Stratégie

Bercy souhaite produire 1 million de pompes à chaleur par an sur le sol européen dès 2027

Le 17/04/2024
par Cécile Vicini
Une stratégie à double objectif : accélérer la décarbonation des bâtiments et « relocaliser la production de ce mode de chauffage ».
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Lors d'une visite à l'usine Intuis dans la Somme le 15 avril dernier, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie et de l'Énergie, ont dévoilé un plan d'action en huit points pour relocaliser un volume conséquent de pompes à chaleur dès 2027, à hauteur d'un million d'unités. Une initiative qui permettra de créer 45.000 emplois selon les estimations ministérielles. 

Malgré les mesures portées vers des transitions de système thermiques plus propres, le chauffage des bâtiments demeure une importante source de consommation de combustible fossile, à savoir le gaz et le fioul.

À ce jour, grâce à leur efficacité énergétique, ce sont les pompes à chaleur (PAC) apparaissent comme une solution pour atteindre la neutralité carbone et réduire :

  • La dépendance aux combustibles fossiles,
  • La consommation d’énergie,
  • La facture d’énergie des ménages.

Selon la taille du logement et le niveau d’isolation, installer une pompe à chaleur en remplacement d’une chaudière gaz permet d’économiser environ 450€/an, et 1.200€/an en remplacement d’une chaudière fioul (source : ministère de l’Économie et des Finances).

Déploiement et renforcement de plusieurs outils d’accompagnement

Les plus connus du grand public sont les certificats d’économie d’énergie (CEE) et MaPrimeRénov’.

Ce dernier dispositif accompagne les pompes à chaleur air/eau et géothermiques avec des montants d’aides liés au niveau des revenus, rehaussées de 1.000 € à 2.000€ en 2024 (pour atteindre jusqu’à 5.000€ pour une pompe à chaleur air/eau et 11.000€ pour une géothermique), ainsi que tous types de pompes à chaleur via les aides à la rénovation d’ampleur.

« La contrepartie d’un tel effort, c’est que nous devons nous assurer que l’argent est bien dépensé, dans des produits de qualité sur le plan environnemental », a souligné Bruno Le Maire lors de son discours dans la Somme.

Par conséquent, dès 2025, le gouvernement prévoit de lier l'octroi de ces subventions publiques aux produits offrant "les meilleures performances environnementales, y compris durant leur phase de construction", privilégiant ainsi les produits français et européens.

Ce sont les pompes à chaleur asiatiques, notamment chinoises, qui sont dans le viseur de Bercy, car elles sont largement représentées sur le marché français.

Cette montée en puissance souhaitée de l'industrie des pompes à chaleur (PAC) en France devrait apporter davantage de stabilité dans la balance commerciale et l'autonomie énergétique du pays. 

Cette évolution permettrait non seulement de diminuer la dépendance aux importations de gaz, mais aussi de générer des emplois. Reste à voir comment les entreprises, spécialisées dans le secteur, particulièrement les artisans, vont s’adapter à ce remodelage de la filière, répondre aux besoins en termes de formation sur ces nouveaux produits, répondre aux interrogations de leurs clients sur les financements, et tracer de nouveaux circuits dans leurs processus de vente et d’installation.  

Les huit points du plan d’action

1. Faire émerger de nouvelles usines de production de PAC en prenant en charge une part importante des coûts d’investissement, à travers le crédit d’impôt investissement industrie verte (C3IV) récemment mis en place, soutenant la création de capacité de production de pompes à chaleur ainsi que de leurs composants essentiels.

2. Engager la réorientation de la commande publique et des aides publiques vers les pompes à chaleur françaises et européennes présentant les meilleures performances environnementales, de la même manière que le bonus automobile.

3. Simplifier les normes pour faciliter l’installation de pompes à chaleur dans l’habitat collectif.

4. Stimuler l’innovation pour développer en France des pompes à chaleur aux plus hauts standards écologiques de demain.

5. Accompagner la montée en puissance des métiers de la filière, sur les volets de l’installation, de la maintenance et de la production des matériels.

6. Améliorer la confiance du citoyen dans le produit français en augmentant les contrôles liés aux aides et en améliorant la connaissance sur les performances des pompes à chaleur.

7. Faire mieux connaitre les solutions pompes à chaleur et améliorer l’accompagnement des professionnels avec la création d’un centre d’expertise de la PAC accessible à tous.

8. Développer la pompe à chaleur dans le secteur industriel.

 

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