"L’artisanat, c'est de l’emploi stable et non-délocalisable"
Quel est votre lien avec l’artisanat ?
Ma mère était professeur de broderie, très douée de ses mains ; j’avais un oncle bricoleur… J’ai un grand respect pour les professions manuelles. Elles sont d’autant plus essentielles qu’on nous rebat les oreilles avec la « start-up nation », qui est quand même un pipeau incroyable… Quand on se promène dans Paris et que l’on voit qu’il y a des fonds de commerce qui ferment on se pose des questions. Je ne comprends pas pourquoi les politiques ne se rapprochent pas d’avantage des métiers de la main, pourquoi ils ont une approche si éloignée d’eux ! J’ai été conseiller municipal chargé du développement économique de la ville d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) et je me suis petit à petit forgé la conviction que l’économie est fondée sur l’artisanat et le commerce. Trop de place est aujourd’hui donnée à l’économie dématérialisée.
Quelles sont, dans ce contexte, les forces de l’artisanat ?
L’artisanat, c’est d’abord de l’emploi stable et non-délocalisable. C’est aussi être son propre patron, voir les résultats de ce que l’on fait, avoir une prise sur son destin professionnel, vivre dans une communauté humaine (magasin, professionnels qui rentrent chez les gens…). Dans ces métiers, on utilise son intelligence émotionnelle, son intelligence technique et sa sensibilité : tout est lié. Quand on se sert de ses mains, et donc que l’on sort le nez de son portable, on se recentre et on reprend confiance en soi, on est ancré. Faire des choses concrètes ramène à une philosophie de l’existence, qui est nécessaire ; les gens ne sont pas dupes, ils le savent. Et surtout, l’artisanat embauche, il y a des offres de travail : c’est ça, un métier d’avenir.
Vous êtes très présent sur les réseaux sociaux…
Je suis actif sur les réseaux sociaux (14.500 abonnés sur Instagram, 120.000 sur LinkedIn) et poste beaucoup d’informations sur les métiers manuels. Internet n’est pas incompatible avec les valeurs de l’artisanat. Si je peux être émerveillé par Amazon, je ne veux pas d’une vie « Amazon ». Internet a changé nos vies, nous rend plus pressés et plus exigeants (on veut se faire livrer, savoir quand un commerce est ouvert…) ; il y a des outils à développer pour répondre à cela et les artisans doivent s’en emparer. Car il y a pour moi une dimension vitale à préserver le commerce et l’artisanat.
David Abiker en quelques dates...
1991. Diplômé de Sciences Po.
2000. Entrée à la Monnaie de Paris en tant que DRH.
2007. Journaliste (titulaire de la carte de presse).
2018. Création de la Ligue canine des travailleurs, afin de promouvoir la présence animale dans les open-spaces.
2019. Entrée à Radio Classique (chargé de la Revue de presse ainsi que de la tranche musicale 16 h-19 h chaque week-end).
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