Investir en Scop

L’Art Chocolatier ou l’art d’entreprendre en Scop

Le 26/12/2016
par Mélanie Kochert
Sociétés commerciales coopératives basées sur un fonctionnement participatif, les Scop gagnent aujourd’hui en notoriété. Leur modèle s’adapte à tous les secteurs d’activité, y compris aux métiers de l’artisanat. Exemple dans le Vaucluse.
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Stéphane Roux (gérant, chocolatier), entouré (de gauche à droite) de Florence Demurger (employée commerciale), Mathilde Jamet (ouvrière chocolatière) et Géraldine Roux (responsable commerciale).

Salariés = associés. Tel est le fondement, le mur porteur des Scop, ces sociétés coopératives et participatives, dont les premiers sursauts remontent aux associations ouvrières – et clandestines – du XIXe siècle. Si le développement des coopératives de production a connu des évolutions en dents de scie tout au long du XXe siècle, son ascension fut exponentielle depuis la fin des années quatre-vingt-dix. En 2015, la France comptait 2 855 Scop – dont 319 nouvelles entités – et y reconnaissait le statut de salarié-entrepreneur (loi ESS 2014).

Au départ, le refus des banques

"En 2007, j’ai créé un projet d’entreprise avec l’APCE. Mais les banques m’ont toutes fermé la porte au nez. Investir dans le chocolat ? Non, pas assez de recul sur cette activité, pas assez convaincant…", se remémore un peu amer Stéphane Roux, aujourd’hui à la tête de la Scop L’Art Chocolatier à Pertuis (84). "Mon projet de société coopérative s’est défini en réponse à ces refus. Mon père, menuisier, avait passé vingt ans en Scop, son modèle m’a inspiré. Je suis allé voir l’organisme dédié, qui s’est tout de suite emballé pour mon idée. Grâce à un investissement de départ, une gestion stricte et une prise de risque partagée, une banque a finalement accepté de m’accompagner."

Entreprise en partage

En Scop, le dirigeant est élu par les salariés associés majoritaires de l’entreprise. Si Stéphane Roux a porté le projet ("J’en suis un peu le chef d’orchestre", estime-t-il), la Scop scinde la propriété de l’entreprise entre ses quatre associés-salariés, détenteurs de la majorité du capital, et trois partenaires externes. "Certes, en Scop, la société que vous créez n’est pas "la vôtre". Mais les avantages sont autrement plus nombreux. Des salariés qui s’investissent, se montrent présents, savent que leur participation sera valorisée grâce à un partage équitable des profits, c’est gagnant pour tout le monde." De même, le système induit, par obligation légale, la réinjection d’une partie des bénéfices en investissements. "On tourne donc en permanence avec du bon matériel", précise l’artisan.

Insistant sur le projet collectif, créer une Scop permet de concilier vie d’entreprise et valeurs, par exemple dans des projets liés au développement durable comme c’est le cas avec L’Art Chocolatier. "Nous avons eu la possibilité de créer une filiale au Costa Rica en 2014 pour subvenir, en partie, à nos besoins en cacao. D’ici trois à quatre ans, nous produirons notre propre chocolat." Grâce à cette démarche équitable et écoresponsable, l’entreprise a été labellisée "Développement durable en Lubéron" cet été. De quoi lui donner des ailes pour continuer à régaler les papilles de ses délices chocolatiers, ronds et forts de caractère.

www.art-chocolatier.fr

Focus sur l’imposition des Scop

Soumise aux mêmes impôts que toute société de droit commun, une Scop peut toutefois réduire le montant du bénéfice imposable au titre de l’impôt sur les sociétés en déduisant de la base imposable les sommes affectées au titre de la réserve légale et de son fonds de développement (pour le réinvestissement). Elle est par ailleurs exonérée de la Contribution économique territoriale si au moins 50 % du capital appartiennent aux associés salariés.

www.les-scop.coop

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