Initiative – Numérique

Une application pour faciliter l'accès à la pierre locale, encourager son réemploi, et valoriser la filière patrimoniale

Le 06/10/2023
par Cécile Vicini
Pour nous en parler, nous avons rencontré Nicolas Lebois, chargé de mission paysage et patrimoine bâti au Parc Naturel Régional de l'Aubrac, qui a contribué à l'élaboration de l'outil "les pierres collectives".
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De gauche à droite : Sylvain Olivier, artisan batisseur, Frédéric Houmault, carrier, Benjamin Deceuninck, directeur de l’Association des Artisans Bâtisseurs en Pierre Sèche, et Nicolas Leblois, chargé de mission Patrimoine bâti au Parc.

La pierre, ce matériau de construction noble, robuste et durable, est atemporel dans le bâti. Certains secteurs d’activité en disposent abondamment sans en avoir l’utilité, d’autres en recherchent avec avidité.

Alors plutôt que d’entretenir ce rapport improductif et afin de tendre vers les valeurs du réemploi, le Parc Naturel Régional de l'Aubrac a décidé de les unifier, à travers une plateforme numérique de mise en relation.

Nicolas Lebois, Chargé de mission paysage et patrimoine bâti au Parc Naturel Régional de l'Aubrac, travaille sur les sujets propres à l’urbanisme, à l’aménagement du paysage, dont le développement de la filière pierre.

Dans une charte à vision long-termiste, et en adéquation avec la volonté des élus locaux, le sujet de la filière pierre a été identifié comme primordial, considérant la pierre comme partie intégrante du paysage, et comme une ressource essentielle dans le milieu agricole et dans le bâti.

"Cette plateforme fonctionne comme un site dédié aux petites annonces, sauf qu'il est orienté sur une dynamique de réemploi et non pas sur de la vente : il s’agit de mettre en relation une personne qui dispose d’un stock de pierres à donner, et une personne qui a un besoin pour un chantier".

Qui sont les donneurs ?

Depuis le lancement de l'application, plusieurs typologies de donneurs sont recensées : un agriculteur qui a effectué un épierrement sur son exploitation, un artisan qui a extrait une grande quantité de pierres suite à des opérations de terrassement, une entreprise ou un particulier qui a un surplus de stock suite à des travaux, les collectivités locales qui ont des ruines sur leur territoire…

"Les pierres sont proposées au don, sous réserve qu’il n’y a pas un intérêt architectural ou de préservation de patrimoine."

Lorsque les pierres n’entrent pas dans le circuit de la plateforme, elles sont destinées à être transformées en granulat, ou sont laissées sur place, à l'abandon, sans traitement, alors qu’elles peuvent être bien utiles à d’autres personnes.

Une plateforme à deux entrées

• La personne qui a la ressource ("je propose des pierres") publie une photo, indique où se trouve le stock, apporte des précisions techniques sur son type de pierre (schiste, granite…), les usages (dallage, lauze, pierre à bâtir…), les conditions de manutention pour la logistique et la livraison.

• La personne qui a un besoin "je cherche des pierres" : il s’agit du porteur de projet, un artisan, un architecte…

Pour faciliter les échanges et affiner les besoins, l’outil inclut un moteur de recherche qui permet de filtrer par entrée géographique, par type de pierre… et fait ressortir ce qui correspond au besoin.

Les artisans, précurseurs dans ce système 

Les artisans étaient les premiers à solliciter les services de l'application : principalement des auto-entrepreneurs, qui travaillent sur la pierre sèche.

"Nous avons ensuite élargi le panel de bénéficiaires à tous les usagers qui ont besoin de pierres."

Le succès est au rendez-vous, mais c’est une demi-surprise pour Nicolas Lebois, qui précise que la création de la plateforme était initiée par une demande de différents acteurs, le tout dans un contexte dans lequel la préservation des savoir-faire séculaires, voire millénaires, prend de plus en plus d’ampleur.

Et ce système vertueux annonce déjà quelques retours positifs : "Un artisan breton souhaitait savoir s'il était possible d’utiliser la plateforme dans sa région. Malheureusement, à ce jour, le périmètre d’action ne sort pas du parc de l’Aubrac, mais cela conforte l’idée qu’il y a de l’intérêt, pas seulement à l’échelle locale, mais sur tout le territoire…", conclut Nicolas Leblois. 

À suivre, donc ! 

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