Portrait

Bernard Crebassa, le nouveau président de la FNAT 

Le 28/07/2022
par Propos recueillis par Cécile Vicini
En juin dernier, Bernard Crebassa a été nommé à la présidence de la Fédération Nationale des Artisans du Taxi. À la tête d’une entreprise de 21 salariés et ancré dans le métier depuis près de 20 ans, il succède à Michel Gougeon. Alors quelles sont ses ambitions et quelle est sa feuille de route ? Entretien. 
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Le monde des artisans : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

Bernard Crebassa : J’ai démarré comme beaucoup d’entre nous, seul derrière mon volant en tant qu’indépendant, puis j'ai intégré le groupement des taxis de Béziers. Pendant de nombreuses années, je me suis consacré au développement de la clientèle et des partenariats pour le groupe. 

Par la suite, j’ai développé mon entreprise de taxi avec le transport médical, le transport de colis, mais aussi le transport de personnes en situation de handicap

Quel est votre parcours professionnel ? 

J’ai une formation de pâtissier, métier que j’ai exercé quelques années. J’ai très rapidement changé de voie pour m’orienter vers des activités de services qui viennent en aide aux autres.

Le hasard de la vie m’a fait rencontrer des personnes exerçant le métier de chauffeur de taxi et, en discutant avec eux, je me suis dit : pourquoi pas ce métier ? 

J’exerce ce métier avec plaisir, avec l’envie de le défendre et de transmettre ses valeurs comme la disponibilité, le sens du service, et l'écoute des clients.

Très rapidement, je me suis investi dans la défense de la profession au niveau départemental au sein du bureau de la FNAT de l’Hérault aux côtés de André Garcia, qui était président à cette époque. Il m’a fait connaître la complexité des rouages de nos institutions et je lui ai succédé en 2013

Actuellement, je suis également élu à la CRMA OCCITANIE, Président de la CNAMS 34 et Président de l’U2P 34. 

Quelle est votre vision sur l’avenir du métier ? 

Dès le rapport Attali, je n’ai eu de cesse de dénoncer les dangers inévitables de la dérèglementation pour l’avenir de notre profession. 

À cette époque, le gouvernement nous faisait déjà comprendre que nous devions évoluer pour satisfaire la clientèle

Certains de nos collègues ont longtemps pensé que nous étions une profession irremplaçable, ce qui a engendré pour laquelle un certain immobilisme. 

L’avenir leur a donné tort et a entrainé les réformes engagées par les différents gouvernements. 

De plus, l’arrivée des plateformes a complètement bouleversé le marché, ce qui nous a amené à repenser nos modes de fonctionnement. 

Même si je comprends la réticence de certains, nous devons rapidement faire évoluer notre métier afin de répondre aux nouvelles demandes de la part des clients, notamment les nouvelles générations.  L’ intermodalité et les nouveaux outils numériques nous rappellent cette réalité. 

Nous devons redonner de la valeur ajoutée à notre profession en maintenant un lien social dans un environnement de plus en plus dématérialisé. Certaines applications aimeraient faire de nous des sous-traitants, ce à quoi je m’oppose totalement. 

Notre profession aujourd’hui doit être exercée par des artisans ou des salariés ayant à cœur d’accomplir leur métier et d’en vivre dignement. 

Dans beaucoup de villes, les taxis se sont regroupés afin d’améliorer le panel de services. Cette démarche doit aller beaucoup plus loin en proposant à tous les taxis des systèmes d’appel ou de commande communs.

L’objectif est d’éviter aux clients d’avoir à télécharger plusieurs applications ou à chercher des coordonnées téléphoniques à chaque déplacement. 

Ces solutions peuvent nous aider à faire face aux applications internationales, soutenues par d’énormes moyens financiers, qui risquent, à terme, de monopoliser le marché. 

Quels sont vos projets et vos priorités ? 

Je souhaite rencontrer rapidement nos nouveaux interlocuteurs institutionnels pour assurer la continuité des dossiers en cours et surtout la réalisation de la feuille de route qui avait été arrêtée par le précédent gouvernement. 

D’autres dossiers doivent être abordés rapidement, tel que la création de sous-classes, demandées depuis de nombreuses années, pour distinguer les différentes activités du T3P

Je m’engage à défendre de mon mieux les intérêts de l’ensemble de la profession, à savoir les taxis ruraux et les taxis urbains, et ce, quel que soit leur statut. 

Pour ce faire, je souhaite valoriser les taxis ruraux qui exercent souvent des missions de services publics à travers les transports scolaires et médicaux, et les taxis urbains qui sont la meilleure alternative à la voiture particulière et donc, un acteur de la transition écologique

Cependant, nous regrettons qu’il n’existe toujours pas d’offre de véhicules propres adaptée à la profession. 

De même, les pouvoirs publics ont énormément de retard sur les installations de bornes de recharge pour les voitures électriques, et autres infrastructures essentielles à notre activité. 

C’est pourquoi nous demandons une véritable politique d’accompagnement dans la transition écologique globale, avec notamment des aides pour un renouvellement rapide du parc automobile. 

Enfin, il est évident que je prendrai en compte toutes les idées de chacune et de chacun qui valoriseront l’image du métier de taxi et qui le placeront comme un acteur incontournable du transport public de personnes

>> En savoir plus sur la FNAT. 

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