Interview

Arnaud Leroy, président de l'Agence de la transition écologique : "Nous avons besoin de locomotives dans chaque profession"

Le 16/03/2022
par Propos recueillis par Sophie de Courtivron
L’Agence de la transition écologique (ex-Ademe) et le réseau des chambres de métiers et de l’artisanat (CMA) unissent leurs forces en faveur de la transition écologique. Son président rappelle ici que chaque artisan peut se saisir des moyens mis à sa disposition, sur le terrain, pour être acteur de cette oeuvre collective, devant laquelle plus personne ne peut fermer les yeux.
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Quels sont les enjeux de vos liens avec CMA France ?

Le partenariat avec CMA France est essentiel car il nous permet d’abord de capter un public très disparate, et de le toucher avec les bons outils.

Un autre enjeu est la formation, notamment via des formateurs engagés par les chambres au niveau régional.

Enfin, ce partenariat nous permet d’aider les artisans, via des subventions, comme via le dispositif "TPE & PME : gagnantes sur tous les coûts !", qui offre à une TPE la possibilité de faire un diagnostic débouchant sur des actions simples et des gains rapides…

Plus concrètement ?

Les bénéficiaires du dispositif réalisent en moyenne 3.000€ d’économie par an (sur les flux de matières – des matières premières jusqu’aux déchets –, l’énergie et l’eau)…

Quand un boulanger peut financer de façon très intéressante un four moins gourmand en énergie, on agit sur son porte-monnaie et pour la planète.

Autre exemple, grâce à un véhicule électrique et à la pratique de l’éco-conduite, un artisan taxi a économisé 600€ de carburant par mois !

Entre 2019 et 2021, 6,2M€ ont été fléchés à destination des CMA (formations, etc.).

Qu’attendez-vous des artisans ?

Ils peuvent être acteurs à travers leur activité même (en amoindrissant son impact environnemental) et en contribuant à la réussite de la transition énergétique avec les professionnels de leur secteur.

Nous avons besoin de "locomotives" dans chaque profession !

Pour ceux qui cherchent de la main-d’œuvre, j’ajouterais que c’est un axe à mettre en avant car les jeunes sont de plus en plus vigilants sur ces questions.

Quelles réglementations importantes futures vont impacter les artisans ?

La France est en contentieux avec l’Union européenne quant à la pollution de l’air ; la mobilité est un défi essentiel et nous pouvons les guider et les aider (électrification des flottes, recours au gaz vert qui a l’avantage d’être made in France…).

Au 1er janvier 2023, il sera obligatoire de trier les biodéchets. Le décret dit "décret tertiaire" impose une réduction de la consommation énergétique du parc tertiaire français (de plus de 1.000m²).

Déjà en place, je rappelle que la RE 2020 implique de se former pour travailler de nouvelles matières, etc.

Enfin, j’ajouterais que le solaire à usage domestique est un chantier qui est encore devant nous ; le solaire thermique fonctionne très bien, mais peu d’artisans sont aujourd’hui capables de le mettre en œuvre.

www.ademe.fr et agences sur tout le territoire

Biographie

  • 2000 : Diplômé d’un DEA en sciences juridiques de la mer.
  • 2004 : Nomination à l’Agence européenne de sécurité maritime (EMSA), en charge de la protection de l’environnement marin et des questions liées aux changements climatiques.
  • 2012 : Élu député de la cinquième circonscription des Français établis hors de France (péninsule ibérique, Monaco, Andorre).
  • 2016 : Adoption de la loi Leroy sur l’économie bleue.
  • 2017 : Porte-parole du candidat Emmanuel Macron sur les sujets de transition écologique.
  • 2018 : Nommé Président du Conseil d’administration de l’Ademe.
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