compléter les enseignements théoriques. Calculer le nombre de fils nécessaires selon la densité du tissu voulue, ce sont des mathématiques. Prouver que le tissu nous entoure, qu’il trouve ses applications dans le médical, les transports et pas seulement dans la mode... cela leur ouvre des perspectives ! »

Du côté des collégiens, la tisseuse l’affirme : « La curiosité et l’envie d’expérimenter sont là. » Preuve que lorsque l’on a la fibre, le courant passe bien.

En savoir plus 

Créer des liens entre programmes scolaires et pratique artisanale est la vocation de cette association fondée par Gabrielle Légeret. Dans les collèges participants, chaque jeune bénéficie d’un parcours d’initiation de quinze heures, articulé entre temps en classe, pour aborder les outils pédagogiques, et pratique avec une dizaine d’artisans venus d’horizons variés (fabrication, bâtiment, métiers de bouche ou d’art). Tous sont rémunérés 130 € par demi-journée (260 €/jour) et leurs frais de matériaux et de déplacement remboursés. Un membre de l’association est à leur disposition pour élaborer avec eux leur atelier.

Pour rejoindre les 600 artisans-intervenants du programme « Je découvre les métiers de la main » : c'est par ici

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