Cordonnier multiservice

Le service : la botte secrète du cordonnier

Le 09/03/2017
par Isabelle Flayeux
Au fil du temps, la cordonnerie a évolué pour s’adapter aux attentes du client. De nombreux artisans ont commencé par développer de nouveaux produits avant de devenir des spécialistes du service.
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Dominique Soullard, président de la FFCM.

La métamorphose du métier

Depuis 1945, la Fédération française de la cordonnerie et multiservice (FFCM) regroupe les réparateurs, les cordonniers multiservice, les bottiers et les couseurs inscrits au répertoire des métiers ou des entreprises. Même si la première corporation d’artisans remonte au XIe siècle, il est impossible de dater le début de la cordonnerie. Seule certitude : le métier s’est considérablement transformé. "Initialement, le bottier confectionnait des chaussures sur mesure. Aujourd’hui, le cordonnier ne fait plus que réparer et, au cours des dernières décennies, l’activité a majoritairement évolué vers la cordonnerie multiservice, constate Dominique Soullard, président de la FFCM. L’entreprise s’est adaptée à l’évolution des attentes liée à la notion de commerce de proximité. Rendre service, c’est tout le bienfait d’une affaire artisanale comme la cordonnerie. Cela a également été une opportunité pour passer plus sereinement les périodes de crise."

« L’entreprise s’est adaptée à l’évolution des attentes liée à la notion de commerce de proximité. Rendre service, c’est tout le bienfait d’une affaire artisanale comme la cordonnerie. »

80 % de cordonniers multiservice

Face à une demande grandissante des clients, des artisans se sont lancés dans la reproduction de clés. L’offre de services s’est ensuite élargie. "Sur les 2 600 entreprises artisanales répertoriées nationalement, 80 % sont des cordonneries multiservice qui ne réalisent que très peu de cordonnerie et beaucoup de travaux à côté." Simples et rapides, les services assurés ne nécessitent pas de connaissances spécifiques du métier de cordonnier. "Le métier, comme le secteur de la cordonnerie multiservice, fait partie des exceptions propres à l’artisanat. Les professionnels ayant suivi une formation initiale ne sont pas protégés dans le sens où des jeunes et des adultes non diplômés peuvent s’installer sans réelles compétences techniques, pratiques. C’est le principe de la liberté d’entreprendre." L’essor des galeries commerciales en périphérie des villes a accéléré le phénomène et favorisé l’installation de ces nouvelles enseignes pour des raisons à la fois stratégiques et économiques.

Des clés pour durer

Des centres de formation d’apprentis, des lycées professionnels et l’Afpa permettent d’accéder au métier ou de développer ses compétences. Installé dans la maison des Compagnons du devoir de Pantin, le Pôle d’excellence des matériaux souples (Pems) est à la fois un lieu de rencontre, de formation et d’innovation dédié aux métiers et savoir-faire de la cordonnerie, de la maroquinerie, de la tapisserie et de la sellerie. Pour garantir une qualité de prestations et de service, perpétuer les gestes et l’attrait du métier, la FFCM met régulièrement en place des formations destinées à l’ensemble des chefs d’entreprise. Aujourd’hui, la cordonnerie multiservice est une activité globalement épargnée dont la principale fragilité est "la chaussure à moindre coût de fabrication car le montant de la réparation peut s’avérer supérieur au prix d’achat". Selon la fédération, la meilleure manière d’innover et de se démarquer face à la concurrence est d’entretenir "le souci constant de la qualité et le sens de l’écoute du client".

www.cordonnerie.org

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