Artisans ferronniers d'art

L’art et la matière

Le 11/01/2018
par Isabelle Flayeux
Le fer forgé traverse le temps et les modes. Ses différentes formes et utilisations actuelles sont la preuve d’un savoir-faire préservé et d’un sens artistique développé. Rencontre avec le président de l’Institut de formation et de recherche pour les artisanats des métaux (Ifram) et une ferronnerie d’art.
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Pierre Dupont - Joelle NayPierre Dupont, président de l’Ifram (photo DR) et Joëlle Nay, gérante de La forge de Vulcain à Crémieu (photo Gilles Carmine).

Les courbes du métal

Héritier d’une longue tradition, le ferronnier d’art fait partie des professionnels des métiers de forge au même titre que les métalliers, les maréchaux-ferrants ou encore les couteliers. Considéré comme l’un des plus vieux métiers du monde, "il présente la caractéristique essentielle d’utiliser la technique ancienne de déformation à chaud. L’activité ferronnerie d’art recoupe à la fois la métallerie et le travail à chaud du métal à l’aide de la forge", précise Pierre Dupont, président de l’Ifram

"La température de la matière se devine par la couleur, du rouge naissant (800 degrés Celsius) au blanc soudant (1 200 degrés). Les barres qui entrent dans nos ateliers mesurent six mètres de long. Nous forgeons du fer plein, jamais de tube. L’artisan martèle le fer chaud sur une enclume pour le mettre en forme. Il l’étire, le roule, le façonne pour fabriquer des volutes en fer forgé", souligne Joëlle Nay, gérante de l’entreprise familiale La Forge de Vulcain, installée à Crémieu (38) depuis 1980.

L’attrait de la matière

Exerçant seul ou au sein de petites entreprises artisanales de cinq personnes maximum, le nombre de ferronniers d’art est difficile à évaluer. Un temps délaissé, le métier connaît un nouvel engouement aussi bien du côté de la clientèle que dans le milieu de la formation.

"Démodé au moment de l’essor de la bakélite et du plastique, le métal traditionnel connaît un grand retour. Il intervient dans la fabrication de garde-corps, d’escaliers, de baies vitrées, de vérandas. Sans oublier le succès du mobilier et des objets de décoration", explique le président de l’Ifram. "Le recrutement reste aisé dans le sens où les voies de formation initiale et continue sont nombreuses et où l’attrait pour l’initiation à la ferronnerie est réel."

De son côté, Joëlle Nay constate "une nette augmentation du nombre de demandes de la part d’apprentis et de stagiaires. Le métier avait tendance à disparaître, il revient au goût du jour même s’il s’avère difficile à cause des manipulations de charges et des caractéristiques du fer, froid l’hiver, et très chaud l’été."

Ferronnerie d'art

Le marché de la ferronnerie représenterait 8 % du chiffre d'affaires total de la métallerie (source : Union des métalliers).

L’atout savoir-fer

Dans un secteur qui compte peu d’innovation, les véritables ferronniers d’art restent peu nombreux. "Ces professionnels, dont l’atelier est identique à celui d’il y a une centaine d’années, pratiquent pour l’essentiel les mêmes gestes. Même si l’évolution en termes de techniques est faible, il est dommage de se priver des quelques nouveautés qui s’offrent à la ferronnerie contemporaine, surtout si elles font gagner du temps tout en préservant l’aspect traditionnel", insiste Pierre Dupont.

Reflet du savoir-faire à l’ancienne, la Forge de Vulcain réalise tout de A à Z. L’artisan travaille à la main, s’appliquant à reproduire les gestes d’antan dans un souci de perfection. Chaque étape revêt la même importance que la précédente : "Avoir une belle pièce bien fabriquée est une chose, la poser de manière irréprochable est tout aussi essentiel". La touche supplémentaire est affaire de création. "Proposer des modèles dans l’esprit de ce que cherche le client pour arriver à trouver la solution finale, la pièce unique et personnalisée, c’est ce qui fait la différence", conclut Joëlle Nay.


www.ifram.com
www.fer-forge-lyon.com

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