Interview

Christophe Thomas : l'apprentissage avant tout

Le 09/11/2015
par Le Monde des Artisans
Artisan boucher en Gironde, Christophe Thomas est lauréat du premier Prix du maître d’apprentissage, catégorie Valorisation de la mixité (co-organisé par l'APCMA et la MNRA).
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Christophe Thomas : "J’ai déjà accueilli trois apprentis simultanément."

Le Monde des Artisans : en quoi consiste votre activité ?

Christophe Thomas : En 1999, j’ai repris l’entreprise de boucherie créée par mon grand-père et développée par mon père en choisissant de conserver uniquement l’activité sur les marchés de plein air. J’ai fait construire sur mon terrain un laboratoire de découpe et de stockage, déjà agrandi deux fois. J’ai deux camions, des "boutiques roulantes", qui tournent sur les marchés dans la périphérie de Bordeaux, le bassin d’Arcachon et le Médoc.

LMA : Est-ce que former des apprentis a toujours été une évidence pour vous ?

C. T. : Absolument. Mon grand-père et mon père le faisaient, j’ai eu mon premier apprenti en 2002. Depuis le 1er septembre, j’ai embauché l’une de mes apprenties en CDI et j’en accueille un nouveau, un garçon de 17 ans qui vient d’avoir son CAP. Les jeunes nous apportent du sang neuf, un autre regard sur le travail qui permet de nous remettre en question et de casser la monotonie. Nous devons continuellement nous maintenir à niveau.

LMA : Comment appréhendez-vous votre rôle de maître d’apprentissage ?

C. T. : Je veux fournir à mes apprentis un trousseau complet de compétences. Je travaille comme mon grand-père et mon père le faisaient, dans la pure tradition artisanale. Chez nous, les jeunes apprennent aussi bien à apprécier les qualités d’une bête qu’à la découper et à la vendre. Nous faisons le travail de A à Z. Les apprentis qui nous quittent n’ont aucune peine à se faire embaucher. Être formé chez nous est un véritable gage de qualité. En contrepartie, les apprentis doivent être motivés, rigoureux, appliquer des règles très strictes tant sur les méthodes de travail que l’hygiène.

LMA : Pourquoi avoir postulé pour le prix dans la catégorie Valorisation de la mixité ?

C. T. : Parce que former des jeunes filles était une gageure pour moi, dans un milieu essentiellement masculin. J’ai eu trois apprenties féminines, dont ma dernière recrue en CDI. Je voulais me prouver que je pouvais en faire de très bons bouchers et montrer à mon équipe que des filles pouvaient accomplir le même travail qu’eux. Avec elles, j’ai travaillé plus la technique que la force. Elles se révèlent très douées pour les préparations bouchères. Plus largement, je suis très heureux d’avoir reçu ce prix, ça me conforte dans mon travail.

 

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