Transmission de savoir-faire

Liza Bergara : la 7e génération bien formée grâce au dispositif Maître d’arts-Élèves

Le 01/02/2024
par Véronique De Freitas
Liza Bergara a repris, en 2019, l’entreprise familiale Makhila Ainciart Bergara qui fabrique des bâtons de marche traditionnels basques à Larressore (Pyrénées-Atlantiques). Elle a bénéficié du dispositif Maîtres d’art-Élèves pour compléter sa formation et perpétuer la transmission de savoir-faire rares. Rencontre.
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Liza Bergara dans son atelier. Au premier plan, les fameux makhilas.

Le Monde des artisans : retracez-nous l’origine de votre entreprise.

Les premières traces dans les archives datent de 1780, elles évoquent mon aïeul Gratien Ainciart comme fabricant de makhilas. La Maison Ainciart bénéficiait d’une excellente réputation.

L’entreprise porte les deux noms depuis le mariage de Marie-Jeanne Ainciart et Jean Bergara. Nous conservons cette mémoire en préférant un développement artisanal. Il y a deux ans d’attente pour recevoir un makhila…

Le Monde des artisans : comment sont conçus vos makhilas ?

Ils requièrent plusieurs matières brutes.

Pour le bois, nous possédons une pépinière de néfliers. Vingt ans sont nécessaires entre le premier bourgeon et l’arrivée à maturation de la matière dans le grenier.

Nous travaillons aussi le métal – laiton, maillechort et argent pour la virole et le pommeau – et le cuir de chevreau, provenant d’une tannerie locale, pour la poignée ou la dragonne.

"Nous perpétuons fidèlement les savoirs de nos pairs. Aucune standardisation, chaque makhila est unique."

Les matières sont sélectionnées en fonction du destinataire. Nous inscrivons son nom, une devise, un ornement propre. L’objet est le reflet de notre âme : la transmission de génération en génération.

Le Monde des artisans : c’est ce qui vous a amenée à solliciter le dispositif Maître d’arts-Élèves ?

Je me suis formée à la gravure mais je manquais de compétences sur les autres techniques. J’avais à cœur de valoriser Xavier Retegui, qui officie à l’atelier depuis 30 ans et a tout appris de mon grand-père.

Après un premier refus, j’ai redéposé un dossier à l’Inma (Institut national des métiers d’art) en 2019 qui a été accepté. Nous avons ainsi bénéficié d’un accompagnement pour moderniser l’entreprise, d’une allocation, de formation et même de la publication d’un livre sur l’histoire de notre famille. Une aubaine !

Le Monde des artisans : quel a été le processus de transmission des savoirs ?

La fabrication d’un makhila est un cheminement. Méthodiques, nous avons construit un tableau listant tous les savoir-faire où une couleur indiquait le savoir "non transmis", "en cours" ou "acquis".

Xavier est très pédagogue. La première année était consacrée au métal, mes connaissances plus étendues évitaient de me décourager, la deuxième au cuir, et la troisième au bois. Les séries de gestes étaient décomposées pour être reproduites des milliers de fois. Le dispositif amorce la transmission, elle s’effectue bien sûr au-delà.

Plus d’infos : makhila.com - Page Facebook 

Le dispositif Maître d’arts-Élèves

Créé en 1994 et inspiré des "Trésors nationaux vivants" du Japon, ce dispositif contribue à préserver des savoir-faire rares en les transmettant, au cœur des ateliers, lorsque la formation en la matière est inexistante par ailleurs. Pendant trois ans, le Maître d’art forme l’Élève, conventionné par l’Inma (allocation annuelle, suivi pédagogique…). Conditions : élaborer un programme de transmission cohérent, construit conjointement, et proposer le projet professionnel et économique que l’Élève souhaite concrétiser à son issue. L’appel à candidatures pour la promotion 2025 débutera fin 2024.

Plus d’infos : www.institut-metiersdart.org - www.maitredart.fr

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