Economie locale

Maintien des marchés locaux : les CMA proposent leur expertise

Le 26/03/2020
par Samira Hamiche
À des fins de limitation de l'épidémie de Covid-19, les marchés en plein air et couverts sont désormais interdits, sauf exception. Fines connaisseuses du terrain, au plus près des commerces de bouche, les Chambres de métiers et de l'artisanat (CMA) proposent de conseiller les maires qui hésitent à maintenir ou non les marchés.
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Marché de Dinard sous le soleilDepuis le 26 mars, les marchés couverts et de plein air sont interdits, à moins d'une dérogation préfectorale. Comme la plupart, le marché et les halles de Dinard, en Ille-et-Vilaine (photo ci-dessus), ont été fermés au public.

Pour canaliser la propagation du Covid-19, le Gouvernement a imposé, lundi 25 mars, la fermeture des marchés, qu'ils soient couverts ou en plein air. Les maires peuvent néanmoins solliciter une dérogation auprès des préfets, à qui revient le dernier mot : maintien ou suspension. 

Cette souplesse accordée par l'État permet à la fois de préserver l'activité des agriculteurs et d'assurer l’approvisionnement en denrées alimentaires dans les zones les moins pourvues en commerces de bouche.

Les CMA demandent à être consultées

L'appréciation se fait "au cas par cas, en fonction de considérations locales multiples", note le réseau des Chambres de métiers et de l'artisanat (CMA France) dans un communiqué. L'institution, qui prend acte de cette mesure sanitaire, propose les services de son réseau aux édiles et aux préfets, "pour une meilleure appréciation des enjeux économiques du maintien ou de la fermeture des marchés".

Mieux, CMA France réclame une consultation "obligatoire" de ses services par les préfets sollicités pour une dérogation. Le maillage des Chambres de métiers et de l'artisanat (antennes départementales, en ville comme à la campagne) est tel, en effet, que les consulaires maîtrisent finement les spécificités de l'économie locale sur chaque territoire, urbain comme rural.

Le réseau des CMA invite les préfets à trancher selon des critères de bon sens, tels que la "typologie de chaque territoire, la distance kilométrique de la population avec les moyennes et grandes surfaces, la capacité à appliquer les règles sanitaires les plus strictes", ou encore "la situation locale des maraîchers et des artisans (bouchers, poissonniers, fromagers, etc.)".

"Deux poids, deux mesures"

Du côté des organisations professionnelles, l'heure est à la grogne et au sentiment d'injustice. Dans un communiqué en date du 24 mars, l'Union des entreprises de proximité (U2P) pointe une politique gouvernementale à deux vitesses, favorisant les géants de la distribution au détriment des artisans locaux.

"La fermeture des marchés couverts, type halles, est totalement incompréhensible et injustifiée. Leur configuration permet en effet, comme à l’entrée de toute grande surface alimentaire, de gérer l’afflux de clients", argumente l'U2P. L'organisation appelle les préfets "à inviter les maires à rouvrir au plus vite" les marchés, en assurant les précautions sanitaires.

Même tonalité du côté de la Confédération générale de l’alimentation en détail CGAD, qui invite à la réouverture des marchés respectant un protocole sanitaire fiable. Dans un entretien accordé à la chaîne Public Sénat, le président de l'organisation, Joël Mauvigney, rappelle que des mesures efficaces ont été prises sur certains marchés, preuve que ces derniers n'ont rien à envier aux supermarchés...

"Nous avions déjà mis en place sur de nombreux marchés tout un système de marquage au sol pour obliger les gens à s'espacer, et des portiers pour filtrer la clientèle, organiser les files d'attente, pour qu'il n'y ait pas trop d'affluence en même temps. C’est donc possible ! Les personnes ne sont pas moins les unes sur les autres dans les rayons de certains supermarchés", développe le président de la CGAD, qui précise avoir écrit aux maires pour les rassurer quant au risque sanitaire.

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