Internet - Téléphonie

Couverture numérique : la cadence s'accélère

Le 28/06/2018
par Samira Hamiche
Quelles avancées pour la couverture numérique ? Cinq mois après la présentation des engagements formulés par les opérateurs téléphoniques, le gouvernement a réalisé son premier point d'étape trimestriel.
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Mounir Mahjoubi

Réunis au ministère de la Cohésion des territoires mercredi 27 juin, Jacques Mézard, Julien Denormandie, Delphine Gény-Stephann et Mounir Mahjoubi ont présenté un bilan des premières avancées en matière de couverture numérique. Sébastien Soriano, président de l'Arcep - organisme qui coordonne le déploiement des télécommunications en France - était également présent. 

Bon haut débit en 2020, très haut débit en 2022

Le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, a rappelé les objectifs du gouvernement : assurer à toute la France une connexion "bon haut débit" (8 Mbit/s) d'ici 2020, et une connexion très haut débit (30 Mbit/s) d'ici fin 2022.

"La fracture numérique" demeure "un des sujets fondamentaux pour l’équilibre et l'équité des territoires", a introduit le ministre, pointant "la nécessité d’accélerer le mouvement en partenariat avec les collectivités locales". Pour parvenir à une méthodologie efficace, le gouvernement a souhaité "simplifier certaines normes" et "améliorer la transparence". 

Les enjeux de cette généralisation de la couverture numérique sont de taille. Qualifiant de dossier de "projet de la décennie", la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, Delphine Gény-Stephann, a ainsi évoqué la volonté de "donner de la visibilité à la filière de la fibre optique". Par effet d'entraînement, le coup d'accélérateur s'opére également sur les technologies "complémentaires" (satellite, ondes hertziennes) et s'avère être une opportunité pour l'emploi : 30 000 postes seront créés, dont 16 000 postes à pourvoir d’ici 2022... Avec un taux d'embauche supérieur à 90 % !

Les opérateurs s'engagent

D'après les chiffres de l'Agence du numérique, 56 % du territoire français était raccordé à la fibre (donc éligible au Très Haut Débit) à la fin du premier trimestre 2018. Soit une hausse de... 22 % en un trimestre ! Plus de 1 500 pylônes ont ainsi été équipés en 4G depuis janvier.

Un chiffre prometteur, qui ne doit toutefois pas faire oublier l'immense chantier du "bon débit". Fin 2017, 15 % des Français en étaient encore privés, dans près de 10 000 communes. Dans ces zones où il est plutôt question d'enclencher la première vitesse, tous les moyens seront mis en oeuvre pour déployer l'accès à Internet, a rappelé Delphine Gény-Stephann. Le réseau pourra ainsi dépendre d'une connexion satellite, d'un réseau filaire, ou encore d'ondes hertziennes.

Au total, les opérateurs Orange et SFR, en collaboration avec l'Etat et les collectivités territoriales, se sont engagés à construire 27 millions de lignes FttH. Ces engagements se veulent "contraignants" et feront l'objet d'un suivi gouvernemental. Chaque opérateur (Bouygues et Free en plus) construira 5 000 nouveaux sites d'ici 2022, dont certains mutualisés. Ils financeront eux-mêmes les pylônes (alors que jusqu'à présent, ce financement était pris en charge par les collectivités locales).

Seront priorisées des zones blanches et grises (notamment en milieu rural) minutieusement identifiées par l'Arcep, et pour lesquelles le financement s'élève à 3 milliards d'euros. D'ici la fin de l'année, 485 premières zones entrant dans ce cadre devraient être desservies (la liste sera publiée par arrêté ministériel).

Lutter contre "l’assignation à résidence"

Dans l'idée d'une réflexion globale sur les moyens de communication, aucun sujet n'a été marginalisé. Jacques Mézard a ainsi souligné l'importance de "ne pas négliger les lignes fixes", capitales dans les zones blanches et grises (dans l'attente d'un - meilleur - raccordement à Internet). 

Julien Denormandie, secrétaire d'Etat auprès de Jacques Mézard, est allé plus loin, en parlant d'un véritable "objectif politique" de "lutte contre l'assignation à résidence", notamment dans un contexte social de "généralisation du télétravail". "L'Etat a changé de paradigme", a-t-il insisté.

Autre bataille : celle contre l'"illectronisme". "Quelque 20 % de la population française ne sait toujours pas naviguer sur Internet", a déploré Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre et porte-drapeau des projets numériques du gouvernement. A ce titre, un plan d'inclusion numérique avait été dévoilé en début d'année. 

Un "plan" numérique dédié aux TPE PME

Si les citoyens devraient voir leur confort s'améliorer, les petites entreprises seront également gagnantes. Au nombre de 3 millions, "les TPE PME françaises sont 16e au niveau européen en termes de numérisation", a chiffré Mounir Mahjoubi.

Pour les aider à prendre leur virage numérique, le secrétaire d'Etat annoncera dans quelques jours un "grand plan national" destiné spécifiquement aux TPE - PME, "porté par le gouvernement, avec les Régions et les départements". Il s'agira de définir les façons d'"accompagner" les petites entreprises, "ce qu'on peut leur recommander et comment le financer". "Quasiment toutes les régions vont participer en proposant des actions spécifiques". Seront mobilisés "des financements de l'Etat, des Régions et du secteur privé".

Le tout sera axé autour d'une "philosophie des petits pas, à l'opposé des injonctions technologiques". Grâce à des exemples concrets, les artisans et commerçants de proximité pourront mettre en oeuvre des bonnes pratiques, adaptées à la configuration de leur entreprise et à leurs compétences.

"Si sur ces 3 millions d'entreprises, des centaines de milliers font dans la première année un premier pas numérique, on aura gagné. Si chacune d'entre elles fait une première mise en ligne, crée une première présence en ligne, et bien nous aurons gagné aussi", espère Mounir Mahjoubi. Avec une certitude : "l'impact sur l'emploi, sur le chiffre d'affaires des entreprises", sera "immédiat".

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