Réglementation

RE2020 : les professionnels du bâtiment sont prudents

Le 30/11/2020
par Cécile Vicini
Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, et Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique chargée du Logement, ont présenté le 24 novembre dernier, les grandes lignes de la RE2020 (Réglementation environnementale 2020). Elle concernera les constructions neuves à partir de l’été 2021. Une projection environnementale idéale sur le papier, mais mitigée sur le terrain.
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Un calendrier bousculé en raison de la Covid-19

Comme bon nombre de mesures (DPE, RGE, etc.), la RE2020 n’échappe pas à la règle.

Initialement prévue pour le 1er janvier prochain, c’est finalement à l’été 2021 qu’elle devra être appliquée par les professionnels du bâtiment.

Ces derniers, dont l’activité a été perturbée par le premier confinement, n’ont pas eu le temps nécessaire pour s’organiser.

Un timing mal calibré selon les professionnels du secteur. En effet, l’UNFSA (Union nationale des syndicats français d’architecture), premier syndicat de la profession, attire l’attention sur le fait que les permis de construire déposés en juillet 2020 sont en cours d’étude. Cela, alors même que la réglementation n’est pas encore entrée en vigueur et que son application dans le temps n’est pas encore véritablement fixée.

Sur son site Internet, la CAPEB (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) se dit satisfaite de ce report et ce, en raison de la complexité du contexte pour les chefs d’entreprise. 

Quels sont les objectifs de cette réglementation ?

Ils sont multiples et tous répondent aux préoccupations liées au changement climatique :

→ Diminuer l’impact carbone produit par les bâtiments

Sur ce plan, l’ensemble des émissions du bâtiment sont prises en compte et ce, dès les premières étapes de la construction. Les solutions qui valorisent une faible émission de gaz à effet de serre (ou qui permettent de les stocker comme les matériaux biosourcés), devront être mises en avant par les entreprises.

Les sources d’énergie dites « décarbonées », qui remplacent petit à petit les énergies primaires émettrices de gaz à effet de serre, devront être valorisées par les professionnels de la construction auprès de leurs clients.

→ Continuer l’amélioration de leur performance énergétique

La RE2020 dépassera la portée de la réglementation actuelle, notamment sur le point de l’isolation (quel que soit le mode de chauffage) avec le renfort de l’indicateur « Bbio » (besoin bioclimatique).

→ Assurer la fraîcheur des bâtiments pendant les épisodes caniculaires

Pour l’atteinte de cet objectif, les modes de construction des bâtiments devront mieux faire face aux épisodes caniculaires : ces derniers étant plus fréquents.

Quels sont les points contestés ?

L’UNFSA regrette certains points de cette réglementation, notamment sur les aspects suivants :

  • Le libre choix aux concepteurs sur les matériaux pour l’atteinte des objectifs environnementaux.
  • La non-prise en compte de certaines de leurs propositions sur le confort estival afin de faire face aux épisodes caniculaires (un quota de logements traversants, une hauteur minimale sous plafond pour faire installer des brasseurs d’air ou la pose d’occultations pour les façades exposées au soleil).
  • La valorisation de l’électricité au détriment du chauffage au gaz, ce qui peut rendre difficile la réversibilité.
  • L’'arbitrage pour l'analyse du cycle de vie dynamique du bâtiment : la méthodologie n’est pas encore définie, ce qui pose problème pour les représentants du syndicat. De nouveaux tests sont ainsi réclamés par ces derniers.

De son côté, la FFB, (Fédération française du bâtiment) se félicite d’avoir été entendue sur la progressivité de l’exigence carbone prévue par cette réglementation. Cependant, selon l’organisation, les délais annoncés ne permettent pas à la filière de s’adapter aux objectifs

Enfin, de manière générale, les architectes réclament l’élargissement du champ d’action de la nouvelle réglementation sur la rénovation des bâtiments déjà construits.

En effet, c’est principalement sur ce point que se situe la majorité des économies à faire sur l’impact carbone.

Où en sont les négociations ? 

Lundi 7 décembre, les représentants de la CAPEB publient un communiqué de presse dans lequel il est demandé que des études d’impacts économique et technique soient réalisées afin de justifier les dernières annonces avancées par le Gouvernement, à savoir : 

→ La mise à l'écart des solutions énergétiques (comme notamment la construction en pierre)

→ La mise à l'écart de certains équipements hybrides qui présentent pourtant de réels atouts.

Jean-Christophe Repon, Président de la CAPEB, dénonce la position du Gouvernement qui restreint les énergies utilisables pour mettre en avant un seul type de matériau, et ce, sans prendre en compte les positions des principaux acteurs du secteur.

>> Pour aller plus loin sur le sujet, vous pouvez consulter le site Internet du ministère de l’Écologie.

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