Baromètre ISM-MAAF

Record historique de créations d'entreprises dans l'Artisanat

Le 13/12/2023
par Samira Hamiche
En 2022, l'Artisanat a caracolé en tête des immatriculations d'entreprises, avec plus de 250.000 structures créées. Constante depuis une décennie, la croissance du secteur illustre l'indéniable attractivité des métiers de l'artisanat, mais aussi du statut de la micro-entreprise.
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En 2022, 1 nouvelle entreprise sur 4 était artisanale. Avec 15.820 installations, les soins de beauté figurent en 2e place des entreprises les plus représentées.

L'an passé, l'Artisanat a plus que confirmé sa vitalité. C'est ce que montre le dernier baromètre ISM-MAAF des créations d'entreprises. Dévoilée mardi 12 décembre, l'étude confirme le poids de l'artisanat dans le monde entrepreneurial.

En 2022, ce sont ainsi 252.580 entreprises qui ont été créées dans un des quatre secteurs de l'artisanat (services, bâtiment, fabrication, alimentaire). Concrètement, cela représente un ratio d'une entreprise sur 4.

Ces chiffres marquent une progression de 7% par rapport à 2021, dans la dynamique des années précédentes. Un "plus haut" historique, notent les auteurs de l'étude. Au total, la France compte à ce jour 1,6 million d'entreprises artisanales.

Ce regain d'activité est d'autant plus remarquable que la création d'entreprises dans les autres secteurs enregistre à l'inverse une baisse de 1% par rapport à 2021. 

Essor du bâtiment et de l'artisanat de services

Deux secteurs concentrent la moitié des créations d'entreprises artisanales : le bâtiment (93.620 créations) et les services (109.706). 

Dans la plupart des départements métropolitains, le secteur du nettoyage des bâtiments se positionne en tête. En Île-de-France, ce sont toutefois les taxis/VTC qui prennent la tête du classement.

Au-delà de ces secteurs traditionnels, des tendances émergent avec des hausses notables dans des domaines tels que la conserverie de viande et les métiers de réparation, dopés par la législation et les dispositifs incitatifs.

Par ailleurs, les métiers d'art et de création, comprenant l'ennoblissement textile, la fabrication d'étoffes, la verrerie et la photographie, continuent de jouir d'une attractivité constante, malgré les difficultés liées à la crise sanitaire.

Cette diversification et cet essor témoignent de la résilience du secteur artisanal, face à un contexte de tensions économiques. 

Les micro-entreprises majoritaires... mais moins pérennes ?

La hausse constante des créations d'entreprises artisanales en 2022 est largement impulsée par le micro-entreprenariat, qui regroupe 65% des nouvelles créations, un chiffre en croissance de 10%. Parallèlement, l'entrepreneuriat "classique" (EI, SARL, SAS) maintient une dynamique positive, avec une croissance de 4% en 2022.

Bien que le choix de la micro-entreprise devienne la norme dans de nombreuses activités, notamment dans les métiers d'art, la fabrication textile, et les soins de beauté à domicile, ces entreprises sont souvent caractérisées par des activités saisonnières ou exercées en parallèle d'autres fonctions salariées.

Corollaire : les revenus des micro-entrepreneurs sont limités... En moyenne, 6.810 euros par an, soit quatre fois moins que les entrepreneurs "classiques", qui ont touché en moyenne 26.035 euros en 2022.

"Souvent plus jeunes, ils s’installent dans des secteurs exigeant peu d’investissements et sont souvent installés à leur domicile ; moins visibles, ils peinent souvent à trouver leur marché et leur activité ne leur permet pas souvent de vivre pleinement de leur entreprise", decrypte Catherine Élie, directrice des études de l’Institut Supérieur des Métiers (ISM).

Ainsi, les revenus doivent être souvent complétés par une activité salariée, des revenus sociaux ou intrafamiliaux... "En conséquence, ces projets restent moins viables et moins pérennes", note Catherine Élie.

Des disparités au niveau départemental

Après une baisse de 4% des créations d'entreprises artisanales en 2021, l'Île-de-France s'est finalement replumée l'an dernier. Avec une hausse de 13% en 2022, la Région s'impose en effet comme le premier bassin d'entreprenariat artisanal. La reprise des immatriculations de taxis/VTC explique en grande partie cette renaissance, détaille le baromètre.

Cette embellie cache cependant des disparités locales. Ainsi, plus de vingt départements, notamment en Normandie, Bourgogne Franche Comté, Auvergne-Rhône-Alpes, et Occitanie, enregistrent des niveaux de créations en baisse. La Lozère se distingue tout particulièrement, avec une chute de 15 % des immatriculations...

In fine, c'est à la campagne que l'Artisanat pèse le plus sur les créations d'entreprises. En zone rurale, 1 installation sur 3 se fait dans une structure artisanale ; un ratio qui descend à 1 sur 7 en ville. Des chiffres qui confirment la place fondamentale des commerces artisanaux dans la vie quotidienne...

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