Artisans photographes

Visionnaires dans l'âme

Le 30/11/2016
par Samira Hamiche
Aux quatre coins de la France sont installés 6 000 artisans commerçants photographes, qui exercent leur métier avec passion. Face aux mutations de la photographie, numérique en tête de liste, ils gèrent la métamorphose en se formant et en proposant des services qui les démarquent de la concurrence. Éclairage avec Philippe Paillat, président de la Confédération française de la photographie (CFP).
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Philippe Paillat préside la Confédération française de la photographie, composée du GNPP, qui réunit 27 syndicats régionaux d’artisans photographes, et de la FNP-Gepra, organisation professionnelle issue du regroupement des revendeurs et des entreprises de minilab. En France, la branche représente 2 000 entreprises, qui emploient 8 000 salariés.

Précurseurs du numérique

Argentique contre numérique ? Quel cliché ! Pas question de confronter deux mondes, finalement complémentaires. "Cela fait quinze ans que les photographes ont pris le virage du numérique", sourit Philippe Paillat. Les "pionniers" s’y sont même intéressé dès le début des années 90, notamment pour les besoins de l’imprimerie. Négociée avec brio, cette transition améliore le travail des photographes : simplicité des retouches, gain de temps, de budget...

Aujourd’hui, une grande majorité des artisans photographes maîtrise le développement numérique. Les administrations s’adaptent désormais à cette mutation. "Le déploiement de la dématérialisation, notamment dans les préfectures, a facilité la vie des professionnels comme des particuliers. On peut envoyer une photo d’identité plus facilement aux clients ou aux institutions." Pour rappel, la photo d’identité représente en moyenne 30 % du chiffre d’affaires d’un artisan photographe.

En chair et en web

Corollaire de cette mutation technologique et économique : une vitrine physique est importante, mais elle ne suffit plus. "Il faut aller chercher le client là où il est." Et pour être visible 24 h/24, une présence sur le net et les réseaux sociaux s’impose comme la meilleure stratégie à adopter. "Il faut montrer ce qu’on sait faire, qu’on est proactif, organiser des événements qui attirent les clients."

Basés sur l’image, Facebook et Instagram constituent de bons relais : "il est capital d’aiguiser l’œil du consommateur, en lui montrant de belles photos, reflet de son professionnalisme et de sa marque personnelle", insiste Philippe Paillat. Avec le web, la profession est toutefois confrontée au flou artistique du statut d’auto-entrepreneur. "Il ne faut pas condamner ce système, car il permet à des professionnels de mettre le pied à l’étrier", estime le président de la CFP. "Mais ce régime devrait être limité dans le temps et beaucoup mieux encadré."

Décliner les formats

Pour valoriser leur métier et se démarquer, les artisans photographes diversifient leur offre, en s’inscrivant dans une logique multimédia. "Les appareils photo ont fait d’énormes progrès et désormais, les photographes filment des vidéos d’excellente qualité, pour un prix raisonnable." De plus en plus d’artisans proposent ainsi des prises de vue par drone. Le résultat ? Des clichés et vidéos aux points de vue grandioses, à couper le souffle.

Photos ou encore statuettes 3D…Visionnaires, les photographes forgent leur expertise au quotidien, pour décliner de nouvelles idées. "Les artisans photographes sont très demandeurs de formations. On a ce besoin capital, car nos technologies bougent beaucoup et souvent : prises de vue, logiciels de retouche… Mais aussi de formations à l’animation de réseaux sociaux, à la création de sites." À ce titre, certains adhérents de la CFP dispensent des formations pointues dans les Chambres de métiers et de l’artisanat.

www.cfp-photo.fr

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