Prestige

JO Paris 2024 : les médailles ont été confectionnées par la Maison Chaumet et la Monnaie de Paris

Le 09/02/2024
par Cécile Vicini
Les quelque 5.000 médailles sont le fruit d’un savoir-faire et de techniques séculaires d'exception, dont seuls les artisans ont le secret...
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À la fois symbole d’excellence, source de motivation, de dépassement de soi et d’accomplissement ultime, les médailles sont bien plus que de de simples objets : elles portent des valeurs intimes pour chaque sportif.

Les organisateurs ont confié l’objet le plus convoité des athlètes aux savoir-faire à des artisans français de prestige. De l’atelier de la Maison Chaumet à celui de la Monnaie de Paris, les médailles des Jeux de Paris 2024 ont été imaginées et fabriquées en France. Elles seront décernées en été prochain, 26 juillet au 11 août.

La Maison Chaumet à l’origine de la conception

Établie au cœur de Paris en 1780, cette prestigieuse maison est installée sur la place Vendôme dès 1812, et compte parmi sa clientèle illustre de nombreuses personnalités marquantes, dont Gustave Eiffel.

Chaumet a toujours affirmé son attachement à son identité parisienne à travers ses créations, telles qu'un pendentif représentant la colonne Vendôme ou une broche en forme de tour Eiffel.

Des médailles frappées au cœur de la capitale française

Conçues sur la rive droite de la Seine, sur la place Vendôme, les médailles des Jeux de Paris 2024 sont manufacturées sur la rive gauche, à l'Hôtel de la Monnaie, quai de Conti. Un siècle après avoir confectionné les médailles de l'édition de 1924, la Monnaie de Paris met à nouveau en avant sa force de frappe au service des Jeux.

Le processus de création des médailles de Paris 2024 est plus complexe que celui d'une simple pièce de monnaie. Des flans de métal, préalablement découpés en disques, parviennent aux ateliers de la Monnaie de Paris. Ils sont ensuite frappés à plusieurs reprises dans une presse équipée d'un outillage spécialement conçu, appelé coin, pour donner vie au design imaginé par Paris 2024 et Chaumet.

Conformément aux directives du CIO et de l'IPC, les médailles d'or et d'argent sont composées d'argent massif, avec une teneur de 925 millièmes. Cet argent, tout comme les six grammes d'or de la plus haute distinction des Jeux, est également certifié 100% recyclé par le Responsible Jewellery Council (RJC), l'un des principaux organes de contrôle des bonnes pratiques d'approvisionnement en or et métaux précieux.

En ce qui concerne le bronze des médailles de la troisième place, l'alliage de cuivre, d'étain et de zinc provient du recyclage de chutes de métal issues d'autres productions de la Monnaie de Paris.

Entre chaque frappe, les médailles subissent un processus de "recuisson" dans des fours afin de restaurer leur malléabilité d'origine. Par la suite, une immersion dans des bains d'une solution acide mélangée à de l'eau, appelée "eau-forte", les débarrasse de toute impureté.

Lors d'une nouvelle frappe avec des coins polis, les hexagones de fer d'origine de la tour Eiffel sont sertis sur les médailles, conférant ainsi leur aspect distinctif et peaufinant leur identité. Une fois que les reliefs et les détails sont apparus avec précision, les médailles subissent un dernier usinage pour créer la bélière, l'espace à travers lequel passe le ruban. La bélière est intégrée à l'intérieur des médailles pour maintenir leur forme ronde épurée.

Enfin, les médailles sont vernies et agrémentées de leur ruban, confectionnés par des métiers à tisser basés à Saint-Étienne, qui reflètent également le savoir-faire artisanal français.

Le fer d’origine de la Tour Eiffel

Pour la toute première fois dans l'histoire des Jeux, chaque médaille olympique et paralympique est désormais ornée d'un fragment de métal d'une symbolique exceptionnelle et d'une valeur inestimable : le fer d'origine de la Tour Eiffel.

Érigée pour émerveiller le monde lors de l'Exposition universelle de 1889, la Tour Eiffel est entièrement construite à partir d'un type particulier de fer, connu sous le nom de "puddlé".

Ce fer est produit dans les forges et les hauts fourneaux de Pompey en Lorraine, où la fonte obtenue par la réduction du minerai de fer est affinée à travers une opération appelée "puddlage".

En se débarrassant de l'excès de carbone encore présent dans la fonte, le fer ainsi obtenu devient presque pur et d'une robustesse à toute épreuve.

En intégrant le métal emblématique du patrimoine français au cœur des médailles les plus prestigieuses du sport, Paris 2024 perpétue l'audace de Gustave Eiffel, et aspire à offrir aux athlètes un souvenir impérissable des prochains Jeux, de Paris et de la France.

Dans les détails des médailles…

L’hexagone, forme géométrique évocatrice de la France

Sur la médaille, le fer d'origine de la Tour Eiffel est sculpté en forme d'hexagone, la figure géométrique qui symbolise la France. Ce symbole évoque la mobilisation de toute une nation, au-delà de sa capitale, pour offrir des Jeux Olympiques et Paralympiques historiques.

Dépourvu de sa peinture « brun tour Eiffel », le fer puddlé retrouve sa teinte d'origine. Positionné au centre et frappé de l'emblème des Jeux de Paris 2024, ce morceau de patrimoine s'intègre avec élégance au milieu de l'or, de l'argent et du bronze, créant ainsi une face bicolore pour les médailles.

Le rayonnement

Sur la même face de la médaille, de fines lignes se déploient à intervalles réguliers tout autour de l'hexagone en fer. Plutôt que d'être gravés, ces rayons sont frappés, ajoutant ainsi du relief et de l'éclat à une médaille qui n'est pas simplement lisse.

Cette conception créative symbolise le rayonnement de la France lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, ainsi que les performances des athlètes.

Le sertissage

Pour fusionner les deux icônes que sont la Tour Eiffel et la médaille des Jeux, et établir un lien entre le fer et l'or, l'argent ou le bronze, un savoir-faire de point était nécessaire.

L'hexagone est, en effet, relié à la médaille par un sertissage de type « griffe », une technique traditionnellement employée par la Maison Chaumet dans la confection de ses pièces de haute-joaillerie.

Six appendices métalliques sont frappés à la surface et réparties aux six coins de l'hexagone, scellant ainsi le morceau de fer contre la médaille. Possible grâce à la forme légèrement concave de la médaille, ce sertissage évoque les « clous de Paris », utilisés en joaillerie et faisant référence aux rivets de la Tour Eiffel.

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