Luthiers en guitare : accords majeurs

Le métier de luthier suscite actuellement des vocations. "Le statut de micro-entreprise a permis à beaucoup de jeunes de s’installer. Le démarrage n’est pas facile, la réparation représente le plus gros du marché. Avant de fabriquer des instruments, il faut se faire un nom", explique Jacques Carbonneaux, vice-président de l’Association professionnelle des luthiers artisans en guitare et autres cordes pincées (APLG) et chargé de mission pour la Chambre syndicale de la facture instrumentale (CSFI).

L’implication de cette dernière dans le contenu des formations (CAP (Certificat d’aptitude professionnelle), BMA (Brevet des métiers d’art) ou FCIL (Formation complémentaire d’initiative locale (non diplômante)) les a rendues très qualitatives.

Glissement vers le milieu de gamme

Dans la famille des guitares, on trouve des guitares d’entrée de gamme (instruments d’étude), de moyenne gamme et haut de gamme. Le savoir-faire artisanal français se consacre au haut de gamme, un marché de niche.

Néanmoins, "on voit de petits artisans grandir, embaucher, se regrouper et évoluer en créant de petites unités industrielles ; des machines numériques remplacent alors certaines tâches manuelles répétitives, qui ne nécessitent pas l’intelligence de l’homme".

Cette tendance permet à l’artisanat de grignoter des parts de marché dans le milieu de gamme. "On peut ainsi commencer à espérer que les instruments utilisés en France deviennent davantage français."

Cette mutation nécessite "un financement ou un partenaire financier". Cette relocalisation va de pair avec les valeurs de la profession, très impliquée dans le développement durable.

"Nous avons créé une charte de qualité pour expliquer à nos clients ce qu’est notre métier d’art, et les points que nous respectons pour être à sa hauteur."

Harmonies écologiques

La réparation est au cœur du métier de luthier. Les entreprises sont confrontées à la disparition des bois qu’elles utilisent ; en cause, le réchauffement climatique (par exemple l’épicéa décimé par les parasites) mais aussi l’enrichissement des Chinois qui préemptent les bois tropicaux pour leurs meubles…

"Nous encourageons les professionnels à utiliser des bois locaux. Nous sommes allés voir l’ONF pour avoir accès à certaines essences. Nous avons créé le Local Wood Challenge, permettant aux exposants d’un Salon de construire et de mettre en avant un ou des instruments fabriqués avec les bois de leur région."

Cette prise de conscience pousse les luthiers à explorer de nouveaux champs. "Nous réfléchissons à des substituts comme des bioplastiques à base d’algue, des matériaux qui répondent aux mêmes caractéristiques acoustiques que le bois, à d’autres bois à adapter…"

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