Reprise d'entreprise

Boucherie Bertrand : un mariage non-conventionnel

Le 10/05/2023
par Marine Anthony
Un jeune couple et une éleveuse bio décident de s’associer pour reprendre le poumon économique de Bagnols, une commune de 400 habitants dans le Puy-de-Dôme, la boucherie Bertrand. Le défi est audacieux, le mariage non conventionnel, mais la recette fonctionne…
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Au départ de cette aventure : une belle rencontre certes, mais surtout des contraintes de taille dans la besace des futurs porteurs de projet…

Aurélie et Grégoire Rousseaux, un couple de trentenaires, arrivent dans la région en 2016 pour reprendre la boucherie Bertrand. Ils commencent comme salariés avant de se lancer dans la bataille de la reprise.

→ Le verdict est sans appel : malgré l’acquisition précieuse des secrets de la maison, l’ampleur du projet et leur jeune âge freinent les banquiers.

M. Bertrand, maître des lieux, commence à s’essouffler. Lui qui a su faire rayonner la boucherie bien au-delà de l’Artense ne peut imaginer mettre fin à tant d’effervescence humaine et économique.

20 employés, une dynamique locale et des voyageurs – n’hésitant pas à faire une halte pour se ravitailler en viande, charcuteries, friandises, vins et confitures du terroir – sont toujours à reprendre ! 

Alors que, de son côté, Muriel Manaranche, éleveuse bio de salers et de porcs, peine à faire découper ses animaux dans les environs et perd un temps considérable sur les routes, une lueur d’espoir naît quand ses enfants sympathisent avec Aurélie et Grégoire. 

Dans sa ligne de mire : des locaux adaptés à l’accueil d’une activité de découpe pour des éleveurs bio qui, comme elle, travaillent en vente directe.

De la boutade à l’association, un pas ou presque !

Les faiblesses des uns et des autres vont alors se transformer en de réels atouts en dépit des critiques de deux mondes (artisans versus agriculteurs) que personne ne souhaitait voir associés et pourtant si complémentaires.

Grégoire et Aurélie ont la maîtrise du métier, Muriel et ses fils celle de la sélection des animaux, une corde supplémentaire garantissant des prix justes et toujours plus de qualité.

Ce sont finalement 5 associés qui rassemblent leurs forces, savoir-faire et finances pour entamer les démarches de reprise.

"Le soutien mutuel, l’expression et l’écoute de chacun sont les fondamentaux de notre bon fonctionnement."

Avec l’aide de la communauté de communes et de France Active Auvergne (mouvement associatif se portant garant et accompagnant les entreprises dites engagées), ils convainquent une banque locale, très investie dans le montage du dossier, reprennent la boucherie en 2020 et, depuis, perpétuent son succès avec l’ensemble de la brigade, toujours fidèle au poste et "très attachée à ce que l’outil perdure", souligne Muriel Manaranche.

Des engagements qui font la différence

L’entreprise place le bien-être animal au cœur de ses préoccupations et prend le parti de sélectionner les bêtes exclusivement auprès d’éleveurs locaux, tous installés à moins de 50 km de Bagnols. Le dernier en date, un agriculteur sous label, fait tout de A à Z : de la fabrication de céréales jusqu’à l’abattage des volailles au sein de la ferme. Suppression d’intermédiaires, transport minimal, stress animal réduit, traçabilité…, la boucherie s’inscrit dans un cercle vertueux qui sert à la fois les animaux, les éleveurs et… les consommateurs !

 

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