Gestion

Comment calculer la valeur de votre entreprise ?

Le 29/12/2021
par Laëtitia Muller
Combien vaut mon entreprise ? Tout chef d’entreprise artisanale s’est déjà posé cette question, que ce soit pour transmettre sa structure, la vendre ou simplement connaître l’étendue de son patrimoine. Pourquoi le faire et comment s’y prendre ? Explications.
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Une entreprise se vend à sa valeur vénale, celle-ci correspond, selon le Code de commerce "au prix qui aurait été acquitté dans des conditions normales de marché".

Du côté de l’administration fiscale, la valeur vénale s’apprécie en comparant son entreprise avec des cessions d’entreprises similaires sur le même marché.

Pas facile d’y voir clair ! Pourtant, un point commun se dégage : la valeur fait référence au marché. Acheteurs et vendeurs fixent donc des valeurs qui sont à géométrie variable.

Des motivations multiples

Un chef d’entreprise artisanale peut souhaiter connaître la valeur de sa structure simplement par curiosité, afin d’avoir un ordre de grandeur ou pour mesurer le chemin parcouru depuis la création ou la reprise.

En pareilles hypothèses, l’évaluation traduit la richesse qu’il a créée et, en conséquence, le gain qu’il peut espérer en retirer en cas de vente.

La vente est d’ailleurs une des premières raisons qui motive une évaluation. Quelle que soit la valeur de l’entreprise, le prix de vente sera également fonction des capacités de négociation du vendeur et de l’acheteur.

L’envie de transmettre via une donation est également une bonne raison de faire évaluer ses biens.

Dans ce cas de figure, la valeur à laquelle l’entreprise est transmise devient aussi l’assiette des droits de donation. Pas question de la sous ou de la surévaluer sous peine de tomber dans la case "donation déguisée".

Si cette dernière est démontrée, l’administration fiscale peut appliquer des droits de mutation assortis d’intérêts de retard et de pénalités, sans compter les difficultés familiales...

Les événements de la vie comme un divorce ou un décès peuvent également conduire le chef d’entreprise artisanaleévaluer la valeur de son patrimoine.

L’ex-conjoint ou les enfants possèdent des droits qu’il convient de respecter.

Hypothèse plus positive, l’artisan qui souhaite faire évoluer son affaire, la transformer en société par exemple, passera nécessairement par la case "évaluation".

Fiscalement, l’opération est considérée comme une vente du fonds à une nouvelle société. La valeur est alors l’assiette fiscalité, et il en découle :

  • Taxations ;
  • Droits d’enregistrements ;
  • Plus-value éventuelle ;
  • Impôts.

La valeur de la structure déterminera par ailleurs le montant du capital social de la future société et l’étendue de la responsabilité financière du chef d’entreprise dans une SARL.

Quelle est la bonne méthode ? 

Pour déterminer la valeur de son entreprise, il convient avant tout de rassembler toutes les informations comptables, juridiques et économiques.

Ensuite, un diagnostic préalable facilitera l’évaluation. Il s’agit de recenser les forces et faiblesses de la structure en interne et en externe ainsi que ses perspectives d’évolution.

Vous pourrez ainsi partir d’un état des lieux pour aboutir à une valeur.

Le fruit d’une évaluation multidimensionnelle

Connaître la valeur de sa structure suppose non pas une mais DES évaluations selon l’objectif poursuivi.

Elles peuvent porter sur la valeur du fonds de commerce, des parts sociales, ou encore sur un ou plusieurs actifs comme la clientèle, la marque, une licence de taxi, un bâtiment, etc.

Notons que l’évaluation ne permettra pas d’avoir une notion de prix final mais simplement un ordre de grandeur, une tendance.

Il existe trois grandes catégories de méthodes d’évaluation :

L’évaluation patrimoniale

Elle vise à évaluer ce que possède l’entreprise puis à soustraire ses dettes ;

Les méthodes d’évaluation comparative

Elles sont très adaptées à certains métiers artisanaux et aux cessions. Ainsi, certains commerces ont des barèmes, fruits de la comparaison d’entreprises qui ont des profils proches et dont les prix de vente sont connus.

L’artisan qui souhaite évaluer sa structure peut ainsi consulter le mémento pratique Évaluation (Éditions Francis Lefebvre), couramment utilisé pour évaluer les fonds de commerce ;

Les évaluations de rentabilité

L’objectif est ici d’estimer la capacité de l’entreprise à réaliser des bénéfices. Il n’existe pas de bonnes ou de mauvaises méthodes, l’important est de choisir celle qui correspond au but poursuivi.

Comment bénéficier d'un accompagnement ? 

Les chefs d’entreprise peuvent se faire aider dans leur démarche, notamment en se rapprochant de leur chambre de métiers et de l’artisanat (CMA), d’associations de cédants, de conseils spécialisés, comme un notaire, un agent immobilier ou un syndicat professionnel.

Au terme de l’évaluation, une part de subjectivité subsistera.

En effet, toute entreprise artisanale est avant tout associée à la personnalité et aux valeurs du dirigeant et de son équipe qui, elles, n’ont pas de prix ! Quoique...

Il est intéressant pour les artisans de pouvoir intégrer dans cette évaluation leur savoir-faire, bien qu’immatériel. Celui-ci a non seulement de la valeur mais il peut être développé.

Booster sa valeur grâce à son savoir-faire

Pour se faire connaître, l’artisan peut dépasser le bouche- à-oreille et communiquer activement sur la qualité de ses matériaux ou de ses produits, ses conseils et son écoute.

Selon les métiers, dégustations et portes ouvertes amplifient la visibilité et la notoriété.

L’utilisation des réseaux sociaux permet aussi de toucher les jeunes et d’attirer du public...

En outre, les titres, qualité et labels valorisent le savoir-faire artisanal et par là même la valeur de l’entreprise.

L’affaire d’un Meilleur Ouvrier de France vaut plus que celle d’un brillant artisan qui n’a pas fait reconnaître la qualité de son travail par le biais d’un concours aussi prestigieux.

Les qualités d’ "Artisan" et de "Maître Artisan" sont également d’utiles instruments de valorisation. Ils attestent notamment d’une durée d’exercice en qualité de chef d’entreprise artisanale.

Même cercle vertueux avec l’obtention de labels dans les domaines de l’excellence, du développement durable, du service clients..., qui peuvent booster fréquentation et valeur.

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