Transmission-reprise

Julien Souverain : la reprise d'entreprise répond à sa quête de personnel qualifié

Le 05/10/2023
par Propos recueillis par Julie Clessienne
Installé à Troyes (10), le prothésiste dentaire Julien Souverain a déjà eu par deux fois recours à la reprise d’entreprise. Pour développer son activité, diversifier ses savoir-faire et, surtout, embaucher du personnel qualifié, c’est "la" solution qui s’est à chaque fois imposée…
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Comment en êtes-vous venu à reprendre votre première entreprise ?

Je me suis installé à mon compte en 2010. Un apprenti embauché au bout de six mois et le recours à une micro-entrepreneuse pour quelques heures de-ci de-là suffisaient au début.

Spécialisé dans la céramique, je désirais me diversifier et couvrir tout le spectre des techniques de la prothésie dentaire.

En 2011, une ancienne collègue, spécialiste, elle, de la "mobile" (autrement dit "des dentiers"), voulait céder son affaire pour privilégier sa vie personnelle. J’ai repris son entreprise et l’ai gardée en tant que salariée. Elle est depuis devenue ma chef de laboratoire, mon bras droit.

Puis, pour honorer mes commandes, j’ai grossi petit à petit, et là, le recrutement s’est compliqué !

Jusqu’à la pénurie de main-d’œuvre ?

Oui, complètement ! Pôle emploi avait tendance à me présenter des candidats en reconversion professionnelle alors que je cherchais du personnel qualifié.

Il faut dix ans d’expérience pour qu’un technicien acquière les fondamentaux du métier. Les machines numériques que nous utilisons valent des milliers d’euros donc on ne peut pas les mettre entre toutes les mains.  Et quand bien même ces outils modernes dégrossissent le travail, il faut maîtriser la base : la sculpture sur différentes matières (plâtre, résine, silicone, métal…), la technique de la "cire perdue"…

Donc reprendre une deuxième entreprise a été votre solution…

Je connaissais le laboratoire de Christophe Schweitzer, à 4 minutes en voiture du mien. J’y avais fait un stage plus jeune, on gardait le contact…

L’année dernière, il m’a dit qu’il pensait "retraite" : alors j’ai pensé "reprise" !

Il jouissait d’une excellente réputation. Ses trois salariés travaillaient pour lui depuis une vingtaine d’années. Sans son équipe et ses compétences, un patron n’est rien. Il fallait absolument conserver ces emplois et ces savoir-faire. Et c’est ce qui rendait aussi mon projet séduisant pour Christophe. Nous sommes désormais douze. Ne reste qu’à stabiliser tout cela.

Qu'avez-vous mis en place pour intégrer ces trois nouveaux collaborateurs ?

Nous avons déménagé dans un autre laboratoire de 1.000 m2, pour que tout le monde démarre sur les mêmes bases, se créent, ensemble, de nouveaux repères.

J'ai également suivi une formation RH dispensée par mon Opco [Opérateur de compétences, NDLR]. Gérer du personnel n’est pas inné. Il y a une façon de faire et de dire les choses. Je voulais bien faire. Tout le monde doit trouver sa place, bouleverser ses habitudes, faire des compromis…

J’ai aussi mis en place des responsables, organisé des journées de cohésion. Ça nous a fait énormément de bien !

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La reprise d'entreprise : une affaire de famille

La réussite et le développement de Julien Souverain sont sources d'inspiration, y compris pour sa compagne, Nadia Yaremchuk. Celle-ci est justement en train de reprendre un pressing à deux pas du laboratoire de prothésie dentaire de son conjoint. "Elle voulait se lancer et avoir son propre commerce. Cet établissement allait fermer en octobre. Elle a dû se décider vite mais c'est en bonne voie", explique Julien Souverain. Retoucheuse durant plusieurs années, Nadia va se former via Pôle emploi, aussi bien au métier de blanchisseuse qu'à la comptabilité et à la gestion. "Elle compte aussi diversifier l'offre en proposant de la retouche et pourra s'appuyer au quotidien sur la salariée de 69 ans qui désire poursuivre à mi-temps", s'enthousiasme Julien Souverain. L'artisanat, décidément un vivier d'opportunités pour s'épanouir !

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