Focus métier

Artisans couteliers : l'âme de la lame

Le 04/03/2019
par Samira Hamiche
Grâce au retour des consommateurs à l’authenticité et aux circuits courts, les couteliers jouissent d’un climat économique favorable. L’engouement des jeunes et d’un public en reconversion pour le haut de gamme et les pièces artistiques laisse présager des jours fastes. Illustration avec les couteliers du bassin de Thiers…
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apprentie coutellerie Thiers

A contre-courant d’autres branches de la métallurgie, l’activité du bassin de Thiers s’est stabilisée en 2009, alors que la crise et la concurrence asiatique faisaient rage. Le secret ? "Les couteliers se sont battus âprement pour faire valoir leurs différences", résume Thierry Déglon, président de la Fédération française de coutellerie (FFC) qui, sur 90 adhérents, compte une vingtaine d’entreprises artisanales.

Thierry Déglon Coutelier

À l’unisson, les artisans ont misé sur la qualité… Ce qui a payé. "Ils se montrent inventifs dans les formes, le choix des matériaux, créent des modèles protégés, des associations (comme celle du Couteau Le Thiers®Knifenet, "Esprit de Thiers") et se montrent plus offensifs sur la commercialisation."

Une formation à succès

Le rayonnement du bassin doit beaucoup à la formation en coutellerie (CAP en deux ans) dispensée au Centre de formation des apprentis de l’industrie (CFAI) de Thiers depuis 25 ans. L’établissement accueille chaque année 15 apprentis en coutellerie (sur 80 candidatures). "Très peu ressortent sans diplôme : ils trouvent le plus souvent leur place chez les artisans qui les ont formés", pose la responsable du centre, Pascale Hermillon.

L’intérêt pour la filière s’est accentué ces dernières années. Littérature, séries, musique folk et metal, jeux vidéo ou encore reconstitution historique ont contribué au retour d’une imagerie médiévale et fantastique portant le glaive en victoire. Les apprentis "veulent perpétuer des méthodes ancestrales, revenir à un travail concret".

Couteaux Déglon

Le plébiscite est tel que le CFAI voit plus grand. En 2020, il investira des locaux flambant neufs à Thiers. Cette "École nationale de la coutellerie" dispensera un enseignement en polissage et coutellerie d’art.

Intérêt populaire

Courbes équilibrées, création personnalisée… Plus qu’un utilitaire, le couteau devient un objet d’art, voire un totem. "Les émissions culinaires constituent aussi une belle vitrine pour les couteaux professionnels", note Pascale Hermillon.

La forge coutelière captive les particuliers, plus nombreux à fréquenter les Salons spécialisés, tels que celui du Couteau et des Arts de la table de Lyon, organisé par la Maison Poly (couteliers depuis 1847). Des associations comme Les Forges d’Autricum (présente aux Artisanales de Chartres en 2018) ou encore Nohmad (couteaux de Nogent) achèvent, elles, de sensibiliser aux multiples héritages couteliers de France.


www.coutellerie-thiers.com 

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