Élections dans les CMA

Michel Cibois : "Fiers d’être Artisans" réaffirme l'enjeu de la proximité

Le 27/09/2021
par Propos recueillis par Julie Clessienne
Depuis 1999, les listes "Fiers d’être Artisans" se veulent l’alternative interprofessionnelle face à celles de l’Union des entreprises de proximité (U2P). Lors des élections dans les CMA, du 1er au 14 octobre prochain, le collectif sera représenté, pour la première fois, dans toutes les régions de France (soit 3.325 candidats). Et espère conforter la percée réalisée lors du dernier scrutin, en 2016. Michel Cibois, son président national, nous présente son programme imprégné de la notion de "proximité".
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Emmanuel Macron a présenté lui-même les mesures du futur Plan Indépendants il y a quelques jours. En tant que président de "Fiers d’être Artisans", vous satisfait-il ?

Nous avons regardé ce plan en détail. Nous y avons vu quelques bonnes mesures, réclamées depuis un certain temps pour les entreprises artisanales, comme celle sur la fiscalité de la transmission d’entreprise et la modulation des cotisations en temps réel.

Après, cela reste des annonces, comme d’autres ont été faites en leur temps… Il faudra regarder sa mise en œuvre dans la pratique de tous les jours.

Vous représentez depuis plusieurs années ce collectif "Fiers d’être Artisans" qui, pour la première fois, présente des listes dans toutes les régions de France aux prochaines élections dans les CMA…

Cela fait longtemps que cette association d’organisations professionnelles et d’artisans indépendants se présente aux élections des CMA. J’ai moi-même été élu en 2005 en tant que président de la CMA d’Eure-et-Loir sous la bannière "Artisans de notre avenir" (l’ancienne appellation, NDLR).

"Aujourd’hui, le fait d’être présents dans toutes les régions de France est déjà une vraie victoire."

Nous avons réussi à présenter des listes porteuses d’un projet pour leur région, dans tout le pays, malgré les nouvelles modalités de scrutin qui imposent des listes de 35 élus dans tous les départements qui composent une région.

Quels sont votre projet et vos priorités pour les artisans et commerçants ?

Notre projet est très axé sur les services de proximité au plus près des artisans car la régionalisation du réseau des CMA décide d’une politique unique dans tout le territoire. Il faut que l’on puisse écouter les artisans qui peuvent être ruraux, urbains, littoraux, montagnards… et adapter nos actions en conséquence.

Ensuite, nous portons six axes parmi lesquels : promouvoir et renforcer l’identité artisanale, soutenir les valeurs de l’entreprise artisanale, simplifier le "quotidien" des entrepreneurs de l’artisanat…

"L’entreprise artisanale a beaucoup évolué dernièrement. Il faut aider les artisans à se développer, à pérenniser leur entreprise pour qu’ils puissent accueillir des apprentis et des salariés par exemple."

La crise a aussi mis en avant le besoin d’accompagnement des entreprises dans la transformation économique, la formation, la compétitivité et le numérique. L’idée étant qu’elles puissent s’ouvrir au monde extérieur et aller plus loin qu’au bout de leur rue, qu’elles restent un acteur majeur de l’économie.

Il faut également des moyens humains pour aller à la rencontre des artisans dans les ateliers, les magasins, sur les chantiers… Ils ne peuvent pas forcément toujours se déplacer dans leur CMA donc c’est à elle d’aller vers eux.

Il y a d’ailleurs des initiatives intéressantes qui ont déjà été portées par des présidents de CMA Fiers d’être Artisans comme des bus qui se rendent sur les marchés, foires et Salons, dans des territoires ruraux principalement…

Enfin, même si la loi Notre (Loi portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République, NDLR), nous a obligés à nous réorganiser, il faut travailler encore plus étroitement avec les conseils départementaux et régionaux (car ils gardent des prérogatives sur l’agricole et les produits, le tourisme…), les EPCI (établissements publics de coopération intercommunale, NDLR), qui ont la compétence économique…

Et, dans une région, il y a plusieurs EPCI au sein d’un même département donc il faut s’y adapter en proximité ! Voilà pourquoi on défend cette proximité plus que tout.

Il faut également veiller à ce qu’il y ait une concurrence saine et loyale – "même droits, même devoirs", comme je l’ai souvent répété – entre les entreprises, quel que soit leur statut.

