Tapisserie d'Aubusson

La fibre du renouveau

Le 06/09/2016
par Samira Hamiche
Passerelle entre art et techniques, la tapisserie d’Aubusson, dans la Creuse, fédère une large filière. Fraîchement inaugurée, la Cité internationale de la tapisserie s’est lancé un défi : redynamiser la région et faire rayonner son savoir-faire local, mondialement reconnu.
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Le 10 juillet dernier a été inaugurée la nouvelle Cité internationale de la tapisserie. L’écrin monumental (5 000 m², 8,5 millions de budget) a été érigé "suite à l’inscription par l’Unesco, en 2009, des savoir-faire de la tapisserie d’Aubusson au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité", rappelle Emmanuel Gérard, directeur du Syndicat mixte de la Cité internationale.

"La tapisserie d’Aubusson, c’est un phare qui éclaire le territoire. Le bassin concentre des savoir-faire importants autour du fil et du tissage d’excellence." À Aubusson et Felletin, la filière concentre 100 à 150 actifs, qui perpétuent ce travail à quatre mains, vieux de six siècles.

Un vivier d’emplois

"L’art tissé a énormément souffert. De 2000 à 2010, le nombre d’ateliers à Aubusson a été divisé par quatre. Mais nous avons la chance de connaître un regain d’intérêt", se réjouit Emmanuel Gérard. Le complexe pourrait accueillir 40 000 visiteurs par an et générer plus de 100 emplois.

En réponse à la contrefaçon, une demande d’Indication Géographique (IG) est en route. La Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) de la Creuse et l’association Lainamac (centre de formation laine et textile) rédigent le cahier des charges, à la demande de l’État.

S’inscrire dans l’avenir

Lieu de conservation du patrimoine, la Cité est aussi le fer de lance d’une formation qualifiante de lissier, gage du renouveau d’Aubusson. Depuis 2010, un CAP y est dispensé, confié au Greta. Dès septembre, elle proposera un Brevet des Métiers d’art (BMA) de lissier (2 ans), portant le cursus complet à 4 ans. "Cela répond à l’exigence des professionnels, selon lesquels il faut entre 3 et 5 ans pour se former", note Stéphanie Cout, chargée de développement économique à la CMA de la Creuse.

"L’idée, c’est que le stagiaire se confronte à la réalisation d’une tapisserie avec un lissier expérimenté", souligne Emmanuel Gérard. À noter que le métier se féminise : "Cette année, la promotion du BMA (10 personnes) est entièrement composée de jeunes femmes." L’effectif de ces classes demeure restreint "pour être économiquement viable".

 

"Les savoir-faire uniques d’Aubusson sont des niches économiques, mais ils ont vocation à disposer d’une notoriété internationale." Emmanuel Gérard, président du Syndicat mixte de la Cité internationale de la tapisserie

Esprit d’ouverture

"Loin de l’image désuète de la tapisserie, la Cité travaille beaucoup à la création d’œuvres contemporaines", insiste Stéphanie Cout. Une mutation nécessaire pour pérenniser cet art intemporel.

Autres enjeux : l’export et les métiers connexes. Pour Emmanuel Gérard, "on ne peut pas uniquement raisonner en marché français. Il faut aussi sensibiliser le monde de l’architecture et de la décoration à ce medium transversal."

Un laboratoire d’idées

En partenariat avec la pépinière d’entreprises 2Cube, la Cité internationale de la tapisserie a lancé un appel à candidatures à destination de jeunes entreprises. Objectif : les accueillir dans ses deux "Ateliers de la Cité" de 31 m2, pour qu’elles y développent leur projet tapisserie sur une durée maximale de 46 mois.

www.cite-tapisserie.fr

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