Analyse

100 à 150.000 faillites de TPE attendues en 2021

Le 18/03/2021
par Benjamin d'Alguerre et Laetitia Muller
L’Association GSC et la société Altares ont dévoilé le 16 mars, la 5e édition de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs. En 2020, 33.189 chefs d’entreprise ont perdu leur activité professionnelle : soit une diminution de 31,4% par rapport à 2019. Belle preuve de l’efficacité des mesures anti-faillites mises en place par le Gouvernement. Mais que va-t-il se passer quand les perfusions vont cesser ? Si l’hécatombe a été contenue temporairement, la sortie de crise, qui rimera avec baisse et suppression des aides, risque de laisser bien des TPE sur le carreau.
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C’est une bombe à retardement qui pourrait exploser en 2021. Selon les chiffres que l’Association GSC, le régime d’assurance perte d'emploi des chefs d’entreprise, a dévoilés le 16 mars dernier, près de 100 à 150.000 entreprises individuelles pourraient connaître une défaillance en 2021.

Contrecoup de la crise et des filets de sécurité financiers déployés par le Gouvernement pendant celle-ci…

"En 2020, nous n’avons enregistré que 30 à 35.000 défaillances grâce aux Prêts garantis par l’État (PGE), au fonds de solidarité et aux aides aux entreprises déployées par l’État, ainsi qu'aux consignes données à l’Urssaf de ne pas envoyer les défaillants devant les tribunaux de commerce, mais le gros de la vague est devant nous", prévient Anthony Streicher, président de l’association.

En vitesse de croisière, environ 50.000 TPE ferment le rideau chaque année.

En 2020, la perfusion financière de l’État a permis à nombre d’entre elles de rester à flots… mais attention aux faillites en série dès l’arrêt des aides gouvernementales !

En amont de la crise, déjà, la Banque de France tirait la sonnette d’alarme sur la fragilité d’environ 100.000 TPE ne disposant que de trente jours de trésorerie d’avance. "Toutes ces problématiques vont ressurgir d’un coup", avertit Anthony Streicher.

Qui sont les chefs d’entreprise visés ?

Les gérants de TPE ont mieux résisté en 2020, par rapport aux PME fortement impactées.

Selon l’étude, les entrepreneurs à la tête de TPE (structures de moins de 5 salariés) connaissent le plus fort recul de perte d’emploi. Il s’agit généralement de jeunes entreprises qui ont fait preuve de plus de souplesse et d’une transformation rapide pour s’adapter au contexte.

Cependant, 9 dirigeants sur 10 en situation de chômage en 2020 avaient une entreprise de moins de 5 salariés soit 27.147 chefs d’entreprise.

Les chefs de moyennes entreprises, souvent installés depuis plusieurs années dans leur secteur, ont quant à eux connu la plus forte progression (+ 20,9% en un an). L’agilité, indispensable dans un contexte de crise, n’est pas aussi bien ancrée dans les structures de plus grande taille…

Quels sont les secteurs les plus touchés ?

L’ensemble des secteurs est marqué par la baisse.

Les entrepreneurs de la construction (7.179) et du commerce (7.056) représentent près de la moitié des pertes d’emploi malgré une baisse respective de 36% et 33%.

Les activités de commerce considérées pendant les confinements comme "non-essentielles" concentrent les plus faibles reculs : - 25,9% pour le commerce de l’habillement contre - 33,5% pour les commerces alimentaires.

Dans le domaine de l’hébergement, de la restauration et des débits de boissons, 4.377 femmes et hommes se sont retrouvés au chômage en 2020. Le secteur de la restauration concentre à lui seul plus des trois quarts des chefs d’entreprise impactés, malgré les aides apportées aux secteurs à l’arrêt durant la crise.

Quels sont les territoires les plus impactés ?

S’agissant de la répartition géographique, l’ensemble du territoire enregistre une diminution du nombre d’entrepreneurs en situation de perte d’emploi.

Trois régions enregistrent une baisse des pertes d’emploi des dirigeants supérieure à 35% :

  • Grand Est (2.271, soit - 35,1%) ;
  • Auvergne-Rhône-Alpes (3.362 soit - 36,6%) ;
  • Centre-Val de Loire (985 soit - 36,8%).

Les régions Ile-de-France (23,9%), Auvergne-Rhône-Alpes (10,8%) et Paca (10,7%) représentent à elles seules près de la moitié des pertes d’emploi en France.

Le risque de destructions d’emplois est réel, et sa survenue devrait coïncider avec le débranchement des perfusions d’aides.

Ainsi, pour éviter cet effet domino, le Gouvernement tente de diminuer son soutien progressivement et d’allonger en parallèle les échéanciers de remboursement des prêts.

Les données sont issues de l’étude des entreprises en liquidation judiciaire prononcée par le tribunal de commerce ou de grande instance. Ne sont pas intégrées les procédures à l’amiable de dissolution ou de liquidation de même que les révocations des mandataires sociaux.

 

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