La Maison de la Mirabelle

À chaque génération son innovation

Le 10/08/2017
par Julie Clessienne
À Rozélieures (54), le recensement est formel : on dénombre 190 habitants pour 5 000 mirabelliers ! Des chiffres surprenants et des « coupables » tout désignés : les membres de la famille Grallet-Dupic qui, en l’espace de cinq générations, ont fait de ce petit bourg la capitale lorraine de la mirabelle…
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Sabine, digne héritière de la lignée Grallet.

Sabine Grallet-Dupic, l’actuelle dirigeante de la Maison de la mirabelle, l’affirme : "Si l’un de mes trois fils veut venir travailler dans l’entreprise, il faudra que ce soit par choix, surtout pas par défaut ou par obligation. Mais je leur conseille d’abord d’aller voir ce qui se passe ailleurs, de se forger leur propre expérience". Une ouverture d’esprit qui a dicté le parcours des Grallet depuis plus d’un siècle !

Tout commence en 1895, à Rozélieures, entre Nancy et Lunéville. Michel, l’arrière-grand-père, possède une petite exploitation (céréales et élevage) et quelques mirabelliers dans son verger. Il distille une partie de sa production, modestement, comme cela se fait à l’époque. Son fils, Jean, développera le verger et la production d’eau-de-vie, "en vrac, sans bouteille", précise Sabine.

Tournant et pari osé

Au milieu des années 70, Hubert, représentant la troisième génération, ingénieur de formation, et sa femme, Anne-Marie, arrivent dans l’entreprise avec un pari fou pour l’époque. "Mon père croyait beaucoup à la mirabelle. Il a donc tout misé sur elle !", raconte Sabine. Les vergers s’étendent, l’arboriculteur s’organise : création d’une coopérative avec d’autres producteurs, recherche de distributeurs (à Rungis ou de grandes conserveries comme PatisFrance). "C’est à ce moment qu’il décide aussi de commercialiser l’eau-de-vie avec sa propre marque, en bouteille, poursuit Sabine. Il a commencé ainsi à travailler avec des cavistes, des épiceries fines…"

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12 000 visiteurs par an

La suite de l’épopée familiale s’écrira avec Sabine et son mari, Christophe Dupic, en 2002. "Après une formation agricole, un DESS en Droit des affaires et Fiscalité et une expérience dans la banque, j’ai eu envie de revenir dans l’entreprise, motivée par un projet d’ampleur que je voulais lancer avec mon père : la création de la Maison de la mirabelle. Une vraie structure d’accueil du public", explique la dirigeante. Un projet ambitieux, majoritairement autofinancé, qui attire aujourd’hui 12 000 curieux par an. Capacité d’accueil, accessibilité, spectacle son et image dans la distillerie, boutique bien achalandée… Le couple Grallet-Dupic n’a rien laissé au hasard et ne compte pas en rester là. En 2007, Christophe et son beau-père se lancent dans une nouvelle aventure : produire un whisky lorrain ! Un succès qui a éveillé la curiosité des amateurs du monde entier et les a encouragés à élargir leur gamme : gin, vodka, amer bière, pastis… Mais aussi une ligne de parfums et cosmétiques. "Une idée de ma mère et moi pour concurrencer les spiritueux de nos hommes !", sourit Sabine. La mirabelle est décidément pleine de ressources… à moins que ce ne soit la famille
Grallet-Dupic !

www.maisondelamirabelle.com

La mirabelle, fruit du patrimoine lorrain

Au XIXe siècle, les vignobles lorrains, alors nombreux, subissent une grave crise due au phylloxéra, un puceron ravageur. Il est alors nécessaire de les remplacer par d’autres cultures, moins fragiles, qui s’adapteraient bien au sol argilo-calcaire et aux variations de températures typiques de la région. Le choix se portera sur le mirabellier. Aujourd’hui, 80 % de la production mondiale de mirabelle sont issus de vergers lorrains. Preuve que les anciens ne s’y étaient pas trompés…

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