Ecoresponsabilité

Dominique Brou, pionnier de la valorisation des déchets

Le 03/07/2019
par Sylvain Villaume
Au départ, l’idée de Dominique Brou était de mettre sa menuiserie en conformité avec de nouvelles règles sanitaires. À l’arrivée, l’artisan de Villiers-sous-Mortagne, dans l’Orne, pratique depuis quinze ans une politique vertueuse de valorisation des déchets.
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Dominique Brou est un tout jeune menuisier à son compte depuis à peine un an lorsqu’il découvre, sur un Salon professionnel, en 1990, deux machines distinctes qu’il verrait bien assemblées : l’une aspire les copeaux de bois, l’autre presse les déchets. L’idée en reste là, l’artisan retourne, dans son département de l’Orne, à la fabrication sur mesure de fenêtres, portes, escaliers, essentiellement destinés au bâti ancien.

Puis arrive la fin du siècle et, avec elle, de nouvelles précautions sanitaires qui visent à réduire les risques de maladies des sinus et des poumons auxquelles son secteur d'activité est particulièrement exposé.

Il s’agit d’améliorer la qualité de l’air dans les ateliers en réduisant la production de poussières. Comment ? C’est là que l’idée resurgit ! Après avoir essuyé quatre refus et pas mal de scepticisme, Dominique Brou trouve l’ingénieur qui accepte de relever le défi, et un accord avec la Cram (Caisse régionale d’assurance maladie) : l’organisme de Sécurité sociale du travail, devenu Carsat en 2010, lui accorde une aide de 10 000 € et un peu de délai pour se doter de l’installation imaginée dix ans plus tôt.

Gain de temps

Entamés en 1999, les travaux de l’ingénieur aboutissent à l’installation, en juin 2004, d’une « presse à briquettes », nom donné à ce qui constitue alors un prototype, toujours en service quinze ans après : centrale d’aspiration et presse hydraulique ne font plus qu’une seule et même machine. Résultat : « L’hydrométrie présente dans les copeaux de bois fait que, compressés à 200 bars, ils sont compactés et transformés en briquettes ».

L’artisan normand n’a pas seulement divisé par sept sa production de copeaux (elle s’élevait alors à huit tonnes) :

« L’investissement s’est élevé à 55 000 €, mais le temps gagné à manipuler et transporter les déchets les vaut largement.  »

 

Quant aux briquettes, elles sont vendues (à bas prix) à des particuliers qui s’en servent d’allume-feu ou de bois de chauffage d’appoint. « Non seulement, résume Dominique Brou, nous ne payons plus pour nous débarrasser de nos déchets mais, en plus, nous les valorisons. »

www.menuiserie-brou.com

Un pionnier qui s'ignorait

S’il a déployé tant d’abnégation et d’ingéniosité pour se doter d’une presse à briquettes, Dominique Brou l’a fait au départ uniquement dans le but de respecter des normes sanitaires. La préoccupation environnementale qui accompagne la valorisation des déchets, plutôt que devoir les transporter pour les brûler, n’appartenait pas à l’intention de départ : « Disons pour l’aspect écologique que nous étions en avance sur notre temps », s’amuse aujourd’hui celui qui a fait bien des émules… « Rien que dans ma région, dit-il, une quinzaine d’autres menuisiers se sont équipés de la machine dont nous avons fait concevoir le prototype. Aujourd’hui, elle est fabriquée en série par une société italienne, CO.MA.FER. » Bien relayée par la presse, l’initiative de l’artisan de l’Orne lui a valu la reconnaissance de la chambre de métiers et de l’artisanat de son département qui lui a récemment attribué le « Grand Prix responsable » lors du concours départemental Stars & Métiers.

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