Portrait

Garage Bonne Route : la passion et la foi

Le 17/02/2020
par Julie Clessienne
Sans chichi, sans blabla, Éric Weiland a su, en a peine dix ans, se tailler une solide réputation dans le milieu très fermé de la voiture ancienne de collection. Son garage mosellan, à quelques encablures de la Sarre (Allemagne), est couru de tous les aficionados de la "marque à l’étoile". Retour sur un virage parfaitement maîtrisé.
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Exigence, passion et travail dans les règles de l’art font d’Éric Weiland un candidat sérieux pour l’obtention du label Entreprise du patrimoine vivant auquel il prétend.

Son garage, Éric Weiland le compare à "une clinique spécialisée". "Nous suivons des malades jusqu’à leur guérison. Et nous héritons des cas les plus compliqués !" En convalescence ici, des voitures anciennes, de l’avant-guerre jusqu’à celles des années 80. Des Mercedes à 80 %. "J’ai toujours aimé cette marque. Quand j’étais jeune, ce n’était pas la voiture de Monsieur Tout Le Monde ! Elles sont dotées d’une mécanique formidable et notre situation géographique a fait qu’on n’allait pas faire de l’anglaise !" Sa spécialisation en la matière fait de lui littéralement un incontournable dans le milieu des initiés. "Je suis régulièrement cité dans la presse spécialisée, comme dans Étoiles Passion, une bible pour les propriétaires de Mercedes." Grâce au bouche-à-oreille, les clients viennent de loin – des pays limitrophes comme de région parisienne – pour bénéficier de son expertise. "J’ai établi avec eux un climat qui va au-delà de la confiance. Ils se fient en général presque toujours à mes recommandations." Car Éric Weiland est un peu "l’homme qui murmure à l’oreille des chevaux… vapeur". Il sait établir le diagnostic, puis mettre tout en branle avec son équipe pour rendre à ses clients exigeants un véhicule parfait. Entre 200 et 300 modèles d’exception transitent par Freyming-Merlebach chaque année, sans compter le téléphone qui sonne sans arrêt, "pour obtenir une 'consultation' à distance".

"Nous avons mis au service de nos clients tout ce qui touche à la voiture ancienne : organisation de rallyes, rôle de consultant, expertise sur les Salons."

Touche-à-tout

Ce qui fait également la force du Garage Bonne Route, c’est la polyvalence de ses huit salariés et de son apprenti, quasiment tous bilingues allemand. "Carrosserie, mécanique, dépannage, tôlerie, peinture (pour laquelle nous sommes certifiés par une célèbre marque), un peu de vente, de la sellerie (en sous-traitance)…, énumère le propriétaire des lieux. Nous avons aussi Matthieu, uniquement préposé à la recherche de pièces rares. Il peut y passer des jours !"  Service dernièrement mis en place : le gardiennage. "Nous maintenons les voitures au chaud et les bichonnons pour qu’elles soient prêtes à être utilisées dès que leur propriétaire le désire." Un service haut de gamme bien apprécié.

Du panache… et de l’audace !

Pourtant, ici, point de courbettes à l’arrivée des clients ou de sols immaculés dans les ateliers. "Nous sommes dans un garage. Je ne suis qu’un mécano. Dyslexique et sans aucun diplôme dans le domaine de l’automobile qui plus est !", assume Éric Weiland avec panache. Sa réussite est sa meilleure carte de visite, sa franchise et sa simplicité ses principaux atouts. "J’ai quitté le monde de l’industrie où j’avais passé vingt de ma vie pour me consacrer à ma passion. J’ai démarré en auto-entrepreneur. Au bout d’un an, j’étais déjà submergé par les demandes et j’ai ouvert le garage en SARL en 2012, sans l’appui des banques. J’ai créé seul toute la méthodologie de travail dans l’atelier en m’appuyant sur mon expérience passée. Sans dénaturer le modèle d’origine et en préservant la patine du temps, j’amène aussi une touche de modernité si cela peut améliorer sa fiabilité, son confort de conduite (ajout d’une direction assistée) et l’amener à durer encore plus."

L’école de la débrouille

Mais travailler comme un mécanicien d’il y a 35 ans a forcément ses limites. En termes de formation et de pérennisation des savoir-faire notamment. "C’est bien sûr notre devoir de transmettre, que ce soit auprès des stagiaires de troisième, des gamins qui sortent d’un CFA ou d’un lycée technique – je reçois d’ailleurs une dizaine de stagiaires chaque année et j’ai embauché deux de mes anciens apprentis –, mais les diplômes ne sont pas en adéquation avec ce qu’on fait ici, affirme-t-il. J’ai tendance à donner plus de crédit à un gamin de 18 ans qui a passé les quatre dernières années à démonter le moteur de sa mobylette qu’à un mec qui sort de BTS."

Il a su

  • Se lancer sur un marché haut de gamme en toute humilité.
  • Diversifier son offre de services pour offrir une prestation complète.
  • Fidéliser sa clientèle en créant un climat de confiance.
  • S’entourer d’une équipe de passionnés plutôt que surdiplômée.
  • Créer une véritable communauté autour de la voiture de collection.
  • S’ancrer dans son territoire frontalier pour capter la clientèle des pays limitrophes.

Tél. : 06 64 95 58 56 - garagebonneroute.com -  Facebook : Garage Bonne Route

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