Enquête

La santé des artisans du BTP se détériore

Le 14/03/2017
par Samira Hamiche
Publié le 9 mars, le dernier baromètre ARTI Santé BTP fait état d'un constat alarmant : près d'1 artisan du bâtiment sur 3 ne se considère pas "en bonne santé". Principaux facteurs de stress : les cadences effrénées, le poids de l'administratif et l'incertitude économique...
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Enquête nationale élaborée avec le concours de la CNATP, de la CAPEB et de l'IRIS-ST, la 3e édition du baromètre ARTI Santé BTP dresse un tableau édifiant de l'état de santé des artisans du BTP. 

Réalisé auprès de 2336 artisans du BTP, ce baromètre confirme les tendances alarmantes des années 2014 et 2015. Ainsi, indique ce bilan, "les artisans du bâtiment sont soumis à une intensification de leurs rythmes de travail et à des facteurs de stress qui se répercutent sur leur vie personnelle et leur hygiène de vie".

Un suivi médical insuffisant

En 2016, 71% des artisans interrogés estimaient être "en bonne santé" (-9 points par rapport à 2014). Quelque 70 % déclarent souffrir de douleurs articulaires ou musculaires et la moitié d'entre eux est victime d'une importante fatigue et de troubles du sommeil.

Malgré ces problèmes, près de 9 artisans sur 10 (87%) ne sont pas suivis médicalement dans le cadre de leur profession. D'après le bilan du baromètre, ce suivi est "quasi-inexistant". Ainsi, 52% des artisans du BTP ne vont consulter un médecin qu'en de "très rares occasions", au moment où la situation s'aggrave.

"Il nous faut accompagner en cela le dirigeant qui, pris par le temps et par l'activité de son entreprise, oublie de prendre soin de lui, tandis que des pathologies non détectées prospèrent", a réagi Patrick Liébus, le président de la Capeb. 

 

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Du stress au burn-out...

Face à la progession de leur activité (pour 51% des artisans), les professionnels se disent à 36% optimistes vis-à-vis de leur activité. Ce regain de confiance ne les préserve toutefois pas du stress : 58% déclarent être "souvent stressés" (contre 53% en 2015).

Cet état de stress impacte la vie personnelle des chefs d'entreprise, qui sont 87% à juger que leur activité professionnelle empiète sur leur vie privée. En outre, 79% estiment ne pas être assez présents pour leur entourage. 

Car le temps de travail enfle lui aussi : 60% des sondés travaillent plus de 50h par semaine et près de 6 artisans sur 10 travaillent le week-end. 48% des entrepreneurs ont une charge de travail "trop importante".

Viennent se greffer à ces éléments les démarches administratives : 52% des chefs d'entreprise se disent stressés par ce facteur.

Conjugué au surinvestissement professionnel et à un sentiment de solitude, le stress expose les artisans à un fort risque d'épuisement professionnel (burn out). Ainsi, 29% des artisans pensent avoir fait ou avoir été proche du burn out en 2016 et 8% ont été victimes de dépression ces 5 dernières années.

L'artisan, rappelle Françoise Despret, présidente de la Chambre nationale de l'artisanat, des travaux publics et paysagistes (CNATP), "est un chef d'entreprise, un chef qui se doit d'être rassurant auprès de ses salariés, rassurant auprès de ses clients, rassurant auprès de ses fournisseurs et ses partenaires, banquiers assureurs". La responsable souligne ainsi l'intérêt d'une telle étude, "qui aide à la prise de conscience et favorise la sortie de l'isolement de nos artisans".

Consulter le baromètre complet

 

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