Anniversaire

CMA d’Alsace : 120 ans en faveur de la cause artisanale

Le 03/02/2020
par Julie Clessienne
La Chambre de Métiers d’Alsace a fêté officiellement vendredi 31 janvier 2020 ses 120 ans. Une cérémonie parrainée par Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, en présence de très nombreuses personnalités locales. Son président Bernard Stalter n’a pas manqué d’y rappeler que la doyenne des CMA a longtemps été, et se veut toujours, une locomotive pour la cause artisanale en France et un laboratoire d’innovations.
Partager :
Pour les 120 ans de la CMA d'Alsace, Bernard Stalter, entouré de ses trois vice-présidents, a placé au centre des festivités le slogan "être par la tradition, devenir par l'innovation".

Les marches de la Chambre de Métiers d’Alsace sont toutes de rouge parées en ce 31 janvier. Largement mobilisés pour l’occasion : tous les élus de la CMA et des personnalités locales venues en nombre, comme Jean Rottner, président de la Région Grand Est. Place de choix a été laissée aussi aux apprentis des CFA d’Eschau, Colmar et Mulhouse, invités à former une haie d’honneur, toute symbolique, à l’entrée du siège de la CMA, à Schiltigheim, dans la proche banlieue strasbourgeoise. En cette date, personne n’a perdu de vue que, la cérémonie en l’honneur des 120 ans de la CMA d’Alsace correspond aussi au lancement de la 2e Semaine de l’apprentissage dans l’artisanat… Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, a fait le déplacement pour présider l’événement. Celle qui a œuvré pour la création de la Collectivité européenne d’Alsace, qui verra le jour le 1er janvier 2021, a été accueillie avec chaleur par Bernard Stalter et les trois vice-présidents de la CMA d’Alsace, Jean-Louis Freyd, Christian Keller et Raphaël Kempf.

Retour aux origines

Retracer les 120 ans de la Chambre de Métiers d’Alsace, c’est aussi retracer l’histoire d’une région marquée par ses drames, des aléas… Il y a 120 ans, l’Alsace est sous le joug prussien. En ce 28 mai 1900, c’est un gouverneur impérial, le Prince d’Hohenlohe Laugenbourg, qui rappelle alors aux premiers élus les missions de cette Chambre de Métiers d’Alsace-Lorraine : "permettre aux artisans de se prendre en charge et leur faciliter l’accès aux aides du gouvernement". Des missions très similaires à celles qu’on leur attribue encore aujourd’hui ! À cette époque, cette chambre, parmi les premières créées sous l’Empire allemand, se structure : représentation des intérêts généraux de l’artisanat, défense des intérêts corporatistes, organisation de l’apprentissage (cours professionnels, examens, formation des futurs maîtres), mutuelles, coopératives d’achat…

« Plus que jamais, cette histoire résonne dans notre actualité. Après des décades de tergiversation sur l’apprentissage, nous sommes à nouveau face à une crise de main-d’œuvre. L’apprentissage reste la bonne réponse à l’insertion professionnelle des jeunes », Bernard Stalter

Au sortir de la Grande Guerre, après 48 ans de séparation, l’Alsace et la Lorraine repassent sous le drapeau français. À l’heure de la reconstruction et alors que les besoins de main-d’œuvre sont primordiaux, les mérites de cette "institution autonome et officielle de défense des métiers et d’organisation de l’apprentissage" sont vantés par les responsables artisanaux de l’époque dans les principales villes de France. En 1928, la promulgation d’un décret d’application consacre leur existence officielle. Les CMA de Haute-Marne et de Seine-Maritime seront créées dans les mois qui suivent, à l’image de celle d’Alsace-Lorraine…

"C’est dans notre vénérable Gazette des métiers* qu’en 1920 apparaît un néologisme devenu aujourd’hui notre maître-mot : le terme ‘artisanat’, utilisé pour la première fois et donc forgé en Alsace !", Bernard Stalter

Spécificités locales et régionalisation

Si d’une période bousculée de l’histoire française, l’artisanat au sens large a pu se structurer et sortir son épingle du jeu, c’est aussi, d’après Bernard Stalter parce que "l’organisation artisanale, particulièrement aboutie, a fait partie des éléments qui ont constitué ce qui est aujourd’hui le droit local. C’est pour cela que celui-ci n’est pas un problème. C’est un atout pour tout le monde." Et de rappeler : "Ce modèle a fonctionné et il fonctionne encore car il a su, à partir d’un périmètre très vaste, organiser la proximité, la présence locale, servir les artisans là où ils se trouvent." Une des spécificités de la CMA d’Alsace porte par exemple sur son système électoral où des représentants sont élus à l’échelle d’arrondissement (trois en l’occurrence). Dans un contexte où les fonctions régaliennes des CMA tendent à disparaître, cette organisation à part est désormais perçue comme un "élément de modernité" pour Bernard Stalter : "Les artisans, comme les citoyens ont besoin d’être entendus et les services doivent leur être rendus là où ils sont". Et alors que la régionalisation par fusion des chambres départementales qui se profile au 1er janvier 2021 aurait pu remettre en cause ce modèle, la chambre alsacienne se félicite d’avoir pu maintenir dans cette future organisation ses spécificités propres au droit local, à l’instar de sa cousine mosellane.

« L’artisanat est un contributeur majeur à la cohésion des territoires. C’est à partir de ce constat qu’il doit être vu, à la croisée de l’économique et du sociétal. »

Au plus près des territoires

En ligne de mire également au 1er janvier 2021 - "la concordance des dates est significative », comme l’a souligné le président Stalter - : la création de la Collectivité européenne d’Alsace que Jacqueline Gourault définit comme "novatrice et pionnière sur le plan transfrontalier et européen" et qui aura "les moyens d’agir concrètement pour répondre aux défis de ses concitoyens et de ses territoires". La ministre est convaincue que la naissance de cette collectivité "préfigure le principe de différenciation et que c’est comme cela que le Gouvernement apportera une réponse nouvelle à la décentralisation". Bernard Stalter est lui, en tout cas d’ores et déjà persuadé qu’il saura faire de ce nouveau périmètre, avec le soutien des EPCI et des 35 000 ressortissants alsaciens, "la collectivité de l’artisanat fort et rayonnant".

* Devenue Le Monde des Artisans en septembre 2018.

 

 

Partager :