Mutualiser des compétences

Voir et entendre

Le 30/10/2017
par Mélanie Kochert
De plus en plus d’opticiens ouvrent leur porte à des audioprothésistes et proposent d’équiper leurs clients en appareils auditifs. Un rapprochement qui confirme l’analogie entre expertise de la vue et de l’ouïe. Et, en milieu rural, permet de pallier un manque.
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Si la vente de verres progressifs demeure le navire amiral des opticiens, une diversification de l’offre à destination des seniors fait sens dans une société en plein papy-boom. À ce titre, l’audioprothèse se pose aujourd’hui comme un service utile et rentable pour les professionnels de l’optique. Dans l’Aube, Adélaïde Mulfinger en a pris son parti.

Opticienne à Brienne-le-Château depuis 2004, la trentenaire a façonné sa boutique « Au regard d’Adélaïde » à son image, loin des grandes franchises. Et fait le choix d’innover.

Adélaïde Mulfinger a su attirer une nouvelle clientèle en diversifiant son offre.

Dès 2009, l’entrepreneuse a convié une audioprothésiste de Vitry-le-François à la rejoindre pour des consultations hebdomadaires. Le projet a immédiatement capté l’intérêt de sa consœur de la Marne.

« Nous évoluons sur deux départements limitrophes. Or, pour les gens, devoir se déplacer dans le territoire voisin crée une barrière psychologique. En venant elle-même à Brienne, Anne pouvait récupérer une clientèle qui n’était pas la sienne. »

L’opticienne y a gagné, elle aussi.

« Anne a apporté un service en plus à ma clientèle, qui est rurale, et rajouté un côté "médical" au magasin. C’était judicieux car il y a de vrais besoins. »

Accompagner les seniors

Au sein du magasin, toute l’équipe s’est formée au nettoyage, au débouchage, à la réparation des appareils auditifs.

« Notre volonté était de trouver des solutions pour simplifier la vie des personnes âgées, qui sont les plus touchées par les problèmes auditifs, mais qui connaissent aussi de plus grandes difficultés à se déplacer », explique Adélaïde.

Dans ce mariage de services et de compétences, tout le monde semble avoir trouvé son compte. La clientèle d’une part, les deux professionnelles aussi.

« Nous travaillons chacune avec les sens, essentiels, de la communication. L’un permet de mieux voir, l’autre de mieux entendre. En un sens, nous sommes un peu pareilles. Et complémentaires. »

Des yeux aux oreilles…

… il n’y aurait donc qu’un pas ? Oui, mais quelques années d’études aussi, s’il s’agit de se reconvertir. Pour Adélaïde, la décision est prise. À la rentrée, l’opticienne intégrera une classe préparatoire au concours d’entrée en formation d’audioprothésiste, un DE sur trois ans. Le défi est de taille. « C’est évidemment un peu angoissant de remettre tout en jeu à 37 ans, lorsque l’on a une boutique et une famille. Je quitte un confort de vie…, reconnaît l’intéressée. En même temps c’est extrêmement stimulant. J’aime beaucoup l’idée de la formation tout au long de la vie. Et un chef d’entreprise aime toujours se frotter à de nouveaux défis. »

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