Focus métier

Artisans taxi : vivre avec son époque

Le 26/03/2020
par Sylvain Villaume
Un temps déstabilisé par l’arrivée des plateformes de VTC, le métier de chauffeur de taxi a su reprendre le dessus et se mettre au goût du jour en adoptant à son tour les outils numériques. Le point avec Michel Gougeon, président de la Fédération nationale des artisans du taxi (Fnat).
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"Nous avons su nous remettre en cause", affirme Michel Gougeon, qui préside la Fédération nationale des artisans du taxi. La Fnat est l’une des trois organisations professionnelles d’un secteur qui retrouve ses repères après avoir été déstabilisé, voire ébranlé, par l’apparition des plateformes de VTC (véhicules de transports avec chauffeur) dont le principal acteur a donné son nom à un véritable phénomène social et sociétal : ubérisation !

Si, au départ, les VTC ont séduit un public essentiellement parisien ou métropolitain, leur émergence a conduit les chauffeurs de taxi* traditionnels à réagir. "Si bien que, si la qualité de service apportée par les VTC a pu s’avérer meilleure, ce n’est plus le cas aujourd’hui et notre activité est en train de reprendre le dessus, estime Michel Gougeon. Notre profession a su se valoriser, rehaussant le service et notamment le confort des véhicules." 

Et le président de la Fnat, installé à Laval (Mayenne), de citer un exemple tiré de l’actualité : la grève des transports en commun en Île-de-France en décembre 2019 et janvier 2020. "Nos tarifs étant réglementés, nos clients n’ont pas eu les mauvaises surprises rencontrées avec certains VTC qui ont pratiqué des écarts de prix incompréhensibles. Dans une telle période, nous sommes apparus comme une solution plus fiable."

"Nous n’avons pas le monopole du transport et nous sommes respectueux de chacun, dès lors que les règles sont respectées et que la concurrence reste loyale", Michel Gougeon, Président de la Fnat

"Relation améliorée"

Dans de plus en plus de villes et d’agglomérations, les artisans taxi se dotent à leur tour d’applications numériques et remplacent leurs vieux systèmes de communication radio par des outils reliés aux smartphones. "La relation avec les clients s’en trouve améliorée, constate Michel Gougeon. L’utilisation de moyens modernes bouscule parfois les habitudes, la transition peut prendre un peu de temps, mais c’est un passage obligé. La récente loi d’orientation sur les mobilités prévoit la généralisation de l’open data : c’est pour nous une occasion d’améliorer encore nos services grâce à la géolocalisation, l’information en temps réel… Il faut vivre avec son temps !"

Tandis que les plateformes de VTC peinent à conserver des chauffeurs soumis à des conditions de travail et de rémunération peu engageantes (Uber a d'ailleurs été sanctionné par la Cour de cassation en mars, estimant qu'un chauffeur employé par la plateforme n'est pas un "indépendant" mais un "salarié"), Michel Gougeon souligne à l’opposé l’attrait du métier de taxi : "Des jeunes s’engagent, se forment, décrochent un emploi dans la plupart des cas. Ils disposent d’une convention collective intéressante. Il est rare que quelqu’un entré dans la profession n’y soit plus vingt ans plus tard, preuve que l’activité est attractive."

Environ 60 000 licences taxi sont recensées en France, dont près de 18 000 à Paris et dans sa première couronne. 

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