La Chanteracoise

Craquante !

Le 07/09/2017
par Mélanie Kochert
Pour des générations entières, elle représente l’image-même du petit-déjeuner. La biscotte… À chacun le souvenir d’enfance qui l’accompagne, ou l’astuce de chef pour la beurrer sans la casser. En Dordogne, La Chanteracoise s’est engagée pour perpétuer les saveurs et le plaisir d’un produit encore aujourd’hui synonyme de convivialité. Les biscottes de la dernière fabrique artisanale de France croquent, "chantent", font des miettes… Et tout le monde s’en réjouit.   
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Sylvain Boucher La Chanteracoise

L’histoire de La Chanteracoise débute dans les années 1960. À Saint Germain du Salembre (Dordogne), Jean-Pierre Pommier, héritier d’une recette bien gardée, fabrique des biscottes jour et nuit. Alors que les artisans biscottiers disparaissent partout en France, cédant leur place à la fabrique industrielle, le Périgordin perpétue la tradition de ces pains séchés à longue conservation quatre décennies durant. En 2005, à l’aube de la retraite, il concède finalement à passer le bâton de relais. Son repreneur, Sylvain Boucher, le reçoit des deux mains, avec joie et humilité. 

"Avec M.Pommier, c’est une histoire de rencontre… Et elle était belle. Je suis tombé amoureux de son lieu, de son produit, de son activité, la dernière biscotterie artisanale de France", raconte celui qui, plus que jamais, souhait laisser un passé dans l’industrie agro-alimentaire derrière lui. "Je ne voyais plus de finalité à tout ça: les grands groupes, leurs façon de travailler, je ne m’y retrouvais plus. Je me suis installé dans le Périgord pour La Chanteracoise."

Six mois durant, l’artisan sur le départ transmet son savoir-faire, et tous ses petits secrets à Sylvain Boucher. "J’ai repris un petit local dans le petit village de Saint Germain. Le matin, je me suis mis au pétrin et l’après-midi je suis parti sur les routes pour commercialiser le produit dans les magasins bio, les épiceries fines, les boulangeries." Sous sa direction, l’entreprise se pérennise, grandit.

La Chanteroise biscottes

L’humain au centre

Au bout de sept années, de nouveaux locaux et une boutique ouverte sur la fabrique élargissent la vie de La Chanteracoise. Mais pas question de mécaniser le process : hormis le pétrin, tout reste fait main. "Nous avons choisi d’investir davantage dans l’humain que dans les machines", explique le chef d’entreprise, aujourd’hui à la tête d’une équipe de trente personnes.

"J’avais cru perdu le retour aux valeurs humaines et à la qualité : je pensais que tout cela, c’était oublié, plus compatible avec l’époque. Finalement j’ai réalisé que ces valeurs étaient juste inhibées dans les grandes entreprises, mais qu’elles n’avaient pas disparu. À La Chanteracoise, nous fonctionnons en réseau, non en pyramide. Les gens sont motivés par leur travail, ils se sentent bien. Alors ils restent." 

La Chanteracoise équipe

Avec une activité en forte croissance, les biscottes de la marque s’exportent désormais hors de Dordogne: on les retrouve dans le Sud, en Bretagne, mais aussi des épiceries fines et magasins bio de Paris, qui en est aujourd’hui le deuxième point de distribution. Face à ce succès, Sylvain Boucher souhaite rester attentif, "pour conserver la même qualité, la même écoute des clients, et continuer de défendre des valeurs de travail qui mettent l’humain au centre. On a défini une stratégie de l’entreprise, à nous de la conserver… malgré l’appel des sirènes." 

La grande distribution, c’est non

Le dirigeant de La Chanteracoise assume ses choix. "On a décidé de ne pas être présents en grandes surfaces, pour travailler avec des personnes plus attentives à la qualité des produits qu’aux prix. C’est notre contre-pied, notre créneau, et tant mieux si nous sommes les seuls. Aujourd’hui, la tendance du 'consommons moins consommons mieux' prend une vraie ampleur. Les gens retournent vers les commerces de proximité. Ils veulent des produits sains, savoureux, issus d’une tradition ou d’un territoire."

L’entreprise a pris le parti de s’approvisionner le plus localement possible : "Notre farine vient du département, le sel de l’île de Ré, l’huile de tournesol est pressée à 10 km de chez nous." La Chanteracoise, qui a reçu sa première qualification AB en 2007, produit aujourd’hui à 40% en bio

Les biscottes artisanales, autrefois en péril, auraient-elle un tout nouvel avenir devant elles ? Le retour des clients semble en attester. "Nous avons su proposer un produit transgénérationnel. Les anciens nous disent: on retrouve le goût des biscottes que l’on achetait il y a des années chez le boulanger! Les plus jeunes disent : on ne consommait pas de biscottes car les industrielles n’étaient pas très bonnes, mais maintenant on découvre un tout nouveau plaisir au petit déjeuner. Et tout le monde est ravi." La meilleure récompense que Sylvain Boucher pouvait espérer.

la-chanteracoise.fr

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