Transmission

Établissements Chanu : de fille en aiguille

Le 03/11/2018
par Marjolaine Biagi
Plâtrier-peintre à Saint-Jean-d’Ardières (Rhône), Sylvestre Montanteme entrebâille la porte du secteur aux femmes en accueillant des apprenties. Une initiative récompensée par le Prix du maître d’apprentissage 2018, catégorie Valorisation de la mixité.
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Sylvestre Montanteme et Anaëlle, l’une de ses apprenties.

Patron des Établissements Chanu, Sylvestre Montanteme met les pieds dans le plat(re). Certains rechignent à former des jeunes femmes ? Lui s’y emploie depuis une dizaine d’années. S’interrogeant même sur la pertinence de la question. "Homme, femme : il n’y a pas matière à débat. Ce qui importe, c’est la motivation. Ce n’est pas parce que le bâtiment est supposé être  mâle que ça ne doit pas changer. J’accueille aujourd’hui deux apprenties, et l’un de mes collaborateurs est une collaboratrice." Sylvestre n’aime pas généraliser mais accepte de se prêter à l’exercice. "J’ai remarqué que les femmes sont plus appliquées en décoration et en finition et ont le sens du contact."

« La mixité permet d’avancer dans plusieurs directions, de se remettre en question et d’être plus productif. »

Moderniser la profession

Employer des représentantes du beau sexe est, sans le vouloir, un atout marketing pour les Établissements Chanu. "Les clients voient l’entreprise autrement. Nous avons une image moderne." Si la mixité est "dans l’air du temps", le patron la pratique depuis toujours. Sous toutes ses formes. "Ici, le plus jeune a 15 ans, le plus âgé 58. La mixité générationnelle et homme-femme dans une entreprise permet d’avancer dans plusieurs directions, de se remettre en question et d’être plus productif." Le 19 juin, Sylvestre a reçu le Prix du maître d’apprentissage, catégorie Valorisation de la mixité*. "Mon rôle consiste à accueillir et à intégrer des jeunes au sein des équipes. C’est tout l’avenir de l’artisanat qui se joue là." Cinq apprentis évoluent aujourd’hui aux Établissements Chanu. D’aucuns resteront, d’autres, "comme les trois quarts de mes apprentis", s’installeront à leur compte.

* Co-organisé par l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat et Garance.

Partage d’expérience

Suite à quatre ans d’apprentissage chez Sylvestre Montanteme (CAP et BP Plâtrerie-peinture), Marine Putey a été embauchée en CDD, puis en CDI en 2015. Elle revient sur son vécu d’apprentie: "J’avais fait mon stage de 3e chez lui et je savais qu’il formait des filles. L’entreprise était loin de chez moi, mais toutes les boîtes à proximité m’ont refusée sous prétexte que j’étais une fille. Sylvestre ne fait pas de distinction de sexe. C’est un maître d’apprentissage hors pair, qui m’a toujours soutenue. J’ai toutefois dû me faire ma place sur les chantiers, quasi exclusivement masculins, et m’accrocher ! Mais je pense que les mentalités sont en train de changer."

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