Saveurs d'antan

Benoît Gouchault : le cotignac au coeur

Le 06/12/2019
par Sophie de Courtivron
Le Monde des artisans s’est rendu à Orléans, sur les bords de la Loire, pour rencontrer des artisans faisant perdurer des goûts d’antan et du terroir. Découvrons les secrets du cotignac, une gelée de coing ancestrales aux saveurs inégalables.
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Benoît Gouchault – Fabricant de cotignac

« On voit du cotignac sur le tableau de Véronèse des Noces de Cana », évoque Benoît Gouchault, pâtissier de métier et fabricant de cotignac, à Saint-Ay (Loiret). À la Renaissance, le cotignac était considéré comme un médicament et vendu par les apothicaires. « Le coing est astringent, il resserre les boyaux ; on y ajoutait des épices… ».

Mais pourquoi cette gelée de coing est-elle une spécialité d’Orléans ? « Il y a toujours eu des maisons bourgeoises au bord de la Loire, donc des vergers, et des cognassiers ; le cognassier est le porte-greffe (végétal sur lequel on implante un greffon afin que celui-ci continue à croître en faisant corps avec lui) du poirier », explique Benoît. Son cotignac est fabriqué avec du jus de coings qui proviennent d’un rayon de moins de 5 km. « Le coing n’a pas de jus et est très dur à couper » ; il faut donc le faire mariner puis le faire bouillir afin d’en extraire du liquide. Pour faire la gelée, du jus nouveau est toujours mélangé à du jus ancien, plus riche en pectine.

Le savant dosage dépend de la qualité des fruits : « cette année, les cognassiers ont souffert au printemps, les fruits qui sont restés sont donc forts » ; le défi étant de « maintenir une stabilité, la même consistance d’une année à l’autre ». Le jus cuit au thermomètre, dans des marmites en cuivre. Benoît se met aux fourneaux une à deux fois par semaine. Il remplit à la main ses petites boîtes en bois (22 g, 50 g et 250 g, fabriquées spécialement dans le Jura) et va les livrer dans une trentaine de commerces des environs (pâtisseries, épiceries fines, restaurants…). « Il faut que les spécialités restent dans les régions ! Si je trouve du cotignac ailleurs, je n’aurai plus envie d’en acheter à Orléans… ».

Avant les années 40, la majorité des pâtissiers d’Orléans fabriquaient leur cotignac. Du fait de sa difficulté d’élaboration, cette confiserie survit aujourd’hui à travers Benoît Gouchault, qui fut lui-même formé par son voisin, auquel il a succédé en 1987. Si à 63 ans il commence à se poser la question de sa succession, gageons que la future greffe sera du coing.

Contact : 02 38 88 84 66

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