Jacques Séguéla : « Artisan, un métier du futur »
Quelle est votre vision de l’artisanat ?
J’ai toujours eu une admiration sans borne pour les gens qui savent travailler de leurs mains et qui sont autonomes dans leur « industrie ».
Ce sont les vrais beaux métiers de la terre. Je me considère d’ailleurs comme un artisan, à travers mon activité de marchand de rêves ; toutes les formules que j’ai pu aligner dans ma vie se sont construites avec un stylo, du papier blanc...
Certains métiers de l’artisanat peinent à recruter malgré un fort besoin de main-d’œuvre ; est-ce possible de changer une image dans l’esprit du grand public ?
Dans d’autres pays (pays nordiques...), le respect pour l’artisanat est considérable. Aux États-Unis, certains artisans ont des uniformes, des outils autour d’eux, des camionnettes qui font rêver les adolescents.
Sous-estimer les métiers manuels est un vice à combattre ; la France, avec son côté « Je suis plus intelligente que les autres », oublie que c’est grâce à son artisanat qu’elle est aimée.
Elle représente 40 % du luxe vendu dans le monde... Ça devrait réveiller les mauvais coucheurs qui pensent qu’être artisan est un métier subalterne ! De plus, sans eux, le monde n’est plus...
Comment cela ?
Les grandes plateformes de demain remplaceront les hypermarchés, mais pas les artisans. Si l’on est attentif aux enseignements du Covid, on voit qu’il a provoqué un retour sur nous-mêmes, vers la nature, la famille, vers une sorte de compagnonnage et vers les artisans du coin. Je pense que ça laissera une trace durable.
Artisan, un métier du futur... Regardez le succès des marchés extérieurs alors qu’il y a des grandes surfaces chauffées...
Les gens préfèrent toucher, sentir, parler avec celui qui produit ce qu’ils achètent. Les artisans sont les derniers artistes de la convivialité. Un artisan ne peut faire son métier sans croire en lui-même.
C’est un métier de racines alors que tous les autres métiers se déracinent (télétravail, etc.).
Dans votre livre, on comprend que la meilleure façon d’avancer, c’est d’aimer...
J’ai voulu prendre à contre-courant le monde en prenant la voix de l’optimisme ; chaque rencontre de ce livre est une leçon de vie que je reçois et que j’essaye de transmettre.
Beaucoup de métiers n’incitent pas à l’amour, mais les artisans ont la passion de leurs métiers, du travail bien fait. En tant que publicitaire, je me demandais ce qui pouvait rendre une marque immortelle... Or la seule chose immortelle au monde, c’est l’âme.
La communication de l’artisan doit donner une âme à son métier, à l’œuvre qu’il fait ; et elle sera immortelle.
Biographie
1949 : À 15 ans, il donne un coup de fourchette dans la fesse d’un pion de son collège des Révérends Pères jésuites.
1956 : À 22 ans, il effectue le premier tour du monde en voiture, en deux-chevaux.
1964 : Il a 30 ans et déjeune avec Pierre Lazareff, patron de France-Soir, qui lui conseille d’aller travailler dans la publicité.
1978 : Il épouse la femme de sa vie, Sophie.
1981 : François Mitterrand lui offre l’opportunité de faire sa campagne et Jacques Séguéla trouve le slogan de la victoire : « La force tranquille ».
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