Focus métier

Artisans déménageurs : des atouts dans les cartons

Le 06/01/2020
par Sylvain Villaume
Moins d’un quart des Français qui déménagent font appel à une entreprise spécialisée. C’est dire la marge de progression d’une profession qui gagne à être (re)connue. Il ne lui faut pas seulement séduire les clients, mais aussi la main-d’œuvre. Le point avec Thierry Gros, président d’une des plus vieilles organisations professionnelles du pays.
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Un chiffre dit en partie la difficulté qui s’offre aux professionnels du déménagement quand il s’agit de dresser l’état des lieux de leur activité : en France, seulement 22 % des particuliers qui changent de domicile font appel à une entreprise spécialisée. Plusieurs explications sont avancées, inventoriées par Thierry Gros, président de la Chambre syndicale du déménagement (CSD) : « Un, le coût, non négligeable. Deux, le développement des plateformes collaboratives. Trois, la mauvaise image ou l’absence d’image dont souffre notre métier. »

Fondée en 1890, la CSD est une des plus vieilles organisations professionnelles du pays. Elle compte un peu plus de 750 adhérents sur 1 300 entreprises de déménagement, dont 95 % possèdent moins de dix salariés. L’OTRE (Organisation des transporteurs routiers européens) en rallie quelques dizaines d’autres, « et le solde est dans la nature », constate Thierry Gros.


«  Avant, un déménagement était vécu comme un drame. Aujourd’hui, c’est une opportunité : la mobilité est un atout et nous en sommes l’acteur principal.  » Thierry Gros 

© Sébastien Delarque

L’enjeu du recrutement

C’est dire si la profession (13 000 salariés au total) se doit de prospecter tous azimuts, en son sein comme en direction du public, pour s’organiser et défendre ses intérêts d’une part, pour prospérer d’autre part. « Nous avons des progrès à réaliser en matière de communication, reconnaît Thierry Gros. Il faut rajeunir nos méthodes, investir les réseaux sociaux par exemple, et embaucher des jeunes. »

Le recrutement, c’est l’un des enjeux du moment : « Nous sommes ouverts à tous les publics. Un jeune qui quitte l’école à 16 ans, étaye Thierry Gros, nous lui proposons une perspective de carrière à la seule condition qu’il soit en bonne santé. Il y a encore vingt ans, et même quinze, nous recrutions des fils d’agriculteurs, au prétexte qu’ils étaient musclés. De nos jours, nous apprenons à nos employés les bonnes méthodes de portage. Nous peinons notamment à trouver des chauffeurs poids lourds, qui préfèrent un emploi de routier, plutôt que d’avoir en plus à porter ! Nous devons les payer en conséquence… »

Concurrence en ligne

Autre écueil : l’émergence de déménageurs à bas coûts, trouvés sur Internet. « Sans personnel formé, sans le matériel adapté, sans les assurances requises, sans inscription au registre des transporteurs », indique Thierry Gros. Les mauvaises surprises attendent alors les clients au coin de leur nouvelle rue.

Pour tenter de contrer ce phénomène, la CSD a lancé le site demenager-pratique.com, qui recense les entreprises sérieuses. Beaucoup, désormais, accompagnent la prestation de base de services appréciés, comme les formalités de changements d’adresse et d’abonnements (Internet, eau, électricité, salle de sport…). Au final, Thierry Gros se veut optimiste : « Nous disposons d’une belle marge de progression ! »

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