PHILIPPE ARRAOU, ex-Président du Csoec

Donner plus de valeur ajoutée à nos prestations pour les artisans 

Le 21/03/2017
par Sophie de Courtivron
La dématérialisation et l’automatisation des tâches modifient le travail des experts-comptables qui en tirent une vision globale de l’entreprise et assument par conséquent un rôle renforcé de conseil. Ces professionnels ont su anticiper la révolution numérique et la transformer en opportunité pour les entreprises dont ils s’occupent.
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Philippe Arraou, Président du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables (Csoec)

LMA : L’ubérisation de l’économie menace-t-elle les experts-comptables ?

Philippe Arraou : L’activité de prestation de service en matière de comptabilité est réglementée : il faut être membre de l’Ordre. Nous ne craignons donc pas l’arrivée de nouveaux intermédiaires entre le professionnel et le client. Il y a d’ailleurs des cabinets qui se sont lancés dans des prestations en ligne, c’est une possibilité qui est donnée à tout le monde. Nous nous sommes, de plus, engagés depuis longtemps dans la dématérialisation : aujourd’hui la fonction de l’expert-comptable est de concevoir pour son client le système d’information à mettre en place, de s’assurer de la cohérence de l’information comptable, et de veiller à la présentation des états financiers. L’automatisation des tâches d’enregistrement comptable a changé sensiblement sa fonction.

LMA : Comment cela ?

P. A. : Il y a aujourd’hui un système d’information à organiser et à nourrir. Il faut l’analyser, l’exploiter. L’expert-comptable est ainsi impliqué dans une prestation « full service », à savoir la prise en charge complète de la gestion de la petite entreprise. Cela démarre avec l’établissement de la facture, puis le suivi du recouvrement, l’encaissement, la gestion de la trésorerie y compris les relations avec la banque, les paiements des fournisseurs, etc. Nous pouvons donc libérer les artisans de tout cela afin qu’ils puissent se consacrer à leur cœur de métier ! Notre responsabilité de conseil est capitale. Nous prenons cela très au sérieux et accompagnons les membres de l’Ordre pour qu’ils soient les plus performants possible : formations, outils (kits de mission…), etc. Ce tournant dans la profession est pour nous une opportunité magnifique d’affirmer nos compétences et de donner plus de valeur ajoutée à nos prestations pour les artisans.

LMA : Où en sont les artisans en matière de dématérialisation ?

P. A. : D’ici 2020, toutes les factures entre les collectivités publiques et leurs fournisseurs seront dématérialisées. Cette obligation va accélérer le phénomène. Le boulanger qui fournit l’école du village est concerné ! Attention, la dématérialisation ce n’est pas l’envoi d’un PDF, mais d’une information qui va alimenter directement un système. L’expert-comptable aura la charge de cette transition numérique, car c’est vers lui que se tourne l’artisan pour trouver des solutions à toutes ses difficultés. Nous avons passé un accord avec le Conseil national du numérique pour que les cabinets d’expertise comptable participent à la transition numérique des TPE, qui n’ont pas les ressources internes pour cela.

www.experts-comptables.fr

Le CSOEC

L’Ordre des experts-comptables, représenté par le Conseil supérieur, assure la représentation, la promotion, la défense et le développement de la profession d’expert-comptable. Il veille au respect de la déontologie professionnelle, définit des normes et publie des recommandations que les experts-comptables doivent appliquer. Il se veut également force de proposition vis-à-vis des pouvoirs publics.

Charles-René Tandé a succédé à Philippe Arraou le 14 mars 2017.

 

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