Prestige

Maison Roze : le sceau de l'authenticité

Le 02/06/2023
par Julie Clessienne
Héritier de l’affaire familiale, Robert Roze perpétue un savoir-faire à Bonneuil-sur-Marne (94) que beaucoup pensait tombé en désuétude : la fabrication de cire à cacheter. Si ses usages ont évolué au fil du temps, l’entreprise – née il y a 130 ans – continue de se développer, d’innover… L’attrait pour les matières naturelles et la quête d’authenticité de ses clients lui offrent même un nouveau souffle.
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Qui imagine "cire à cacheter" visualise instinctivement une scène un peu stéréotypée : au cours du XVIIIe siècle, un gentilhomme perruqué rédige un manuscrit à la plume, le scelle solennellement avec une coulée de cire sur laquelle il vient apposer un tampon imprimant un blason distinctif…

Halte aux clichés ! Direction Bonneuil-sur-Marne… C’est ici que s’est établie l’entreprise Roze. À son origine : la Maison Laurent, implantée au cœur de Paris dès 1895. La famille Roze entre dans l’histoire en 1944 et n’aura de cesse de faire fructifier l’affaire, notamment en reprenant des concurrents de la région.

Aujourd’hui gérée par Robert Roze, issu de la troisième génération, cette entreprise du patrimoine vivant (EPV) est le dernier représentant français de ce savoir-faire singulier.

Une drôle de cuisine

"La fabrication de cire s’apparente à de la cuisine et requiert des gestes proches de celui d’un chocolatier ou d’un confiseur, la précision d’un pâtissier et l’oeil d’un peintre", estime Robert Roze. Pas de formation dédiée donc, mais un vivier de main-d’oeuvre hétéroclite : "Il faut être manuel, savoir calculer, évaluer les bons dosages, avoir des notions de colorimétrie…" Six personnes œuvrent dans l’atelier et aux "chaudrons".

"La cire se compose d’un mélange de résines et de matières minérales auquel sont ajoutés des pigments, selon les formulations et les désirs du client", détaille le gérant.

Des usages multiples

Scellés administratifs (Police, pompes funèbres…), cire à reboucher les meubles ou gomme laque pour les ébénistes et restaurateurs du Faubourg Saint-Antoine, faire-part pour les papetiers ou signature originale pour les professionnels du packaging, ciment sertisseur pour les bijoutiers…

Les usages des bâtons de cire sont multiples, loin d’être démodés. "Certains de nos clients nous sont fidèles depuis des décennies et nous sommes approchés régulièrement grâce au bouche-à-oreille, car nous sommes sur un marché de niche", se félicite Robert Roze. Et les demandes affluent du monde entier : 30 à 40% du chiffre d’affaires (CA) sont réalisés à l’international.

Quête de naturel et d’authenticité

Outre les bâtons, la plus grosse partie du tonnage (60% du CA) est destinée aux viticulteurs et producteurs de spiritueux, principalement via des distributeurs spécialisés.

"La flambée du prix de l’aluminium et les soucis d’approvisionnement ont incité certains à revenir à la cire. Parallèlement, de jeunes producteurs engagés dans une démarche écoresponsable et sensibles au made in France y viennent naturellement : un bouchon scellé à la cire exige une méthode manuelle – chaque bouteille passant entre les mains du producteur – ; cela donne du cachet à leur grand cru ou cuvée spéciale, de l’authenticité et un certain prestige", souligne Robert Roze.

Avec un nuancier de 600 à 800 couleurs, la personnalisation est une autre grande valeur ajoutée de la maison. "Nous savons répondre à toutes les contraintes techniques du client."

Imprimer sa patte

Un savoir-faire ancien et précieux, un regain d’intérêt pour les matières naturelles, une réputation bien établie… Robert Roze avait toutes les cartes en main, lors de sa reprise en 2019, pour pérenniser l’entreprise familiale.

Il y a toutefois déjà imprimé sa patte :  "Une réorganisation, une nouvelle équipe et le renforcement de la digitalisation ont projeté l’atelier dans une nouvelle ère. Du pragmatisme, la mise à plat des plannings et une vision moderne de la partie commerciale permettent à chacun de travailler plus efficacement." De quoi apposer, sur la Maison Roze, le sceau du succès et la garantie de durer…

"En faisant confiance à mes collaborateurs et en déléguant certaines tâches, j’ai dégagé du temps pour innover et fabriquer la cire de demain."

DATES CLÉS

  • 1895. Création de la Maison Laurent, boulevard Soult à Paris XIIe, spécialisée dans la cire Princesse.
  • 1944. Rachat de l’entreprise, désormais à Saint-Maur-des-Fossés (94), par le grand-père de Robert Roze.
  • 1961. Reprise de l’affaire par Gérard Roze au décès de son père ; l’entreprise devient "Maison Roze" en 1968.
  • 1990. L’épouse de Gérard, Maryse, devient gérante suite au départ en retraite de son époux.
  • 2009. Obtention du label "Entreprise du patrimoine vivant", renouvelé tous les cinq ans depuis.
  • 2019. Reprise par Robert Roze, fils de Gérard et Maryse.
  • 2023. Refonte du site Internet.

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