Pressing

Une mutation tous azimuts

Le 21/03/2018
par Samira Hamiche
Métier de proximité, le pressing regroupe en France 2 500 artisans et 10 000 salariés. Malgré les difficultés qui touchent le secteur, la branche résiste, notamment à la faveur de l’innovation. Tour d’horizon avec Olivier Risse, président de la Fédération française des pressings et blanchisseries (FFPB).
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Olivier Risse, président de la FFPB.

Les vêtements qui défilent sur les rails, l’odeur du fer à repasser… Associé à la proximité et à l’entretien minutieux des beaux vêtements, le pressing "parle" à tout le monde. Économiquement, la branche "est en récession depuis très longtemps", pose Olivier Risse. La faute, d’abord, à "un effet de mode" : "On ne s’habille plus en costume, mais en sportswear, en vêtements décontractés qui demandent moins de soin". Mais aussi, plus globalement, aux changements de mode de consommation, qui ne jouent pas en faveur de l’entretien des vêtements : "En trente ans sont apparus 25 % de nouveaux postes de dépenses-contraintes dans les ménages : électronique, téléphonie, Internet…".  Loin de pratiquer des prix élitistes, les pressings sont pourtant associés à des prestations trop coûteuses, "qu’il faut pouvoir se permettre". Les articles ont eux aussi changé : "On a quasiment perdu le vêtement féminin". Chez l’homme, seule la chemise subsiste et est même devenue un "élément fondamental". Les entreprises, "qui ont l’obligation de fournir des tenues de travail et d’en assumer le coût d’entretien" constituent une bonne partie de la clientèle.

"C’est un métier pénible, mais où il n’y a pas de difficulté à être reclassé."

Renouveau des dirigeants

Autrefois l’apanage de familles de teinturiers, le pressing connaît un important renouvellement social. Nombre d’artisans à la retraite cherchent "ailleurs" leur repreneur: salarié ou apprenti, cadre en reconversion… "Même s’il existe un CAP, il n’y a pas de diplôme requis pour ouvrir un pressing. De plus, c’est un domaine d’innovation : cela attire beaucoup de gens qui viennent d’autres secteurs." Il existe toutefois une obligation de formation à la manipulation de solvants et machines de nettoyage à sec, à renouveler tous les cinq ans, ainsi que des formations aux techniques spécifiques, qu’encourage la FFPB. Cette dernière travaille aussi à la définition des référentiels techniques du CAP avec l’Éducation nationale.

L'écologie au centre

La fédération développe actuellement un référentiel RSE*, qui permettra de "montrer l’intérêt de la profession pour la question sociétale, qui devient prioritaire". Soucieuse de l’environnement, elle mise sur l’achat groupé d’énergie et a récemment mis au point une housse recyclable en fibres agglomérées, en lieu et place du plastique. En outre, elle lance bientôt une application permettant de déposer et récupérer son linge dans des points de collecte. Puis, une plateforme… Alors, désuet le pressing ?

* Responsabilité sociétale des entreprises.

Interdiction du perchloréthylène

Au 1er janvier 2022, toutes les machines utilisant ce solvant devront avoir disparu des pressings. Pour accompagner les entreprises, la FFPB a obtenu une aide financière de 20 millions d’euros. Malgré tout, depuis 2012, un quart des points de vente (les plus fragiles) auront dû fermer à cause de cette réforme. La FFPB estime à 900 le nombre de machines restant à remplacer.

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