Muriel Pénicaud appelle à une "révolution copernicienne"
Apprentissage et formation professionnelle : rarement ces sujets, clefs de voûte de l'artisanat, auront autant été sur le devant de la scène. Il y a quelques semaines en effet, le gouvernement a commencé à plancher sur la réforme visant à moderniser et renforcer l'apprentissage. Le réseau des chambres de métiers et de l'artisanat (CMA) a alors apporté sa pierre à l'édifice, en diffusant sept propositions pour une réforme ambitieuse de l'artisanat.
A l'occasion de son assemblée générale, ce mercredi 6 décembre, le président de l'Assemblée permanente des chambres de métiers et de l'artisanat (APCMA), Bernard Stalter, a remis à la ministre du Travail Muriel Pénicaud un livre blanc, détaillant ces sept propositions, "concrètes, opérationnelles et innovantes".
Une réforme "fondamentale"
En guise de propos liminaire, la ministre du Travail a évoqué le succès de la réforme du Code du Travail. "C'est la première fois qu'elle met au coeur le sujet des petites entreprises", a-t-elle ainsi argumenté, saluant l'instauration d'un "vrai dialogue dynamique" avec les partenaires sociaux. "Plus de confiance : c'est le message que je reçois", s'est enthousiasmée la ministre, soucieuse de "lever les freins à l'embauche".
"Nous partageons la même ambition que les réformes de l'apprentissage et de la formation professionnelle sont fondamentales", a souligné Muriel Pénicaud. Face à la digitalisation galopante des métiers, "la formation professionnelle devient stratégique pour les entreprises comme pour les individus", a-t-elle averti. "Si nous pouvons accompagner ces mutations, ce sont des opportunités qui s'ouvrent à tous".
Freiner le chômage de masse
A ce titre, l'Etat compte investir 15 milliards d'euros dans un vaste Plan d'investissement pour le développement des compétences. Objectif : mettre fin au manque de formations efficaces, qui alimentent le chômage de masse. "Parmi les personnes non qualifiées, le taux de chômage s'élève à plus de 18%", s'est ainsi alarmée la ministre du Travail.
Porte d'entrée vers le monde du travail, l'apprentissage s'est imposé en Europe comme un remède au chômage, a rappelé Muriel Pénicaud. "Des pays comme la Suisse ou l'Allemagne, où il y a de 15 à 30 % de jeunes qui se forment par l'apprentissage, ne connaissent pas de forts taux de chômage chez les jeunes : cette correlation a un sens !"
L'apprentissage, facteur de liberté
La ministre du Travail en est convaincue : l'apprentissage et la formation peuvent repousser les murs. "Se former, développer ses compétences, c'est choisir son avenir plutôt que le subir", a-t-elle imagé. Mais elle n'est pas seule à assurer son soutien : "vous avez l'entier engagement du gouvernement : nous sommes tous résolus à considérer que l'apprentissage doit être une voie d'excellence".
En concertation avec Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education, et Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Muriel Pénicaud entend "lever la peur" de se lancer dans l'apprentissage, en créant et consolidant les passerelles entre l'enseignement général et les filières d'apprentissage. Les ministres envisagent en outre de publier les résultats des CFA, demande formulée par l'APCMA dans sa proposition n°3 ("afficher systématiquement les taux d'insertion dans l'emploi, les débouchés et les niveaux de rémunération de l'ensemble des titres et diplômes inscrits au répertoire national de la certification professionnelle").
Valoriser le statut du maître d'apprentissage, répartir plus justement la taxe d'apprentissage, créer une rémunération minimale pour les apprentis et inciter à la mobilité, assouplir les conditions d'accès à l'apprentissage, sont autant de priorités figurant au calendrier du gouvernement.
Stopper le "gâchis humain"
Aujourd'hui, 1,3 million de jeunes sont sans emploi ou sans formation, "un gâchis humain et un risque pour la cohésion sociale", a prévenu Muriel Pénicaud, qui appelle à une "révolution copernicienne". Dans cette dynamique, "les petites entreprises jouent le jeu", a-t-elle reconnu, citant les chiffres de l'année 2016 : "55 % des nouveaux contrats ont été signés dans des entreprises de moins de onze salariés".
"Nous avons besoin de nous réciproquement, au bénéfice des jeunes, de leur avenir, de celui de vos entreprises, de la relève des artisans et du pays. Je sais que vous êtes conscients de cette responsabilité", a conclu la ministre du Travail.
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