conseils

La retraite, c'est dans la tête

Le 09/03/2016
par Sophie de Courtivron
Les artisans ont une vie bien remplie. Quasi du jour au lendemain, ils peuvent se retrouver avec des journées vierges qu'ils n'arriveront pas à gérer. Le point sur les risques à anticiper, et quelques remèdes... simples !
Partager :
Les artisans doivent préparer avec soin leur retraite35% des retraités de l'artisanat adhèrent à une association, dont les 2/3 à une association sportive ou culturelle (BVA-Notre Temps, juin 2014)

Deux menaces pèsent sur l’artisan qui va prendre sa retraite, pose Michel Détrês, coach bien-être et conseil auprès des entreprises (MD Progress, à Saint-Laurent-de-Gosse, dans les Landes). "La première, c’est le fait de se retrouver face à son conjoint : il y a 40 % de divorces ou séparations après la retraite. La deuxième, et la plus importante, c’est celle de tous les petits bobos de la vie : ils vont prendre de l’ampleur parce que vous n’avez plus que ça à penser. Si vous travaillez et que vous avez mal à la tête, vous prenez un cachet et ça passe… À la retraite, ça ne passera pas." 

Le moindre dérapage peut avoir des conséquences énormes. De plus, la négligence organisationnelle des artisans peut, à la retraite, les faire entrer dans une spirale de détresse.

Solutions et posologie

Pour empêcher les retraités de ne pas tomber dans un "je n’ai pas le temps" chronique et négatif, Michel Détrês commence par faire faire à ceux qui viennent le voir un état des lieux. "Tous les jours, pendant 30 jours, je leur dis de remplir un cahier sur ce qu’ils font. On verra ainsi comment ils vivent, leurs lacunes. Je leur fais ensuite rectifier le tir en fonction de… leurs envies. Ils doivent remplir leurs journées avec les choses qu’ils aiment. Untel aime la pêche mais me dit qu’il n’a pas le temps… Si !"

Ce temps, les retraités l’ont, mais ils le perdent. Pour éviter ce gâchis, la connaissance de soi est essentielle. Marie-Christine Laugier, ex-coiffeuse à Nancy, a suivi un stage de préparation à la retraite de deux jours, proposé par la CMA 54. "La formatrice a su nous faire parler. Nous sommes remontés dans nos souvenirs, c’était rude… J’y suis allée de ma larme, mon père et mon grand-père étaient artisans. C’était pour mieux nous cerner, pour voir si nous étions armés." Marie-Christine l’était. Mais à telle retoucheuse de vêtements sans famille, il a pu être conseillé de faire partie d’une association, d’aller au-devant des autres. "J’en suis ressortie sereine et prête à démarrer une nouvelle vie !", se souvient la jeune retraitée. 

Michel Détrês précise que la retraite est anxiogène : "Nous avons une grille de 0 à 100 en ce qui concerne le stress ; la retraite représente 45 points." D’où l’importance de se faire accompagner. Cela s’anticipe. "Cinq ans avant l’échéance de la retraite, il faut en parler posément avec son conjoint, faire des projets." Cinq ans, cela passe vite à cet âge…

Partager :