Territoires

L'inclusion numérique comme clef de cohésion

Le 01/08/2018
par Samira Hamiche
Le Conseil national des villes (CNV) a présenté le 25 juillet dernier le bilan de son rapport sur l'inclusion numérique en France. A cette occasion, l'institution consultative a dégagé plusieurs pistes et clefs pour développer l'accès et l'éducation aux nouveaux outils et médias digitaux.
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Mounir Mahjoubi CNVParis, le 26 juillet 2018. Les représentants du Conseil national des Villes (CNV) remettent leur avis sur l'inclusion numérique à Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé du Numérique.

Le Conseil national des villes (CNV) a officiellement présenté son avis sur l'inclusion et le développement numérique le 25 juillet dernier, dans le cadre d'une rencontre avec le secrétaire d'Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi. L'institution avait été mandatée en octobre 2017 par le ministre de la Cohésion des Territoires, Jacques Mézard, pour établir un état des lieux visant à réduire la fracture numérique. 

Composé de 64 membres répartis en quatre collèges, le CNV est une instance nationale consultative placée sous l'égide du Premier ministre. Par ses propositions, ses avis et recommandations, elle concourt à la conception de la politique de la Ville. Depuis 2015, le CNV est également chargés de suivre les mesures prises en matière de lutte contre les discriminations. 

"Ne pas exclure la question humaine" 

Même constat en banlieue et dans les zones rurales : qu'on soit dans la Creuse ou en Ile-de-France, le numérique reste une clef pour décloisonner les habitants et stimuler l'économie. Une façon aussi de "rétablir l'égalité républicaine", a insisté le vice-président du CNV, Patrick Braouezec.

"L'accès aux services numériques est crucial au moment où la dématérialisation s’impose", a-t-il introduit, rappelant des chiffres inquiétants : "en France, 40 % de la population déclare ne pas être à l’aise avec le numérique, et 13 millions de personnes en sont exclues..."

"On ne peut pas parler d’inclusion numérique sans parler d’inclusion sociale", a-t-il toutefois prévenu. Le Conseil national des villes insiste : la digitalisation des services "ne doit pas évacuer la question du contact humain". "Le service public ne peut pas se résumer à une informatisation complète", a rappelé Patrick Braouezec.

La pédagogie, un préalable 

Assurer la connection à Internet, à une liaison téléphonique de qualité, développer les réseaux et référents... Autant de chantiers pour le secrétariat d'Etat au Numérique.

Pour imposer ce "droit commun opposable au numérique", l'Etat doit accompagner l'accès à la connection de "passeports", c'est-à-dire d'actions didactiques, mais aussi de moyens d'effectuer plus simplement ses démarches (certificat numérique unique pour les démarches administratives). Il s'agira également de former les médiateurs sociaux, mais aussi tout personnel administratif, à aiguiller les personnes les plus éloignées du numérique vers les bons interlocuteurs, voire à les aider directement à effectuer leurs démarches. Le CNV invite par ailleurs les mairies à inclure un volet numérique détaillé dans leurs contrats de ville. 

De nombreuses pistes ont été dégagées par chacun des quatre collèges du CNV. Globalement, l'instance propose de s'organiser selon quatre axes :

  • organiser accompagner la transition numérique 
  • financer
  • définir les publics prioritaires
  • accueillir pour renforcer les liens de proximité.

Appel à projets en vue

Attentif à l'avis du CNV, le secrétaire d'Etat au Numérique Mounir Mahjoubi a rappelé que le gouvernement mettait un point d'orgue à accompagner les administrés les moins à l'aise avec le numérique. L'Etat formera les agents des guichets existants (banques, administrations, etc...) pour mieux aider tous les publics : "si certains ont besoin d’être formés aux outils numériques, d’autres maîtrisent parfaitement le numérique mais sont perdus dans les formalités administratives".

Un appel à projets doté de 5 millions d’euros sera en outre lancé à la rentrée auprès des collectivités. Il mettra en lumière une dizaine de structures, qui seront chargées de la coordination des acteurs publics et privés de l’inclusion numérique. Les bénéficiaires des formations disposeront d’un "pass numérique" qui leur donnera droit à se former dans les structures labellisées.

A noter que cette méthode est actuellement à l'essai en Aquitaine, Hauts-de-France et Centre-Val de Loire.

Présentation du Conseil national des Villes

Rapport 2017 du Conseil national des Villes

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