Sommet social

L'exécutif amorce l'après-crise

Le 16/03/2021
par Benjamin d'Alguerre
La conférence de dialogue social du 15 mars 2021 a balisé le terrain d’un nouveau "monde d’après". Le Gouvernement a annoncé aux partenaires sociaux et aux représentants des Régions son intention d’abandonner progressivement les aides d’urgence dont les entreprises bénéficient depuis le premier confinement de mars 2020.
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Selon Bercy, le soutien financier de l’État à l’activité économique a permis de limiter la casse avec "seulement" 320.000 destructions d’emplois là où les prévisions initiales en prévoyaient près d’un million.

Mais le "quoi qu’il en coûte" a un prix :

  • 18 milliards d’euros pour le fonds de solidarité,
  • 28 milliards pour l’activité partielle,
  • 4 milliards d’exonérations de charges,
  • 135 milliards de prêts garantis par l’État

… pour le bénéfice de 650.000 entreprises.

Dans la perspective d’une reprise dès 2021 marquée par une croissance forte (6% en 2021), l’exécutif a décidé de fermer progressivement le robinet.

Maintien des aides à l'embauche

Toutefois, le désengagement sera mesuré et étalé dans le temps.

Les aides à l’embauche des jeunes (AEJ) déployées dans le cadre du plan "1 Jeune, 1 Solution" (4.000€ pour un jeune de moins de 26 ans) seront maintenues jusqu’au 31 mai mais recentrées sur les salaires inférieurs à 1,6 Smic. Le ministère du Travail a annoncé la prolongation du 1er avril au 31 mai 2021, pour les salaires limités à 1,6 Smic.

Maintien à l’identique également des aides à l’embauche d’alternants (apprentis ou contrats de professionnalisation) : le versement de 5.000€ pour tout recrutement d’un alternant mineur et de 8.000€ pour un majeur continuera à profiter aux entreprises afin de ne pas briser la dynamique de l’apprentissage enregistrée depuis 2019.

Une prolongation des aides jusqu’au 31 décembre 2021 ?

Concernant les aides à l'embauche d'alternants, la prolongation a été annoncée jusqu’au 31 décembre 2021 pour toutes les entreprises, quels que soient leur taille et le niveau d’études des jeunes embauchés. Les décrets, nécessaires pour acter la prolongation de ces aides devraient paraître prochainement. Nous vous tiendrons informés.

Un "signal fort" selon Joël Fourny, président de CMA France, qui considère que "le prolongement de ces aides était indispensable" pour maintenir la bonne dynamique de l'apprentissage en 2020 "malgré un contexte écnomique difficile". Si "cette première annonce va dans le bon sens", la tête de réseau des CMA entend poursuivre sa mobilisation pour sécuriser le parcours des apprentis, aider les entreprises à les accueillir et préparer "l’après".

Une prime Macron version 2021

Alors que les branches sont invitées à négocier sur la revalorisation des travailleurs de deuxième ligne, les employeurs seront autorisés à verser une nouvelle prime désocialisée et défiscalisée à leurs salariés pour donner un coup de pouce à leur pouvoir d’achat.

D'un montant maximum de 1.000€, cette prime pourra être doublée pour les entreprises ayant conclu un accord d’intéressement avant la fin de l’année ou celles engagées dans une négociation de valorisation des métiers.

Agenda de sortie de crise

Enfin, l’agenda social édicté par Matignon a tenu compte de la décision des partenaires sociaux de se doter d’un agenda autonome.

Plusieurs concertations devraient ainsi s’engager en avril sur le pilotage de l’assurance-chômage et sur la correction des angles morts de la réforme de la formation professionnelle de 2018.

Il pourrait y être question de :

  • développer la VAE (validation des aquis de l'expérience),
  • mais aussi de réformer la gouvernance de France Compétences, l’organisme gestionnaire et distributeur des fonds de la formation
  • ou encore de mettre en place un fonds particulier de financement de la formation pour les entreprises de 50 à 300 salariés "oubliées" de la loi Pénicaud.

D’autres discussions relatives au partage de la valeur sont aussi prévues ainsi qu’une concertation générale sur la sortie de crise où seront notamment étudiés les scénarios de levée des restrictions sanitaires, la sortie de la crise sanitaire en elle-même et les changements durables induits par la crise.

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