Tout un monde à former
Le terme de précurseur ne lui convient presque plus tant Éric Pierson a pris de l’avance sur la concurrence et métamorphosé le secteur de la formation dans les domaines du BTP, de la logistique, du levage, du minier et du portuaire. Forcément, en 2007, quand il lance Acreos, entreprise spécialisée dans les simulateurs innovants destinés à l’apprentissage de la conduite d’engins, aucun équivalent n’existe. Le succès est aujourd’hui étourdissant : 6 000 personnes formées dans ses trois centres de formation et 50 000 à travers le monde avec ses simulateurs… juste pour l’année 2016 ! Coup d’œil dans le rétroviseur…
Naissances dans la douleur
1995. Une grue chute sur une école à Toul faisant six morts. Éric Pierson, qui a voué toute sa carrière à l’enseignement dans le domaine de l’industrie et de la construction et aux risques techniques sur les chantiers, mûrit alors une réflexion sur l’amélioration de la pédagogie dans le milieu du BTP avec des entreprises locales et des acteurs publics. L’AFCE (Association pour la formation de conducteur d’engins) est née. Suivront l’ouverture d’un centre de formation à Hauconcourt (57), puis le passage en société cinq plus tard. "Des méthodes particulièrement efficientes, une qualité de service puissante pour l’époque, résultat d’une informatisation très poussée, et des niveaux de performance élevés ont vite fait de nous une référence. Nous avons aussi beaucoup œuvré pour que nos formations et les examens soient accessibles à tous, y compris aux personnes peu lettrées", indique Éric Pierson. En 2007, l’accident de l’un des formateurs maison dans les murs de l’entreprise va précipiter la naissance d’Acreos… "Nous avons réfléchi pour mettre en commun nos moyens numériques et l’aspect avant-gardiste de notre méthode pédagogique pour développer la simulation, alors utilisée seulement dans le domaine militaire et l’aviation, bien plus riches que le bâtiment ! L’enseignement devient ainsi hypersécurisé et nous pouvons reproduire toutes les conditions réelles de la conduite d’engins (vibrations, conditions climatiques…) dans le BTP mais aussi dans le minier, le portuaire ou le levage."
Coups de pouce opportuns
"Nous nous sommes lancés dans cette activité grâce au soutien financier de partenaires privés, qui sont encore nos actionnaires aujourd’hui. Les entreprises étaient frileuses, ne voulaient pas être les premières à acheter un simulateur et à essuyer les plâtres", raconte Éric Pierson. La solution viendra finalement de la banque. "L'ancien directeur messin de la BPLC (NDLR : aujourd’hui BPALC), a proposé d’acheter les premiers simulateurs pour que l’on puisse les mettre en location chez nos clients. Ce mode opératoire a payé !"
"99,9 % des conducteurs d’engins sur la planète ne sont pas encore formés sur simulateur, le potentiel est donc énorme !"
D’autres coups de pouce jalonneront sa route : le président de la communauté de communes de Morhange, qui leur mettra à disposition des locaux pendant trois ans ; l’entrée au capital d’Eurefi, fonds local d’investissement développement ; le président colombien Alvaro Uribe en personne qui, après une visite de l’entreprise, va commander 14 simulateurs pour équiper les centres d’apprentissage dans son pays… Un plébiscite qui va enfin finir par convaincre l’AFPA et les CFA français d’opter pour cette solution innovante…
Nourrir la planète
La suite de l’histoire, Éric Pierson n’en finit plus de l’écrire, entouré de son équipe de vingt-six personnes dont douze dévolues entièrement au département Recherche & Développement. "Notre cœur de métier a toujours été la formation ; c’est pourquoi nous considérons nos simulateurs comme des outils pédagogiques et non comme de simples reproductions d’engins de chantier. Nous avons entièrement séquencé la méthode d’enseignement, ce qui la rend très souple et intuitive. En cela, nous sommes encore uniques au monde, même si le principe de simulateur est désormais copié par nos concurrents !", s’amuse Éric Pierson. Et la protection intellectuelle ? "Déposer un brevet est une procédure chronophage. Nous préférons passer ce temps à développer nos programmes." La priorité est de toute façon ailleurs. "Je pars du principe que l’on vend surtout de l’éducation, quelque chose qui a une universalité. Une mission d’autant plus forte à l’étranger où l’obtention d’un diplôme de conducteur d’engin peut signifier beaucoup. Ma plus belle récompense, c’est un Colombien qui m’a dit un jour : "Avec ce certificat, vous m’avez nourri toute ma vie, ainsi que mes enfants et même leurs propres enfants"."
* Dossier présenté par la BPALC en partenariat avec la CMA de la Moselle.
Acreos France | Tél. : 03 87 01 99 46 | www.acreos.eu
Il a su...
❙ Se lancer sur un marché porteur mais inexploité
❙ S’entourer d’actionnaires qui prônent comme lui un "développement humaniste"
❙ Bénéficier de fonds d’investissement (Eurefi, BPIfrance…)
❙ Miser sur le « Made in Grand-Est » pour s’approvisionner et créer un cercle local vertueux
❙ Garder la tête froide et une ligne de conduite exemplaire
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