Métiers d'art : les entreprises au ralenti...
Début avril, l'Institut national des métiers d'art (INMA) lançait une vaste enquête en ligne auprès des artisans d'art pour identifier leurs difficultés face à la crise sanitaire et proposer des solutions pour relancer le secteur.
Publiés le 27 avril, les résultats font état d'une nette fragilisation des métiers d'art. Au total, 2.000 professionnels des métiers d’art et du patrimoine vivant ont répondu à l'enquête, menée du 30 mars au 10 avril. Parmi eux, 1.781 exercent un métier d’art et 337 sont labellisés EPV. Une majorité (74%) n’ont pas de salarié et une minorité (8%) en ont plus de 10.
Activité au ralenti, sombres perspectives
À l'arrivée, 4 artisans d'art sur 10 (42%) indiquent avoir réussi à maintenir une activité "au moins partiellement". Néanmoins, seuls 2% d’entre eux ont pu conserver leur pleine activité, pour satisfaire les commandes passées avant la crise du Covid-19, entamer de nouvelles créations ou réaliser "des tâches non directement productives".
Côté chiffre d'affaires, 37% prévoient un chiffre d’affaires semestriel en baisse de 60% (par rapport à la même période de 2019) et 29% estiment pouvoir contenir les pertes au-dessous de 40%.
Néanmoins, les perspectives sont assez floues : ainsi, seuls 6 artisans d'art sur 10 se risquent à évaluer leur perte de chiffre d’affaires pour le second semestre. Parmi ceux qui délivrent une estimation, 25% prévoient une perte supérieure à 60%, alors que 22% l’estiment à moins de 40%.
Les principales difficultés : ventes, approvisionnement et trésorerie
Première des difficultés identifiées par l'enquête : la commercialisation des créations. Plus des deux tiers des répondants (76%) citent ainsi l’annulation ou le report des événements et Salons, qui permettent de générer un grand nombre de ventes. Par ailleurs, 41% des répondants ont dû faire face à des annulations de commande.
Près de 6 artisans d'art sur 10 (59%) sont confrontés à des problèmes d’approvisionnement et de trésorerie. Les difficultés de recouvrement sont également citées (28%), tout comme l’annulation d’investissements prévus en 2020 (26%).
Près de la moitié des sondés (45%) estiment que les aides mises en place par l’État sont adaptées à leur situation, et plus de 67% souhaitent leur prolongation après le confinement. Outre le soutien à la trésorerie, les artisans d'art réclament une aide financière à l’achat de matériels ou de machines. Ils appellent aussi de leurs vœux la consolidation des filières locales, pour un meilleur accès aux matières premières, notamment.
Faire entendre le secteur
En concertation avec ses ministères de tutelle (Culture / Économies et Finances), l’INMA œuvre actuellement pour la prise en compte "de la situation réelle des professionnels des métiers d’art et du patrimoine vivant dans l’architecture des dispositifs d’aide", souligne un communiqué. "L’INMA travaille également en lien avec les acteurs publics et organisations professionnelles des métiers d’art et du patrimoine vivant pour leur fournir des données qualifiées sur les problématiques des entreprises par filière et par région", développe l'INMA.
L'institution relancera à l’automne une nouvelle étude pour suivre l’évolution de la situation des entreprises relevant des métiers d'art et du patrimoine vivant et pour pouvoir réajuster les actions en période de redémarrage économique. D'ici là, l'INMA mènera des réflexions "pour la mise en place d’actions complémentaires aux dispositifs de soutien à la trésorerie". Elle accentuera en outre la visibilité des entreprises des métiers d’art et du patrimoine vivant, au travers de la future Agence française des métiers d’art et du patrimoine vivant, qui doit voir le jour fin 2020.
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