Art de vivre

Ces artisans "éco-friendly"

Le 16/12/2016
par Marjolaine Desmartin
Qu’ils créent des accessoires à partir de skates usagés, recyclent des copeaux de bois en galettes combustibles ou mettent en scène des fleurs dans le respect de l’environnement et le bien-être des hommes, ces trois artisans ont su faire rimer "éco-responsabilité" et "ingéniosité", "création" et "imagination".
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Romain Girard, sa matière première dans les mains.

ROMAIN GIRARD, CRÉATEUR : La planche… à découper

Réaliser des lunettes solaires à partir de planches de skateboard usagées : c’est le pari fou qu’a relevé Romain Girard. Séduit par les valeurs du skate – liberté et respect de l’environnement –, cet ancien opticien donne une seconde vie aux planches usées de ses amis. Dans son atelier de Blois (Loir-et-Cher), il découpe, ponce et modèle des pièces originales, aux « balafres » uniques. Des lunettes, mais pas seulement… Sous les doigts de Romain naissent boucles d’oreilles, bagues, horloges et instruments de musique. Une manière d’attirer une clientèle plus large et de recycler tout le skate. "Il y avait beaucoup de rebuts sur une planche utilisée pour créer des lunettes." L’artisan a à cœur de préserver l’environnement – il se sert de colles à solvants éco-labellisés – et de se battre contre le gaspillage. "Nous sommes dans un monde de consommation, où l’on rachète tout le temps."

La compagne de Romain apporte son "regard féminin" aux bijoux : taille, volume, association de couleurs… Elle n’a pas hésité à le soutenir dans ce changement de carrière, motivé par une certaine lassitude : "J’en avais assez de vendre. Je voulais travailler sur des éléments, réparer les choses." Le jeune homme a pris le temps de consolider son activité avant de quitter son poste d’opticien. Il a créé sa première paire de lunettes il y a trois ans et demi et son entreprise le 26 mai 2015. "Aujourd’hui, j’en vis correctement. Les mois avant les fêtes sont les plus fastes." En un an, Romain vend une centaine de bijoux et cinq à six horloges.

www.lab-skate.fr | Facebook : @labskate41

SOPHIE LE CORRE, FLEURISTE : Artisanat, tendance et développement durable

 

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À elle, le Pompon. En décembre 2012, Sophie Le Corre ouvre sa boutique de fleurs, Pompon, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). À la main verte, l’artisane allie le regard aiguisé et l’esprit débordant d’imagination. Et pour cause : Sophie a eu plusieurs vies. Photographe, webmaster… "On a les mêmes réflexes en tant que photographe que fleuriste, assure-t-elle. Il faut être pragmatique, toujours à la pointe, à l’écoute des technologies, des modes et des tendances. Il faut avoir un côté pratique et de la créativité." Pompon est très axée décoration, jardin. Entre objets chinés et mobilier design, la boutique conjugue le rétro et le contemporain, coquette maison à la fois simple et moderne. Sophie travaille avec de petits artisans créateurs : céramistes, designers, graphistes…

Elle est labellisée éco-responsable. "On est venu me démarcher parce que je correspondais dans les grandes lignes à la charte. J’ai affiné par la suite en fonction, et des conseillers m’ont orientée sur certains choix." Entre autres choses, l’artisane est aujourd’hui très attentive aux labels des fleurs d’import, "qui garantissent notamment que les gens qui travaillent à l’étranger sont formés".

Elle ambitionne aussi de se diriger vers le bio. "C’est un véritable désir. Nous allons développer des partenariats avec des producteurs bio." Le 26 novembre, Sophie était à la Recyclerie de Saint-Ouen, un tiers lieu de loisirs qui sensibilise le grand public aux alternatives de manière ludique.

www.boutique-pompon.fr

MARC TARDIEU, MENUISIER : Des copeaux comme galettes combustibles

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En 1994, Marc Tardieu reprend la menuiserie fondée par son père en 1958. Située à Plan d’Orgon (Bouches-du-Rhône), l’entreprise se spécialise dans la fabrication d’aménagements extérieurs et intérieurs (fenêtres, escaliers, cuisines…). Elle intègre les enjeux environnementaux depuis longtemps. "Toute notre production est basée sur des bois certifiés, dont nous pouvons garantir la traçabilité", explique le maître artisan et maître d’apprentissage confirmé. Qui allie la créativité à la démarche éco-responsable : les chutes et copeaux de bois aspirés dans l’atelier sont passés à la presse à briquettes afin de servir de combustible à la chaudière de l’entreprise. Le conduit de cheminée est d’ailleurs équipé d’un filtre à particules. "Nous sommes autosuffisants pour toute la saison de chauffe, en période hivernale." Les déchets non recyclables sont triés.

La menuiserie Tardieu est multi-labellisée : Qualibat, RGE. À propos de ce dernier label, signifiant "Reconnu garant de l’environnement", Marc Tardieu raconte : "Il y a quelques années, j’ai suivi une formation, sanctionnée par un examen, pour y prétendre. Être qualifiés RGE valorise notre savoir-faire dans le domaine de la rénovation énergétique et permet à nos clients de bénéficier d’une TVA de 5,5 % et d’un crédit d’impôt."

Le maître artisan cultive – et développe – les valeurs de son père. "Je veux laisser une planète propre aux générations futures", souligne-t-il.

www.menuiserie-tardieu.com

Valorisez votre engagement éco-responsable

Vous êtes éco-responsable ? Criez-le sur les toits ! Le label « Éco-défis des commerçants et artisans » valorise les entreprises qui mettent en place des actions concrètes en faveur de l’environnement. Pour l’obtenir, elles doivent relever au moins trois défis (relatifs à l’énergie, aux déchets, à la gestion de l’eau, etc.) et bénéficient, pour les y aider, d’un accompagnement gratuit et personnalisé dispensé par les chambres consulaires. Les artisans labellisés peuvent ainsi communiquer sur leur exemplarité auprès de leurs clients.

D’autres labels existent, à l’instar de « Répar’Acteurs ». Tout artisan de la réparation intéressé peut l’obtenir en signant une charte avec sa CMA, dans laquelle il s’engage à faire la promotion de la réparation et à avoir une gestion environnementale minimisant les impacts de son activité. En contrepartie, il bénéficie gratuitement d’outils de communication et est référencé sur un annuaire Web dédié. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre chambre de métiers pour connaître les différents labels.

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