Qu’est-ce qui différencie votre programme de celui porté par l’U2P ?

Dans le collectif Fiers d’être artisans, nous n’étions pas pour la régionalisation, portée par nos opposants, notamment dans les très grandes régions à 12 ou 13 départements !

"Cette centralisation du pouvoir en région déconnecte les artisans de leur CMA départementale qui n’a plus d’existence juridique officielle depuis le 1er janvier 2021."

Notre ambition première est de remettre la proximité au cœur du débat pour que les artisans, qui y sont très attachés, puissent avoir des élus, des administrateurs, des administratifs, du personnel… au plus près de leurs besoins, et ce quel que soit leur territoire.

Vous êtes élu depuis 21 ans à la CMA d’Eure-et-Loir, à sa tête depuis 16 ans… Vous savez que les chiffres de la participation sont habituellement bas. Comment convaincre les artisans d’aller voter ? Les impliquer davantage ?

Grâce à tout ce que je vous ai dit auparavant ! Plus nous éloignons les gens du centre de la décision, moins ils participent. Nous le voyons bien avec les chiffres des participations des élections européennes comparés à ceux des élections municipales !

Nos élus sont des élus de proximité, à l’écoute des artisans. C’est pourquoi ils s’engagent tous à aller sur le terrain, durant leur mandat, pour faire remonter les besoins et les spécificités de tous les territoires. C’est comme cela qu’on arrivera à faire augmenter la participation à terme.

Depuis plusieurs années, les CMA sont sous pression financière. Les plans se succèdent entraînant des réductions des ressources, la suppression ou le transfert de certains services… Comment faire pour revitaliser le réseau des CMA ?

Le réseau des CMA doit continuer d’exister tel qu’il est. Il a bien sûr évolué, tout comme l’Artisanat en général.

Nous ne sommes plus seuls dans notre coin, il faut travailler avec d’autres institutions pour faire des actions communes. Préfectures, services de l’État, communautés de communes et d’agglomérations, syndicats professionnels…, tous ces organismes œuvrent en faveur de l’entrepreneuriat et de l’action économique.

Aujourd’hui, plus personne ne peut faire les choses tout seul. Il faut regrouper tous ces gens autour de la table et avancer ensemble sur les problématiques qui touchent l’Artisanat.

Et une fusion avec le réseau des CCI est toujours tout à fait exclue pour vous ?

J’étais à Niort au début de la mandature qui se termine. Tous les présidents de CMA présents avaient pris une motion à l’unanimité, portée par notre regretté Bernard Stalter (alors président de CMA France, décédé des suites de la Covid en avril 2020), qui affirmait qu’ils tenaient à l’indépendance du réseau.

"C’est un sujet qui ressort régulièrement mais ça n’a jamais été un argument de campagne pour Fiers d’être Artisans."

Le réseau des CMA est ce qu’il est, il doit se maintenir. Mais cela n’empêche pas de travailler avec les CCI, tout comme avec les chambres d’agriculture d’ailleurs car, aujourd’hui, beaucoup d’agriculteurs transforment la matière et sont donc devenus artisans.

Ce sont des partenaires importants avec qui l’on se doit d’avancer main dans la main. Et ce ne sont pas les seuls acteurs économiques locaux avec lesquels les CMA doivent avancer : les EPCI, les communautés de communes, les clubs d’entrepreneurs… sont quelques exemples.

>> Vous souhaitez prendre connaissance de l'ensemble du programme du collectif "Fiers d'être Artisans" ? Suivez ce lien.

Qui sont les candidats "Fiers d’être Artisans" ?

Le collectif Fiers d’être Artisans est conduit et soutenu conjointement par la Fédération française du bâtiment (FFB), la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), le Conseil national des professions de l'automobile (CNPA), le Conseil national des entreprises de coiffure (CNEC), la Fédération des entreprises de propreté et services associés (FEP), l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) et la Fédération française des intégrateurs électriciens (FFIE).

"Je ne pourrais pas toutes les nommer mais, sur les territoires, de nombreuses autres organisations professionnelles, des artisans indépendants, passionnés, acteurs locaux… soutiennent et se sont engagées volontairement dans les listes départementales", précise Michel Cibois.

En 2016, leurs listes avaient remporté 28 CMA, soit 35% du total (contre 17% en 2010) et avaient réalisé ainsi une forte percée lors des élections aux CMA.

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